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Sujet: Théodom : Marie dans le Nouveau Testament Dim 26 Avr - 11:29
Marie, la grande silencieuse de l'Evangile ?
La Vierge Marie a une grande importance pour l’Eglise catholique. Pourtant l’Evangile n’en parle guère. Elle apparaît rarement et elle ne dit pas grand chose - ce qui est rare pour une femme….
Que penser de ce paradoxe? Marie est-elle vraiment une figure centrale de l’Evangile ou est-ce une exagération de l’Eglise ?
Marie, la grande silencieuse de l’Evangile ?
Regardons quelques livres du Nouveau Testament pour nous faire une idée plus précise.
Les évangiles de l’enfance.
Les évangiles d’abord. L’Evangile de Luc et celui de Matthieu parlent de l’enfance de Jésus. Et donc de Marie, Mère de Jésus. C’est d’ailleurs de cette façon qu’on parle toujours de Marie : « Marie, Mère de Jésus. Dans leurs premiers chapitres, Luc et Matthieu mentionnent Marie à plusieurs reprises. Surtout Luc. Matthieu, lui, voit les choses, du point de vue de Joseph, parité oblige.
C’est Luc, par exemple, qui rapporte la scène de l’Annonciation: l’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle va devenir mère du messie. C’est Luc encore qui relate la visitation de Marie à sa cousine Elisabeth. C’est Luc toujours qui rappelle l’épisode de la présentation de Jésus ; ou son recouvrement au Temple, par Marie et Joseph, angoissés et interloqués. Il est aussi celui qui nous a conservé le chant du Magnificat : ‘‘Mon âme exalte le Seigneur” (Lc, ch.1-2).
Quant à Matthieu, il évoque le songe de Joseph. Joseph, qui, sur le conseil de l’ange, prend chez lui Marie déjà enceinte. C’est Matthieu encore qui rapporte l’exode en Egypte de la Sainte Famille qui fuit devant la haine assassine du roi Hérode (Mt, ch,1-2).
Quoi qu’il en soit, chez Luc comme chez Matthieu, sitôt les récits de l’enfance terminés, Marie quitte la scène…
Bon. On a bien compris que Marie n’avait pas obtenu le rôle principal de la pièce… Non mais sérieusement… Quel est le rôle de Marie ici ?
Chez Luc, comme chez Matthieu, la figure de Marie nous aide à prendre conscience du mystère de l’Incarnation : Jésus a été enfant, comme tout homme, mais il est né d’une vierge, c’est un signe qu’il est le messie attendu...
Saint Jean.
Saint Jean, de son côté, évoque à certains moments, très courts, la figure de Marie. Mais sa présence est toujours remarquée.
Par exemple à Cana, tout au début (Jn 2,1-12), pour le premier signe de Jésus : “il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était.” C’est là que la Vierge prononce deux phrases fameuses : “Ils n’ont plus de vin” (Jn 2,3), dit-elle à Jésus, et aussitôt après, aux serviteurs, juste avant le miracle de l’eau changée en vin: “faites tout ce qu’il vous dira” (Jn 2,5). Marie lance la carrière de Jésus.
Et on la retrouve tout à la fin, au Golgotha: “au pied de la Croix de Jésus se tenait sa Mère” (Jn 19,25-27).
Au delà d’avoir été une consolation auprès de son Fils sur la Croix, la présence de Marie à ce moment là a-t-elle eu un enjeu pour le Salut ?
Oui, dès Cana, et surtout au Golgotha, Marie est associée à l’oeuvre du Christ, par sa présence, sa prière et son amour.
Les Actes des Apôtres et les lettres de Paul Quant aux Actes des Apôtres ou aux lettres de St Paul, autant dire que Marie en est quasiment absente. Ils l’effleurent à peine.
Dans les Actes, Marie est signalée au Cénacle (Ac 1,14). Avec les disciples, elle attend la venue du Paraclet, le consolateur, c’est-à-dire l’Esprit-Saint, promis par Jésus au lendemain de sa résurrection.
