1er dimanche de l’Avent B
Nous voici parvenus au début d’une nouvelle année liturgique. C’est un peu comme une page blanche qu’il nous appartiendra de bien remplir. Nous ne savons pas ce que sera cette année, mais les lectures de ce jour nous montrent le but à atteindre. Pour cela, nous revenons à ce que nous dit saint Paul. Son message est très riche et toujours actuel et il nous rejoint dans ce que nous vivons.
Pour comprendre cet extrait de sa lettre aux corinthiens, il y a une image qui pourrait nous aider : c'est celle de la boussole. Pour les navigateurs en mer et les randonneurs, c'est un outil absolument indispensable. Quoi qu'il arrive, elle les aidera à retrouver la bonne direction. Pour Paul, un chrétien c'est un peu comme une boussole. Il est tourné non vers le Nord mais vers l'avenir, vers ce qui est "à venir". Si Saint Paul prend la peine d'écrire aux corinthiens c'est précisément parce qu'ils avaient un peu perdu le nord sur certains points extrêmement importants. Il leur rappelle que ce qui caractérise la vie des chrétiens, c'est l'attente. Ils ne sont pas tournés vers le passé mais vers l'avenir.
En ce dimanche, nous entrons dans le temps de l'Avent. Nous n'oublions pas que ce mot signifie "avènement", venue. C'est le temps où nous redécouvrons toutes les dimensions de la l'attente chrétienne. Nous nous mettons dans la perspective de ce qui est à venir et que Dieu nous promet. Cela suppose que nous soyons dans une attitude d'éveil, toujours attentifs aux signes de la présence de Dieu dans notre vie. Veiller c'est savoir que nous sommes responsables. A nous de ne pas manquer ce rendez-vous avec le Christ. Dans un monde qui croit pouvoir oublier Dieu, l'indifférence nous guette facilement. Le temps de l'Avent nous invite à revenir "au cœur de la foi" et à témoigner des valeurs de l'Evangile dans ce monde qui est le nôtre.
Tout au long de ces quatre semaines, nous nous préparons bien sûr à Noël. Nous sommes invités à commémorer un événement historique, la naissance et la venue du Christ dans notre monde. C'est important de nous le rappeler car à l'occasion de Noël, c'est souvent la seule chose dont on ne parle pas. Nous fêtons l'anniversaire de la naissance de Jésus. Quand un enfant fête son anniversaire, tous ses copains sont là autour de lui. Or c'est tout le contraire qui est en train de se passer avec Jésus. Tout le monde est là pour faire la fête, mais on oublie qu'il est le principal invité ou plutôt que c'est lui qui nous invite. Il est venu réaliser pour notre monde les promesses de Dieu, promesses de salut et de bonheur. C'est d'abord en raison de cette bonne nouvelle que nous nous réjouissons et que nous faisons la fête à Noël.
Mais l'histoire du Salut ne s'arrête pas à la crèche de Bethléem. Nous chrétiens, nous sommes toujours dans le temps de l'attente. Dimanche dernier, nous avons fêté le Christ Roi de l'univers. Par sa mort et sa résurrection, il a vaincu la mort. Son amour a vaincu la haine. Mais son Royaume n'est pas encore pleinement réalisé. Nous le voyons bien tous les jours. Les médias nous parlent de guerres, de conflits, de violences en tous genres. Des pauvres de plus en plus nombreux sont victimes de l'exclusion et de l'indifférence. Le Christ sera pleinement roi lorsque l'amour sera roi en chacun de nous et dans notre monde. A ce moment-là, l'humanité toute entière sera libérée du péché, de l'esclavage et de la mort. D'est de cette espérance que nous sommes porteurs. Même quand le péché, la haine, la violence et le racisme semblent mener le monde, nous sommes sûrs que le mal n'aura pas le dernier mot. Sa défaite est programmée et elle sera définitive.
C'est tout cela et bien plus qui est contenu dans l'épître de saint Paul. Il nous adresse des paroles très fortes qui risquent de passer inaperçues :
"La grâce et la paix soient avec vous de la part de notre Père et de Jésus Christ notre Seigneur." Comprenons bien, ce n'est pas une simple formule de politesse ni un souhait affectueux. Il faut surtout y voir la perspective du projet de Dieu. La grâce, c'est l'attribut même de Dieu. On pourrait traduire par "son amour" qui est don gratuit et présence aimante de Dieu. Etre dans la grâce, c'est être en communion avec Dieu. Le grand projet de Dieu c'est précisément de faire entrer l'humanité dans la communion d'amour de la Trinité.
Tout au long de ce temps de l'Avent, nous nous rappelons sans cesse la fidélité de Dieu à son projet. Nous y puiserons la force de le faire avancer, chacun à notre mesure. C'est le moment de réorienter notre vie vers Celui qui est notre chemin, notre vérité et notre vie. Il est toujours là pour former nos esprits et nos cœurs, ouvrir nos yeux et nos oreilles, afin que nous regardions la vie autrement. Notre façon d'aimer et d'espérer peut s'en trouver renouvelée. L'important c'est de nous tenir éveillés et capables de reconnaître le Seigneur présent sur les chemins du monde. C'est à ce prix que nous pourrons vivre Noël "autrement".