- Louis a écrit:
- Je ne souviens pas avoir lu dans les écrits de St Jean de la Croix et Ste Thérèse d'Avila ce mouvement d'offrande de soi à Marie.
Dans quel ouvrage puis-je trouver cela?
Avoir une allusion claire et nette il n'y a pas. Cependant si on lit bien les Mystiques, Jean de la Croix, sainte Thérèse, la petite Thérèse, et Grignon de Montfort on arrive au résultat.
Voici d'abord quelques textes chez saint Jean de la Croix
"Sachez donc que, lorsque l'âme se convertit à Dieu avec une ferme résolution et se met à Le servir d'ordinaire Il va l'élevant en esprit et la caressant comme une mère amoureuse fait à son tendre enfançon - lequel elle échauffe dans son sein, le nourrit d'un lait savoureux et de viandes (nourriture) délicates et douces, le porte entre ses bras et lui fait mille caresses. Mais, à mesure qu'il croit, la mère le sèvre de ces caresses, et, cachant son tendre amour, met de l'aloès amer sur son doux sein, et, le faisant descendre de ses bras, le met à terre pour le faire marcher, afin que, perdant les propriétés de l'enfance, il s'adonne aux choses plus grandes et qui ont plus de substance. La grâce de Dieu, cette amoureuse mère, aussitôt qu'elle régénère l'âme pour une nouvelle chaleur et ferveur de servir Dieu, elle en fait de même : lui faisant trouver sans peine un lait spirituel doux et savoureux en toutes les choses de Dieu et une grande douceur en tous ses exercices ; car Dieu lui donne, comme à un cher enfançon, la mamelle de son tendre amour." (Jn + Nuit Obscure I,1,2)
"En cette profonde union, Dieu se communique l'âme avec une si grande vérité d'amour qu'il n'existe pas de mère si aimante qui caresse son enfant avec une telle tendresse. Il n'y a pas non plus d'amour de frère, ni d'affection d'ami qu'on puisse comparer à l'amour de Dieu. En effet, l'amour avec lequel le Père immense comble et exalte cette âme humble et amoureuse atteint un tel degré de tendresse et de vérité - oh chose merveilleuse et digne de stupeur et d'admiration - qu'il se fait véritablement son sujet pour l'exalter comme s'il était son serviteur et qu'elle fût son maître. Et il met autant de sollicitude à la combler que s'il était son esclave et qu'elle fût son Dieu, si profonde est l'humilité et la douceur de Dieu!
Dans cette communication d'amour, il accomplit en quelque sorte ce service dont il parle dans l'Évangile en disant qu'il le rendra à ses élus dans le ciel, à savoir (Lc 12,37): Il se ceindra et, passant de l'un à l'autre, il les servira. Et de la même manière, voici qu'il s'emploie maintenant à combler et à caresser cette âme comme une mère, au service de son enfant, le gâte et le nourrit de son sein. En ceci, l'âme reconnaît la vérité de la parole d'Isaïe (Is 66,12): Vous serez portés sur le sein de Dieu et sur ses genoux vous serez choyés." (Jn + CSB 27,1)
Un texte de la Petite Thérèse:
"Je comprends si bien qu'il n'y a que l'amour qui puisse nous rendre agréables au Bon Dieu que cet amour est le seul bien que j'ambitionne. Jésus se plaît à me montrer l'unique chemin qui conduit à cette fournaise Divine, ce chemin c'est l'abandon du petit enfant qui s'endort sans crainte dans les bras de son Père... "Si quelqu'un est tout petit, qu'il vienne à moi." a dit l'Esprit Saint par la bouche de Salomon et ce même Esprit d'Amour a dit encore que "La miséricorde est accordée aux petits." (Pr 9,4; Sg 6,7) En son nom, le prophète Isaïe nous révèle qu'au dernier jour "Le Seigneur conduira son troupeau dans les pâturages, qu'il rassemblera les petits agneaux et les pressera sur son sein." (Is 40,11) et comme si toutes ces promesses ne suffisaient pas, le même prophète dont le regard inspiré plongeait déjà dans les profondeurs éternelles s'écrie au nom du Seigneur: "Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous caresserai sur mes genoux." (Is 66,12-13)" (ste Thérèse de l'Enfant Jésus MsB 1r°)
Notons que sainte Thérèse de l'Enfant Jésus dépose l'Offrande d'elle-même dans les mains de Marie (cfr Acte d'Offrande à l'Amour miséricordieux).