Paul, lui, est le plus laconique de tous... Un seul mot. Il l’évoque dans sa lettre aux Galates, sous le vocable de “femme”: le Christ, “né d’une femme” (Ga 4,4). Il ne cite même pas le nom de Marie. C’est dire si Marie est peu considérée par la théologie paulinienne (de st Paul).
Après ce premier tour d’horizon, d’un point de vue statistiques, Marie n’a pas grande importance.
Qu’en penser ?
C’est ici qu’il faut déplacer son regard. Choisir de voir les choses non plus quantitativement mais qualitativement ! Alors on s’aperçoit d’une chose étonnante : Marie est toujours présente aux moments cruciaux – c’est le cas de le dire - de l’aventure évangélique.
Faites l’expérience. Résumez la vie du Christ : Noël, Pâques, la Pentecôte : Marie est toujours là.
C’est surtout l’évangile de Saint Jean qui nous donne la clef. Saint Irénée au IIème siècle est le premier à l’avoir vu. En effet, chez Jean, Marie apparaît comme la Nouvelle Eve aux côtés de son Fils, le Nouvel Adam. Tous les deux concourent à la recréation du monde déchu, chacun à sa place, Marie, comme créature, le Christ comme Créateur et Sauveur. Marie a un vrai rôle. En effet, elle donne naissance au Christ Sauveur et coopère avec lui à la naissance de l’Eglise. Pas de Marie, pas de Jésus, pas d'Église, pas de salut.
Des textes du Nouveau Testament se dégage le rôle essentiel de Marie dans l’histoire du Salut. Non seulement, Marie est mère de Jésus, donc mère de l’auteur du salut. Comme femme de prière proche de Jésus, elle est mère des croyants, c’est à dire mère de l’Eglise.
Le frère Marie-Ollivier Guillou est dominicain depuis 10 ans. Professeur de théologie et aumônier militaire, il partage son temps entre l'enseignement, la prédication de retraite, et la mission auprès des marins d'état. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la théologie et la spiritualité.
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Sujet: Re: Théodom : Marie dans le Nouveau Testament Dim 3 Mai - 10:55
La virginité de Marie, mythe ou réalité ?
D’après la Tradition de l’Eglise, Marie est vierge. Même dans l’enfantement de son Fils. Pourquoi est-ce si important que non seulement Marie n’ait jamais eu de relation sexuelle, mais encore qu’elle demeure vierge physiquement en mettant au monde Jésus ?
La virginité de Marie, mythe ou mystère ?
Mystère et dogme : Les 4 grands dogmes sur Marie sont : la maternité divine de Marie (Marie mère de Dieu), la virginité perpétuelle (Marie n’a pas connu d’homme), l’Immaculée Conception (Marie préservée de tout péché), et l’Assomption (Marie monte au ciel corps et âme). On va aborder ces différents sujets dans les vidéos de cette série. Et aujourd’hui, on va parler d’un sujet chaud : La virginité de Marie.
Dans l’Evangile : Marie, on l’appelle la Vierge. La sainte Vierge. Marie: est restée vierge toute sa vie, de cœur et d’esprit. Marie comme le dit la Bible n’a jamais connu d’homme
Lc 1:34 Mais Marie dit à l'ange : " Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme ?
L’enfant qu’elle porte en elle vient du Saint-Esprit. C’est l’ange qui lui a dit.
Luc 1:35 L'ange lui répondit : " L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi l'être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu.
Et l’ange le dit même à Joseph :
Matthieu 1:20 : "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint."
Essayons d’approfondir cette vérité, non pas pour la prouver mais pour en montrer la grandeur et la beauté. Pourquoi donc Marie est toujours vierge?
Premièrement, cela manifeste le dévouement total de Marie à sa mission et à son œuvre. En effet Marie a offert à Dieu tout son être, son coeur et son corps. Elle lui a réservé sa sexualité en renonçant à tout commerce charnel. Marie n’a jamais eu, ni avant le Christ ni après le Christ de relation sexuelle avec quiconque. Jésus n’a pas eu ni de grand frère, ni de petite sœur.
