DES ONDES DU CANADA
Le 17 mai 1974
Mon cher Frère,
Comme il me réjouit votre projet de biographie de " mon très cher petit Gilles". Une existence vraiment trop courte n'est-ce pas?
De cela, soyez bien félicité et de même assuré de mes prières et de ma collaboration dans tout le possible.
En fait, j'ai très peu connu cet enfant privilégié de Notre-Dame. Je le rencontrai en novembre 1953 lors d'un voyage en France. Et, ce fut rapide, hélas!
Il y a cependant un aspect de son âme dont je ne puis que parler et dont j'aime témoigner : c'est l'obéissance.
Jamais je ne pourrai l'oublier. Et, quand je me souviens de lui, c'est cette obéissance qui me saute aussitôt à la pensée.
Nous étions donc au 20 novembre et Gilles avait ses neuf ans le 27. Eh bien, pour juger de la vie profonde d'un enfant de cet âge, l'obéissance en est la pierre de touche du meilleur garant.
Gilles était un enfant vedette, et cela pouvait aisément lui tourner la tête, le rendre suffisant, superficiel, trop sûr de lui. Mais chez lui, rien de pareil. Le regard franc, même quelque peu ingénu, d'un naturel charmant, d'une simplicité parfaite. Absolue aussi, son obéissance.
Sans qu'il pût le deviner, je l'observai sur ce point précis.
Or, par deux fois, il m'a vivement édifié.
Ce soir-là, le souper terminé, nous bavardions tout familièrement, tandis que Gilles examinait mes appareils de photographie. Pour un petit bonhomme de cet âge, cela devait l'intéresser extrêmement de regarder de près, de toucher ces instruments de plus en plus perfectionnés et aujourd'hui dans toutes les mains.
A vrai dire ceux-ci représentaient une petite fortune.
Mais son père Gabriel désirait me lire une lettre reçue le matin même et qui annoncait justement les premiers signes de guérison d'un paralysé à 95%. Et cette faveur était attribuée aux prières de notre Gilles.
Ne voulant pas que son fils en écoute la lecture, Monsieur Bouhours lui dit doucement : "Gilles, va donc jouer à la cuisine" ; sur le champ, le gosse laisse tout et se retire. Je ne pouvais en croire mes yeux.
XXX
Un peu plus tard, c'était l'heure du coucher pour les enfants, le papa nous propose de réciter une dizaine de chapelet à la chapelle avec Gilles.
A ce moment, celui-ci et son petit frère Michel, âgé de trois ans, jouaient à la cuisine, s'amusant on ne peut mieux et riant aux éclats.
Monsieur Bouhours dit à Thérèse la grande sœur :" Va un peu chercher Gilles". Thérèse se présente a l'entrée de la cuisine, prononce simplement le nom de l'enfant et de l'index fait un geste d'appel. Et, de nouveau, Gilles arrive sans la moindre hésitation.
Dites-moi donc, combien pouvait m'importer le sérieux spirituel de cette âme!... Aussi, après 21 ans, cette double scène me revient avec une totale netteté, tout comme si c'était hier.
L'emprise de la divine Mère et l'action plus pénétrante encore de l'Esprit-Saint se manifestent en lui d'une façon
incapable, certes, d'induire le moins du monde en erreur.
XXX
Au départ, Madame Bouhours m'avait gratifié d'une image bénie par la Très Sainte Vierge lors d'une apparition à Gilles.
Peu de jours après mon retour au Canada, je rendis visite à une amie d'enfance. Lui parlant de Gilles et lui
montrant l'image, vous le devinez bien, il a fallu la lui céder.
Une voisine que je n'ai pas revue depuis, avait trois garçons couverts d'eczéma , des pieds à la tête.
Plusieurs médecins consultés y perdirent leur latin. Or, mon amie parla de Gilles à cette maman, lui prêta l'image et la décida à commencer une neuvaine à Notre-Dame. Au cours de l'intercession, tous les trois guérirent complètement.
Quelques mois passèrent. L'un des trois présenta des rougeurs au visage.
Le docteur appelé diagnostique quelque affection de nature fort bénigne. Puis, soudain : "Dites, Madame, ce gosse ne souffrait-il pas d'eczéma?..." Mai oui, fait la Mère. - Alors avec quel remède ? " - Retenue à coup sûr par une fausse discrétion, elle répond : " Cela a disparu ". Et ce fut la même réponse pour les deux autres.
Belle occasion ratée. S'il convient souvent de voiler le secret du roi, il importe au contraire de crier sur les toits les bienfaits du Seigneur.
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Voilà, cher Frère. Et toujours bien en union de prières en Saint Dominique et en Marie.
P. Roger Charbonneau O.P.
Monastère des Diminicaines - 2000, rue Girouard (CP 128)
Saint -Hyacinthe - PQ - Canada
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L'ANGE ENVOLE.
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