Voici enfin le texte le plus significatif qui se trouve chez Thérèse d'Avila:
"1 Ne vous imaginez pas que tout cela soit beaucoup car, comme on dit, je n'ai fait que disposer les pions pour le jeu. Vous m'avez demandé de vous parler des premiers degrés de l'oraison; […]. Eh bien, sachez que celui qui ne sait pas disposer les pièces du jeu d'échecs ne saura pas jouer; et s'il ne sait pas faire échec. il ne saura pas faire mat. Mais vous allez me blâmer parce que je parle de jeu, alors qu'on ne joue pas dans cette maison et qu'il est défendu d'y jouer. Voyez par là quelle mère Dieu vous a donnée! elle est même au courant d'une vanité comme celle-ci. Néanmoins, on dit que le jeu est quelquefois licite. Licite? Certes! comme le sera pour nous cette façon de jouer dont je parle, et avec quelle promptitude - si nous nous y exerçons souvent - ferons-nous mat au Roi divin! Il ne pourra plus s'échapper de nos mains, ni ne le voudra.
2 C'est la dame qui, dans ce jeu, donne le plus de mal au roi, d'autant plus que toutes les autres pièces la soutiennent. Mais aucune dame ne peut obliger le roi à se rendre comme l'humilité; c'est elle qui le fit descendre du ciel dans les entrailles de la Vierge , et c'est par l'humilité que nous pourrons l'amener dans notre âme d'un seul de nos cheveux. Croyez-le: plus vous serez humble, plus vous le posséderez; je ne peux en effet concevoir qu'il y ait, ou puisse y avoir, d'humilité sans amour, ni d'amour sans humilité; de même qu'il est impossible que ces deux vertus puissent exister sans un grand détachement de toutes les choses créées.
3 Vous me demanderez, mes filles, pourquoi je vous parle des vertus alors que vous avez tant de livres pour vous les enseigner, et que vous désirez seulement que je vous parle de contemplation. Voici ma réponse: si vous m'aviez interrogée sur la méditation, j'aurais pu vous en parler et la conseiller à tous, même à ceux qui n'auraient pas possédé les vertus, parce qu'elle est le premier pas pour les acquérir toutes et qu'il est vital pour tout chrétien de s'y exercer; nul, si égaré soit-il, ne doit abandonner un si grand bien dès lors que Dieu l'invite à en user; je l'ai déjà écrit ailleurs, et beaucoup d'autres qui savent ce qu'ils écrivent (ce qui, assurément, n'est pas mon cas, Dieu le sait), l'ont fait également.
4 Mais la contemplation, mes filles, c'est autre chose! et voici l'erreur où nous tombons tous: voyons-nous quelqu'un consacrer chaque jour un moment à penser à ses péchés - ce qui est une obligation sous peine de n'être chrétien que de nom - et aussitôt nous disons: c'est un grand contemplatif; sur-le-champ on s'attend à voir en lui les vertus suprêmes que doivent posséder ceux qui sont élevés à une haute contemplation. Lui-même, d'ailleurs, se veut d'en être un, mais il se trompe. Au début il n'a pas su disposer ses pions pour jouer; il a cru qu'il suffisait de connaître les pièces du jeu pour faire mat, mais il n'en est rien! car ce Roi ne se livre qu'à celui qui se livre entièrement à lui." (Chemin de Perfection (Escorial) 25,1-4)
A noter l'allusion claire à Marie et à son humilité.
Il y a bien sûr tout Montfort qui évoque cette question et qui est à lire.
Si tu veux une réponse plus détaillée, tu la trouveras dans mon livre sur la Prière du coeur I.
Jean