On le montre aujourd’hui : “les frères et soeurs de Jésus” (Mc 3.31) dans l’évangile désignent la parenté large du Christ: les cousins ou les oncles et tantes.
Deuxièmement, cela manifeste l’origine divine de son fils. En effet, l’enfant que Marie porte en elle, comme le dit l’Evangile, ne vient pas de la semence d’un homme. Ce n’est pas Joseph qui est le père de Jésus. C’est Dieu lui-même qui est le Père du fils qui s’incarne en Marie sous l’action de l’Esprit Saint.
Luc 1,30 : “Ne crains pas Marie, l’Esprit Saint viendra sur toi et il te couvrira de son ombre. C’est pourquoi l’enfant qui naîtra de toi sera saint. Il sera appelé fils du Très-haut.”
Mais faisons un pas de plus. La virginité perpétuelle n’implique pas seulement que Marie soit vierge avant et après la naissance du Christ. Mais encore qu’elle soit vierge pendant la naissance même de Jésus.
Cette troisième virginité, c’est le plus incroyable, le plus mystérieux. C’est un deuxième miracle.
En effet, la virginité perpétuelle de Marie implique aussi la naissance du Christ sans défloration. C’est ce que dit très bien une oraison à la messe en l’honneur de Marie qui s’adresse au Christ: “O Christ, toi dont la naissance n’a pas altéré mais consacré la virginité de ta Mère.” Profond mystère que la virginité perpétuelle de Marie.
On est en droit de s’interroger sur sa signification. Cette virginité totale, est-ce le signe que la sexualité et la sainteté sont incompatibles ? La virginité ne met nullement en cause la sexualité humaine comme si elle était mauvaise. L’important, c’est le Christ.
La virginité même dans l’enfantement consacre définitivement la divinité du Christ. En effet, le fait que Marie soit totalement vierge manifeste totalement la divinité de Jésus. Puisque la conception et la naissance de Jésus sont virginales, et donc miraculeuses, alors Jésus ne peut pas venir de ce monde. Vraiment le Christ « n’est pas d’abord né de la chair et du sang mais de Dieu ».
Il est « Dieu né de Dieu, lumière né de la lumière ».
On comprend dès lors que la virginité perpétuelle de Marie n’est pas pour Marie, elle est pour le Christ. Elle signale cette vérité inimaginable, celle de l’irruption de l’éternité dans le temps. Nous sommes décidément loin d’une vision soit disant négative de la chair.
En résumé disons ceci :
1/ la virginité de Marie est un signe hyper fort de la divinité de Jésus.
2/ la virginité perpétuelle de Marie est l’expression d’une totale consécration de Marie à son fils et à sa mission.
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Sujet: Re: Théodom : Marie dans le Nouveau Testament Dim 10 Mai - 14:14
Marie, mère deux fois ?
L’Eglise croit que Marie est mère de Dieu et grâce au pape François, on célèbre aussi Marie, Mère de l’Eglise. Ça fait beaucoup de maternité ! S’agit-il de deux maternités en une ?
Marie, mère 2 fois ?
1 - La mère de Dieu
La Vierge Marie est mère de Dieu. C’est le titre le plus célèbre de Marie, depuis le concile d’Ephèse en 431. En grec on dit que Marie est Théotokos. Littéralement celle qui engendre Dieu. Mais n’est-ce pas exagéré de parler ainsi ?
Marie est-elle une déesse engendrant un Dieu ?
Non évidemment. Marie peut être dite “Mère de Dieu” car elle permet à Dieu de naître dans le temps en lui donnant un corps. C’est l’incarnation du Verbe dont parle le prologue de Saint Jean (le prologue c’est l’introduction).
“Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu. Et le Verbe était Dieu. Et le Verbe se fit chair. Et il a habité parmi nous.” (Jn 1,1).
