Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
Sujet: La prière, un combat ! par ThéoDom Dim 2 Fév - 11:44
La prière, un combat !
cling: (apparition d’un ange): Mon cher fr. c’est l’heure de la prière !
Pas maintenant, j’ai bien d’autre chose à faire...
Un démon : tu as raison, à quoi bon prier, de toute façon cela ne sert à rien...
Il faut bien le reconnaître...
La prière ce n’est pas une mince affaire : Au début il faut s’y mettre et quand les choses sont à peu près en place il faut tenir bon... Quelle que soit la forme que prend notre prière, elle est le lieu de la rencontre personnelle avec le Seigneur. Cette rencontre est source de délectation, de bonheur et de paix, mais elle peut aussi devenir un vrai combat. Lorsque l’on débute dans la vie spirituelle, la prière est bien souvent balbutiante, mais elle est jaillissement du cœur vers Dieu ; ou encore elle est un moyen de demander quelque chose d’important pour nous, pour nos proches.... et Dieu répond... même si ce n’est pas toujours comme on l’attend, et quand on le souhaite.
Pourtant, inévitablement, avec le temps, la prière devient plus... compliquée... les consolations deviennent plus rares... Ce temps va nous sembler pauvre, vide, inutile et parfois même hypocrite. Bien souvent, c’est à ce moment que la plupart des gens abandonnent, alors que justement c’est là que commence le combat de la prière.
Car oui, il faut le dire haut et fort, la prière est un combat !
1. Un combat d’abord avec notre nature humaine inconstante, faible et fragile.
2. Un combat aussi contre le Tentateur qui cherche à tout prix à nous couper de Dieu et donc de la prière
3. Un combat avec Dieu, enfin, car bien souvent nous prenons peur et résistons à son amour, Lui qui souhaite nous emmener bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer.
Ce que le commençant ressent comme un appauvrissement ou un silence coupable de Dieu est en fait le moyen par lequel le Seigneur lui-même vient prendre en main notre prière pour la purifier...
St Paul écrit : « L’Esprit Saint vient en aide à notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut, ... » (Rm 8, 26) Il est vrai que, souvent, nous oublions que Dieu s'est révélé comme un Père, que par le baptême dans la mort et la résurrection du Fils unique nous sommes devenu nous aussi enfants de Dieu. Ainsi, patiemment, le Seigneur nous fait passer de la prière utilitariste, à une relation filiale à l’image de Jésus. Nous comprenons alors que Dieu n’est pas un génie prêt à exaucer nos caprices, mais qu’il est la source et la fin de toute chose. Il est Père, lent à la colère et plein d’amour... En ce sens, Dieu ajuste notre prière à notre vocation de fils, la rendant plus authentique et aussi plus féconde.
Oui, mais! Si Dieu est un fin pédagogue, mes préoccupations, mes inconstances et les tentations sont de réels entraves à la ma prière... : C’est vrai. “Mesdames et messieurs, parmi les obstacle à la prière, bien connues et toujours aussi efficaces, j’ai l’honneur de vous présenter” :
- l’inquiétude (au sujet de la bonté de Dieu, de notre l’avenir)
- le désespoir (sur nous-mêmes, sur notre prière)
- le découragement (« quelle perte de temps, laisse tomber, tu as bien autre chose à faire », « de tout façon prier n’a jamais rien changé »)
- le doute (« Dieu ne m'entend pas, ne m'aime pas », « s’il y tant de malheur dans le monde, Dieu ne peut pas exister ».) A l’opposé on trouve :
- l’activisme : c’est la tendance à croire que pour bien prier il faut en faire toujours plus, et encore plus jusqu’à finir par nous épuiser. C’est pourquoi le rôle d’une mère de famille n’est pas de passer 2h par jour en oraison comme une moniale !
- la gourmandise spirituelle : c’est la recherche des consolations sensibles, ou seul le plaisir et le bien-être apporté par la prière sont l’essentiel.
- l’orgueil : c’est confondre la perfection avec la sainteté, c’est vouloir être parfait au yeux des autres ou alors se comparer à l’exemple du pharisien dans l’évangile de Luc (18)
- on trouve encore l’acédie : c’est la tristesse devant l’effort spirituel qui conduit petit à petit à la tiédeur et au dégoût. Bref tous ceux qui s’aventurent dans la prière rencontrent ces obstacles, et c’est normal !!!
Cela vous paraît exigeant ? Ça l’est, comme toute les choses importantes de la vie qui nécessitent attention et implication. En fin de compte, voici à quoi pourraient ressembler les béatitudes de ceux qui veulent s’engager dans le combat de la prière :
- Heureux celui qui, ayant pris les moyens nécessaires, ne compte pas sur ses propres forces mais appelle à l’aide l’Esprit Saint.
- Heureux l’humble qui ne juge pas sa prière, car Dieu seul en connaît la valeur.
- Heureux le patient qui ne s’inquiète pas lorsque rien ne semble se passer ou encore lors qu’il se surprend distrait.
- Heureux le doux, qui lorsqu’il oublie ou abandonne sa prière, sait recommencer humblement en sachant que le Seigneur l’attend sans jugement, à l’image du Père du fils prodigue.
- heureux enfin le persévérant, sachant que l’essentiel n’est pas dans l’intensité d’une émotion ressentie ponctuellement, mais dans la longue fidélité du don de soi quotidien, et cela passe par le don de son temps à Dieu.
