Fête de la Pentecôte
Textes bibliques : http://missel.free.fr/Annee_A/paques/pentecote.html
Nous voici parvenus à la fête de la Pentecôte. Dans un monde où beaucoup semblent perdre leurs repères chrétiens, il est important que nous retrouvions le sens premier de cette fête. Dans l'esprit de beaucoup de gens, c'est d'abord un "week-end" un peu plus long. Et dans ce cas, on pense plus au lundi de Pentecôte qu'au dimanche. D'autres l'ont associée à une publicité qui n'a rien à voir avec l'événement que nous célébrons en ce jour. Enfin, il y a une grave confusion dans les lieux où des fêtes votives sont organisées. Si on demande à des enfants de dessiner la Pentecôte, ils vont nous montrer des manèges. Tout cela pour nous dire qu'il est urgent de retrouver le sens premier de cette fête.
Bien avant d'être une fête chrétienne, la Pentecôte était une fête juive. Elle existait depuis des siècles. A l'origine païenne, c'était la fête des moissons. Elle était vécue comme un temps de réjouissance par les agriculteurs. Ce n'est que bien plus tard que les juifs en ont changé le sens premier : Cinquante jours après la Pâque (le passage de la mer Rouge), Dieu appelle Moïse sur la montagne et lui donne sa loi. Après avoir été libéré physiquement de l’oppression égyptienne, le peuple est conduit vers une libération spirituelle. Tous les ans, les juifs se rassemblaient pour commémorer ce don de la loi tout en continuant à célébrer la fête des moissons. De toutes les parties du monde, les juifs venaient à Jérusalem pour offrir des gerbes de blé en action de grâce.
Plus tard, le prophète Ezéchiel annoncera une nouvelle étape : Désormais cette loi ne sera plus écrite sur des tables de pierre mais dans un cœur de chair : "Je vous donnerai un cœur nouveau ; je mettrai en vous un esprit nouveau ; j'enlèverai votre cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre esprit ; je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes" (Ez. 36, 26-27)
Cette promesse d'Ezéchiel se réalise 50 jours après la résurrection de Jésus. De nombreux fidèles s'étaient rendus à Jérusalem pour fêter la Pentecôte Juive ; la ville grouillait de monde ; ils étaient venus de partout et de très loin. Certains avaient entendu parler de Jésus mort sur la croix. Mais l'événement de la résurrection n'avait pas été annoncé. Pour eux, la fête de la Pentecôte sera comme celles des années précédentes. Les uns et les autres viennent dans la ville sainte avec la ferveur, la foi et l'enthousiasme d'un pèlerinage pour renouveler l'alliance avec Dieu.
Avec la Pentecôte chrétienne, nous parvenons à une autre étape : la première lecture nous en parle dans un langage très imagé : "Il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent". En général, le vent fait le vide ; il emporte tout sur son passage. Dans le cas présent, il remplit la maison et les apôtres. Il a fallu toute cette tempête pour secouer les esprits figés et délier les langues muettes. Ce jour-là, l'Esprit fait naître l'Eglise avec son perpétuel premier cri : "Jésus est ressuscité ; il est vivant". Ce témoignage transmis par les apôtres a été communiqué de génération en génération. Et c'est de cette bonne nouvelle que nous avons tous à témoigner. C'est en vue de cette mission que l'Esprit Saint nous est donné.
Saint Luc nous parle aussi du feu : "Ils virent apparaître comme des langues de feu qui se partageaient et il s'en posa une sur chacun d'eux." C'est ainsi que l'Esprit Saint vient répandre sur la terre le feu allumé par Jésus. Ce feu c'est celui de l'amour de Dieu et des autres. Les apôtres sont des témoins passionnés, brûlants de cet amour qui est en Dieu. Aujourd'hui comme hier, notre monde a besoin de cette pluie de feu pour l'embraser de ce même amour.
Le livre des Actes des Apôtres nous donne un autre signe : il énumère les douze provinces de l'empire : c'est pour symboliser la mission universelle des apôtres. Ces derniers sont envoyés comme messagers du Christ partout dans le monde. Ils seront appelés à annoncer "les merveilles de Dieu" dans la langue des gens qu'ils vont rencontrer. Ceux qui ont quitté leur pays pour annoncer l'Evangile à l'autre bout du monde ont aussi commencé par apprendre la langue du pays. C'est vrai également pour nous : pour témoigner des merveilles de Dieu, ici et maintenant, il nous faut apprendre la langue du monde, celui de l'ordinateur et des moyens de communications planétaires.
C'est ainsi que, progressivement, nous prenons conscience de la mission qui est la nôtre. L'Eglise est au service de l'Esprit et au service du monde. Elle doit s'enraciner au cœur de toutes les cultures mais ne doit se lier à aucun d'elles, à aucune idéologie ni aucun régime. Nous sommes appelés pour participer à la mission du Christ. Le problème c'est quand l'Eglise cède à l'esprit du monde, quand elle mise sur d'autres forces et d'autres sécurités que celles de l'enracinement dans le Christ. A ce moment-là, elle se fane et devient faible. Elle cesse de témoigner, en particulier quand elle s'accroche au passé.
Nous avons besoin d'un vent violent pour emporter les feuilles mortes. L'Esprit de Dieu est toujours là aujourd'hui. Avec Marie et les apôtres, nous anticipons le rassemblement de toutes les nations qui sont sous le ciel. Nous entrons dans ce grand mouvement d’action de grâce qui fut celui du Christ. Prions ensemble cet Esprit de Dieu : qu’il donne à l’Eglise de notre temps de témoigner de cette vitalité, de cette capacité de rassembler et d’unir dans le respect profond des valeurs de chacun.
D'après diverses sources