Le Verbe, ça veut dire quoi ? C’est la Parole éternelle du Père par laquelle il a créé le monde. Et c’est en fait une personne divine, c’est le Fils. Ce fils éternel, il prend corps en Marie par l’Esprit Saint. C’est ce que nous suggère l’Evangile. Marie est connue comme étant la mère de Jésus. Mais ce Jésus, comment se présente-t-il ? Comme le Fils unique et bien-aimé du Père (Jn 3.16), né de Dieu, avant tous les siècles (credo) .‘‘Amen je vous le dis. Avant qu’Abraham ne fut, je suis”, (Jn 8.58) dit Jésus.
Jésus est à la fois homme et Dieu. Tout ce qu’on dit de Jésus comme homme, on le dit aussi de Jésus comme Dieu le Fils. Concrètement, si Marie est mère de Jésus, elle est mère de Dieu le Fils. L’idée à tenir c’est bien que Marie est Mère de Dieu le Fils. Pas de Dieu le Père ni de Dieu Saint Esprit. Quelle dignité infinie pour Marie !
2 - La mère de l’Eglise
Marie est dite aussi Mère de l’Eglise. Cette seconde maternité, on le devine, est spirituelle. Comment l’expliquer ? L'Écriture est plus discrète sur cette seconde maternité. Il y a quand même deux indices très fort.
Le premier c’est à l’Annonciation. Quand Marie devient Mère du Sauveur. Comme l’affirme saint Thomas d’Aquin, Marie dit oui pour toute l’humanité. En ce sens elle est notre Mère, elle nous ouvre à la vie qui vient de Dieu. C’est le propre d’une mère de donner la vie. Soyons clairs, Jésus seul nous donne la vie. Mais Marie contribue pleinement ainsi à nous donner ce cadeau. Si vous avez le temps, relisez Vatican II : (Lumen Gentium §8 : “Marie sert l’unique médiation du Christ”)
Un deuxième indice est fondamental. C’est la scène du Golgotha. C’est là que cette maternité est révélée. Près de la croix de Jésus se tient sa mère et le disciple que Jésus aimait, St Jean. Or que nous dit l’évangile ? Jésus dit à sa Mère: “femme, voici ton fils”, puis il dit au disciple: “voici ta mère” (Jn 19.26). D’après les pères de l’Eglise (depuis Origène et Augustin) Saint Jean représente tous les disciples. Il est la figure du disciple de Jésus, d’hier et d’aujourd’hui. En donnant à St Jean sa propre mère pour mère, Jésus institue Marie comme la mère de tous les disciples, de toute l’Eglise. Ainsi au jour de la passion de son Fils, Marie exerce une maternité spirituelle. D’une certaine manière, elle s’offre avec Jésus pour nous obtenir la vie.
Cette maternité spirituelle de Marie par rapport à l’Eglise n’est pas encore un dogme, contrairement à la maternité divine. On peut le souhaiter pour manifester le rôle essentiel que Marie joue actuellement dans la vie de chaque baptisé.
Marie est Mère de Dieu, parce qu’elle est Mère de Jésus qui est le Fils éternel du Père venu dans notre chair par Marie. Marie est aussi Mère de l’Eglise, car elle est associée à la naissance de l’Eglise par toute sa vie, surtout par l’offrande de son amour unie à celle du Christ sur la croix. La maternité ecclésiale de Marie est contenue dans sa maternité divine.
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Sujet: Re: Théodom : Marie dans le Nouveau Testament Dim 17 Mai - 19:19
Comment Marie peut-elle apparaître sur terre ?
Comment Marie peut-elle apparaître sur la terre ? Depuis son assomption, Marie a disparu à nos regards. Elle est désormais au ciel. Elle y est montée corps et âme. Pourtant Marie apparaît ici ou là, à travers le monde. Comment est-ce possible ?
