Catholique fervente mais discrète, Natuzza Evolo est née le 23 août 1924 à Paravati (Calabre, diocèse de Cosenza), l’aînée d’une famille extrêmement modeste. Son père, privé de ressources, se fut contraint d’émigrer en Argentine. Le père de saint Padre Pio fit de même ! Sa mère se prostitua pour nourrir ses enfants.
Ses charismes exceptionnels apparaissent tôt : saint François de Paul lui apparaît en vision en 1932 et elle a sa première bilocation vers 1935 (elle se retrouve en un instant au domicile argentin de son père). En juin 1939, elle « voit » pour la première fois des « défunts » autour d’elle.
Aussi son désir de devenir religieuse est-il contrarié, car il est compliqué de concilier expériences mystiques permanentes et régularité monastique, contrairement à ce que l’on pense souvent. La jeune femme veut donner sa vie au Seigneur. Elle épouse Pasquale Nicolace qui lui a donné cinq enfants. Pour elle, le mariage constitue une des vocations chrétiennes parmi les plus élevées.
La quantité et la variété des phénomènes qu’elle vit est impressionnante. Natuzza est d’abord une « voyante », au sens mystique du terme : le Christ, la Vierge, les saints, les morts se manifestent à elle dans le cadre d’expériences visuelles intenses ;
- Le Christ et la Vierge Marie lui apparaissent depuis le Vendredi Saint de 1964, puis à des dates successives, jusque dans les années 1990, notamment pendant le Carême et les vendredis (Marinelli, 1998, II, p. 80-88) ;
- Les saints : nombreux et variés, ils sont de toutes les « époques » humaines ;
- Les morts : ce type de faits pourrait inquiéter ! En réalité, chez Natuzza, on ne trouve aucun penchant ni goût pour l’occultisme ! Ce phénomène n’est jamais recherché par elle, mais il s’impose à sa conscience, presque chaque jour entre 1939 et la fin des années 50 ! Il s’est développé à la suite d’un jeûne complet de quarante jours ; il a peu à peu diminué avant de disparaître en 1960.
Certains crurent bon de parler « médiumnité à incorporation » dans ce cas, puisque Natuzza tombait dans une sorte de profonde léthargie quand elle voyait les morts ; il arrivait même que ces « êtres » parlent à travers elle en des langues inconnues d’elle et de son entourage (xénoglossie).
Outre les phénomènes que nous venons de décrire, Natuzza a été sujette depuis 1939 aux bilocations, à la manière de bien d’autres mystiques chrétiens, canonisés ou non (Alphonse de Liguori, Padre Pio, Yvonne-Aimée de Malestroit, etc.). Elle ne se sentait pas « en voyage » (François Brune) ni partir « ailleurs ». Elle affirmait se trouver en deux (et parfois en trois) endroits en même temps. De nombreux témoignages, dignes de foi, ont montré le bien-fondé des propos de Natuzza. Il arriva même qu’elle puisse « rapporter » à son domicile des objets trouvés pendant son « dédoublement » mystique (Brune).
Le phénomène le plus insolite chez Natuzza Evolo demeure certainement l’hémographie, apparu pour la première fois en 1938. Régulièrement, du sang perlait en plusieurs endroits de son corps : joues, front, mains, poitrine et genoux. On constatait que ce sang, recueilli par un témoin à l’aide d’un mouchoir ou un linge, formait à la surface du tissu déplié des dessins et inscriptions en divers langues (notamment anciennes : araméen, hébreu, grec, latin) ! Les lettres apparaissaient à l’intérieur des plis du tissu. Il ne s’agissait pas d’une écriture cursive, manuscrite, mais une suite de termes séparés comme des caractères d’imprimerie (Brune). Les thèmes étaient strictement spirituels : prières, psaumes, passages bibliques, etc. Parmi les dessins, fins et nettement distincts, on a recensé des « cœurs sanglants », des croix, des chapelets, des saints portant une auréole, etc. Ce phénomène (rare mais non inconnu) survenait pendant une extase ou une bilocation.
Un témoin oculaire rapporte : « Je remarquai sur sa table un mouchoir plié et maculé de sang que Natuzza venait évidemment d’abandonner là. […] je vis alors que le sang se déplaçait, s’agitait comme du mercure ; je n’arrivais pas à réaliser si le sang se trouvait à l’intérieur ou à l’extérieur, dans ou sur le mouchoir, mais je vis que se formait une hostie avec les lettres IHS et ensuite tout un ostensoir. Je restai abasourdi… » (Marinelli, op. cit. et François Brune, Les Miracles et autres prodiges, p. 95).
On a essayé d’expliquer ces faits - sans y parvenir - par la suggestion, l’hypnose ou la télépathie. On a parlé de cryptomnésie (faculté de comprendre et de parler des langues jamais apprises) et même de sorcellerie !
L’hémographie ressemble dans une certaine mesure à la stigmatisation « figurative » : apparitions sans cause humaine de signes, dessins, mots ou groupe de mots sur la peau d’une personne (par exemple, Marie-Thérèse Noblet). Dans le cas de Natuzza, les linges remplacent l’épiderme.
D’ailleurs Natuzza a également reçu les stigmates (« imitatifs » : les cinq plaies de la Passion du Christ) en 1958, d’où le sang coulait presque sans interruption pendant tous le carême jusqu’au Vendredi Saint. Les blessures se refermaient alors mystérieusement, sans aide.
Elle dialoguait pendant ses extases avec des personnes invisibles aux yeux de son entourage. Les témoignages des prêtres qui l’ont accompagné sont extrêmement impressionnants.
http://aleteia.org/fr/content/natuzza-evolo-est-elle-une-medium-ou-une-sainte