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Bibliographie :
Un chartreux, La prière entre extase et combat, Presse de la renaissance.
Laurent Landete, Comment prier chaque jour ? - Petite méthode pratique, Édition Emmanuel.
Jean-Marie Gueullette, Petit traité de la prière silencieuse, Cerf.
Jean-Marie Gueillette, Laisse Dieu être Dieu en toi, Cerf. Jean René Bouchet, Si tu cherches Dieu, Cerf.
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frère Mathieu-Marie Trommer
Le frère Mathieu-Marie Trommer est frère étudiant au couvent de Fribourg où il termine son baccalauréat canonique en théologie.
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Sujet: Re: La prière, un combat ! par ThéoDom Dim 2 Fév - 11:54
La prière d'exorcisme, c’est de la psychiatrie pour obscurantistes ?
Noir : Avec les progrès de la psychiatrie, on va bientôt pouvoir arrêter de faire des exorcismes, non ?
Blanc : Tu penses vraiment qu’il y a quelques choses à voir entre la souffrance psychique que traite le psychiatre, et les exorcismes que pratiquent les prêtres missionnés par leur évêque ?
l’exorcisme, est-ce de la psychiatrie pour obscurantistes ?
Blanc : Le psychiatre est un médecin qui s’occupe de la santé psychique des personnes, comme un ophtalmo de la santé oculaire, alors que le prêtre exorciste traite d’une conséquence du péché qui est le cas de possessions démoniaques. C’est pour cela que, comme Jésus, il chasse le démon.
Noir : Tu sais bien que dans les cultures antiques, comme dans certain pays aujourd’hui, on voit le diable partout.
Blanc : Et aujourd’hui, on risque de ne voir le diable nulle part. Est-ce que tu penses que Jésus s’est trompé en faisant des exorcismes, en chassant des démons ? (Mt 8, 16). Est-ce que Jésus s’est trompé en demandant à ses apôtres, les futurs évêques, de chasser les démons ? (Lc 9,1). Et les évêques, en nommant des prêtres pour poursuivre cette mission du Christ ? (Code de droit canonique §1172).
Noir : D’accord, il y a même un exorcisme dans chaque baptême. (Rituel du baptême des enfants 1984, §84) : Je peux le concevoir car la personne n’a pas encore reçu le Saint-Esprit, mais une fois qu’une personne est baptisée, qu’elle est habitée du Saint-Esprit, comment un esprit mauvais pourrait cohabiter avec le Saint-Esprit en elle ?
Blanc : En effet, quand une personne est baptisée, qu’elle vit de l’Eucharistie chaque dimanche, de la confession plusieurs fois par an, il est très difficile de constater une possession. En revanche, quand un baptisé lâche la pratique des sacrements, commence à pratiquer le spiritisme, la chiromancie, les tarots ou consulter des médium et des voyantes… il ouvre des boulevards aux esprits mauvais. Au début, celui qui s'éloigne de Dieu fait l’expérience d’un pouvoir, d’un mieux, plus grand dans sa vie. Puis, peu à peu, une perte de liberté et de joie qui s’amplifie jusqu’à un enfermement mortel. La perte de liberté des personnes addictes est en fait une des pertes de liberté des pécheurs. Quand un baptisé vit une possession, c’est qu’il s’est éloigné du Seigneur. Le péché s’engouffre en lui et avec lui parfois le démon.
Noir : Tu peux m’en dire un peu plus sur les rites d’exorcisme, comment on sait que quelqu’un est possédé ?
Blanc : Fais attention, car il y a souvent en nous une fascination pour le mal et l’action de l’Adversaire. Avec l’Adversaire, il n’y a que péché, tristesse, solitude et enfermement. Si tu n’es pas un prêtre mandaté par l’évêque pour être exorciste, il y a un point important pour toi : si malgré la fréquentation régulière des sacrements et d’une communauté chrétienne unie et priante, une oppression intérieure demeure, il faut sans doute aller consulter un exorciste. Mais il faut se garder d’une fascination pour les possessions et les exorcismes. L’enjeu de fond, c’est la sainteté.
Noir : Mais donc pour toi, il n’y a pas de problèmes psychiatriques, il n’y a que des possessions ?
Blanc : Non, une personne peut être en souffrance psychique sans être possédée. Elle peut être possédée sans être en souffrance psychique, elle peut être ni l’un ni l’autre, elle peut être les deux à la fois. Faire le tri est difficile et c’est pour cela qu’il y a des exorcistes mandatés par l’Église. Parfois, une personne vient consulter l’exorciste, alors qu’elle est en souffrance psychique. Comme pour l’appendicite, le Seigneur attend d’elle qu’elle aille voir le bon médecin pour sa santé. Il existe des communautés chrétiennes et des mouvements d’Eglise pour les personnes en souffrance psychique, comme Amitiés Espérance et la Congrégation bénédictine Notre Dame d’Espérance. Tous leurs membres sont appelés à la Sainteté. On attend le saint patron des personnes en souffrance psychique !
frère Raphaël de Bouillé
Frère Raphaël de Bouillé, du couvent de Nancy, a été ordonné prêtre en 2012. Il s'est spécialisé dans l'accompagnement des acteurs pastoraux et dans la théologie pastorale
frère Mathieu-Marie Trommer
Le frère Mathieu-Marie Trommer est frère étudiant au couvent de Fribourg où il termine son baccalauréat canonique en théologie.