Fête du Corps et du Sang du Christ.
Lectures : http://cnpl.cef.fr/Bible/lectures_jour_get.php?20070610
Cette fête du Saint Sacrement, c'est celle de Jésus Pain de Vie. C'est cela que nous célébrons en chaque Eucharistie. Ce n'est pas nous qui avons inventé la messe. Saint Paul nous rappelle que nous la recevons des apôtres : "Je vous ai transmis ce que j'ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur." (1 Co. 11, 23) Pour entrer dans ce mystère, il nous faut revenir à l'évangile de ce dimanche.
Le Christ est Pain de Vie par son message et sa Parole : "Jésus parlait du Règne de Dieu à la foule." Pour lui, c'était sa grande priorité car "l'homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu". (Mt 4. 4) Cette Parole, ce n'est pas seulement des discours mais aussi des actes concrets. En guérissant les malades, il vise à la guérison des cœurs ; il veut libérer l'homme de son péché. La Parole de Dieu est une parole qui agit et qui porte du fruit. Elle est libératrice. Elle vient nous révéler notre dignité d'enfants de Dieu.
Puis vient le signe qui évoque une autre nourriture, celle que Jésus a donnée au soir du Jeudi Saint. Ce récit de la multiplication des Pains, nous le connaissons bien parce que nous l'avons entendu souvent. Mais il nous faut y regarder de plus près. Nous y découvrons alors que les gestes de Jésus sont les mêmes qu'à la Cène le Jeudi Saint : "Il prit les pains et les poissons, et levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna." Voilà quatre verbes que nous retrouvons en chacune de nos Eucharisties. Par con Corps, Jésus se donne en nourriture pour la Vie Eternelle. En prenant part à ce Repas, nous alimentons notre foi. Nous accueillons la nourriture qui guérit nos fragilités et nos lassitudes. C'est donc LE grand événement de la semaine. Et pourtant, il est surprenant de voir certaines assemblées de plus en plus réduites. Beaucoup ont oublié que les merveilles de l'Eucharistie s'accomplissent pour nous et pour la multitude. Il y a sûrement beaucoup de choses à améliorer pour rendre nos messes plus vivantes. Mais le vrai problème se situe au niveau de la foi. Si nous voulons mettre Jésus au cœur de nos vies, nous ne pouvons pas laisser de côté certaines parties de son message.
L'Evangile de ce jour nous montre le Christ devant une foule qui a faim. Les Douze se rendent compte de la situation mais sont complètement désemparés. Alors Jésus prend les choses en main : "Faites-les asseoir par groupes de cinquante." Cette précision ne vise pas seulement un détail d'organisation. Jésus rassemble des gens errants et anonymes pour en faire une assemblée de convives. Ils étaient comme des bergers sans brebis. Ils deviennent un rassemblement annonciateur de l'église et de ses ministères. Ce don de Dieu est une annonce des "Noces de l'Agneau" à la fin des temps. Ce jour-là, l'humanité rassemblée s'assoira à la Table du Royaume.
Rassembler et unir dans l'Église reste une tâche essentielle pour les disciples du Christ. Cette mission a été confiée aux ministres ordonnés et mandatés pour être signes et artisans d'unité. Mais ils ne sont pas seuls à la remplir. C'est toute la communauté chrétienne qui doit veiller à être accueillante et au service de tous. L'attention aux plus faibles et aux plus pauvres doit être prioritaire pour un disciple du Christ. Saint Luc note que les Douze distribuèrent les pains et les poissons "à tout le monde." Voilà un défi important pour notre société qui engendre de graves inégalités. Nous chrétiens, nous ne pouvons pas laisser les plus faibles et les plus pauvres au bord de la route, sinon nous oublions que l'Evangile c'est la Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres. Ils ont la première place dans le cœur de Dieu.
Cette mission est fortement soulignée en ce dimanche. L'Evangéliste nous décrit l'activité des apôtres : Jésus les met devant leurs responsabilités : "Donnez-leur vous-mêmes à manger." Il leur confie le soin d'organiser la foule, de distribuer la nourriture et de ramasser les morceaux qui restent. C'est bien cela le rôle des ouvriers de l'Evangile. Le signe de la multiplication des pains doit être compris comme un envoi en mission pour chaque baptisé. Nous sommes tous appelés à être des serveurs et pas seulement des servis.
Bien sûr, nous sommes tentés parfois de nous défiler, de nous dire que nous n’avons pas les moyens, que nous ne sommes pas assez nombreux face à l’immensité des besoins. Mais le Seigneur nous renvoie sans cesse à cette question : « Combien de pains avez-vous ? » Et il nous dit que ce que nous avons c’est bien peu mais cela lui suffit pour réaliser de grandes choses. La seule condition c’est que nous lui donnions la petite part de nous-même. Puis quand le repas est terminé, vient un autre service : ramasser soigneusement ce qui reste. En effet, il y aura encore d’autres foules à nourrir. Tout au long des siècles, il faudra continuer à distribuer les dons de Dieu.
En célébrant l’Eucharistie, tournons-nous ensemble vers le Seigneur. Qu’il nous aide à entrer plus pleinement dans ce mouvement de don total de nous-mêmes avec lui et par lui. Que notre don soit de plus en plus à la mesure de celui qui a tout donné de lui-même pour notre vie et pour la gloire du Père.
D'après diverses sources.