L’assomption est pour Marie, ce que l’ascension est pour le Christ: c’est-à-dire leur entrée au ciel, dans la gloire, en Dieu. A l’exemple du Christ, Marie entre au ciel avec l’intégrité de sa personne, c’est-à-dire avec son âme et son corps. Que Marie soit au ciel avec son corps n’empêche pas qu’elle apparaisse de temps à autres sur la terre.
Marie est montée au ciel : le mystère de l’Assomption
Pour répondre à la question, rappelons ce qu’implique le dogme de l’Assomption.
Un dogme, c’est quoi ?
Un dogme, est une vérité de foi définie par l’Eglise, une vérité certaine pour laquelle l’Eglise engage son infaillibilité.
Quand Pie XII précise le dogme de l’Assomption en 1950, il rédige en ces termes la bulle pontificale : “Au terme de sa vie terrestre, la Vierge est montée au ciel avec son âme et son corps”. Pour Pie XII, c’est une conséquence de la totale sainteté de Marie, c’est à dire l’Immaculée Conception. Une chose est donc sûre: Marie a un corps glorieux comme le Christ. Ils sont les deux seuls à en avoir d’ailleurs. Les autres bienheureux attendent la résurrection de leur corps à la fin des temps.
Mais ce qu’il importe de saisir c’est bien plutôt l’enjeu théologique de l’Assomption. Pourquoi une exception mariale de plus ? Pour quelle raison, à la différence des autres bienheureux, Marie a-t-elle déjà son corps de ressuscitée ?
Pourquoi l’Assomption ?
On cherche ici pourquoi il convenait que Marie monte au ciel corps et âme à la fin de sa vie ? On cherche un argument de convenance.
C’est quoi un argument de convenance ? En théologie, il y a plusieurs manières d’argumenter: Il y a l’argument d’autorité: l’Ecriture, la Tradition, le Magistère le disent donc j’y crois. Après il y a les arguments de raison, des arguments logiques. Par exemple, l’argument de convenance. Celui-ci montre que ce n’est pas irrationnel.
Reprenons l’Assomption : Marie au terme de sa vie terrestre est montée corps et âme au ciel. L’argument d’autorité c’est la définition donnée par Pie XII. Et l’argument de convenance c’est la totale sainteté de Marie : si elle n’a pas connu le péché, elle n’a pas connu la mort.
En effet, la Bible nous apprend que le salaire du péché c’est la mort. Et la mort se définit comme la séparation de l’âme et du corps. Est-il raisonnable de penser que Marie connaisse durablement la séparation de l’âme et du corps, conséquence du péché ? Ce serait contradictoire. Puisque Marie a été préservée entièrement du péché, il est plus convenable qu’elle soit entrée avec sa chair virginale dans le ciel.
Et nous là dedans ?
Marie nous précède en tout, elle est la première sur le chemin. C’est ce qu’on appelle la loi d’anticipation.
Avant tous les baptisés, Marie est sauvée par avance du péché originel et est glorifiée en son corps : Marie anticipe dans sa personne le sort final de tous les élus à la résurrection générale. En ce sens Marie est le prototype ou l’icône de l’Eglise en attente de sa glorification.
Le dogme de l’Assomption ne résout pas tout. Et c’est heureux car comme le dit Marie Noël, on ne met pas le Saint Esprit en boite de conserve. Le texte ne précise pas si Marie est morte réellement ou non, si elle est ressuscitée comme son Fils ou si elle est montée vivante au ciel. A ce sujet, on est libre de penser ce qu’on veut. Il y a des arguments de convenance en faveur de l’une ou de l’autre proposition.
Comment Marie peut-elle se rendre sur la terre alors qu’elle est au ciel ?
Bah justement: C’est bien parce que Marie a un corps glorifié qu’elle peut se déplacer à travers l’espace et le temps.
C’est quoi un corps glorifié ? Difficile de s’exprimer sur cette question car la Révélation nous enseigne peu de chose. Disons au moins ceci. Dans l’éternité Marie et les bienheureux échappent à la condition mortelle de nos corps terrestres, limités par l’espace et le temps.
Ainsi Marie peut tout à fait apparaître avec son corps glorifié sur la terre, tout comme Jésus après sa résurrection.
Toutefois, ce corps peut ne pas avoir son apparence naturelle, voir être un corps d’emprunt. Ainsi les disciples ne reconnurent pas tout à fait Jésus après sa résurrection lors de ses apparitions. Pourtant c’était bien le Seigneur. Ainsi pour Marie à Lourdes, c’est bien elle malgré une apparence différente.
Le dogme de l’Assomption est un des quatre dogmes marials avec la Maternité divine, la Virginité perpétuelle, l’Immaculée Conception et l’Assomption. Tous ces dogmes sont connexes. Ils sont reliés les uns aux autres.
L’Assomption est plus directement reliée à l’Immaculée Conception. Elle en est la conséquence immédiate. Puisque Marie est totalement sainte, préservée du tout péché, elle entre corps et âme au Ciel. Dotée d’un corps glorieux, signe de sa sainteté hors norme, la Vierge est capable de se déplacer en Esprit et se rendre visible sur la terre.
frère Marie-Ollivier Guillou
Le frère Marie-Ollivier Guillou est dominicain depuis 10 ans. Professeur de théologie et aumônier militaire, il partage son temps entre l'enseignement, la prédication de retraite, et la mission auprès des marins d'état. Il a publié plusieurs ouvrages consacrés à la théologie et la spiritualité.
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Sujet: Re: Théodom : Marie dans le Nouveau Testament Dim 24 Mai - 11:45
Marie, modèle de vie chrétienne
Dans l'Église, Marie semble une icône inaccessible. Elle est la toute sainte, sans péché. Pourtant l’Eglise ne craint pas de la proposer comme modèle de vie chrétienne. Est-ce vraiment possible ? Marie, modèle hors de portée ?
Marie est un modèle de vertus
Marie n’a jamais connu le péché, c’est vrai, contrairement à nous. Et pourtant, c’est un modèle de vie. Dans l’Evangile, Marie y apparaît comme le modèle des vertus chrétiennes:
Elle est le modèle d’une foi indéfectible : à l’Annonciation, elle accueille et dit oui, sans tout comprendre, au message de l’ange. C’est notre soeur dans la foi.
Elle est le modèle d’une espérance à toute épreuve : voyez Marie au pied de la croix, qui espère la résurrection de son fils.
Elle est le modèle d’une charité active. Par exemple à Cana elle prévient la demande des convives.
Elle est un modèle de missionnaire. A Cana aussi, elle accélère la révélation en déclenchant le premier miracle du Christ.
Elle est un modèle de disciple : Elle est la figure du disciple bienheureux dont Jésus nous dit qu’il écoute la parole de Dieu et qui la met en pratique “Heureux le sein qui t'a porté! heureuses les mamelles qui t'ont allaité! Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent!.”(Lc, 11:27-28)
Pour nous faire avancer, Marie ne serait qu’une sorte d’exemple ? Non, Marie est vivante, elle est notre compagnon de route : elle prie pour nous.
Depuis toujours les chrétiens se confient à la prière de Marie. Ils voient en elle une Mère qui les aide du haut du Ciel. Nous pressentons nous aussi que la Mère de Jésus peut nous aider dans notre vie quotidienne. La sainteté de Marie est si grande que sa prière doit être aussi très puissante. Les théologiens ont forgé une expression pour exprimer cela: Marie, elle est la Toute-puissance suppliante. Le “Je vous salue Marie”, prière séculaire de l’Eglise, nous le démontre. Il est certain que la prière de Marie est d’un grand secours pour les pécheurs que nous sommes. Pour aller au ciel, nous nous confions à Marie, tout au long de notre vie et à l’heure de notre mort: “Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.”
Et l’aide de Dieu là-dedans ? Oui, sans Dieu on pourrait se décourager. Mais Dieu nous aide. Premièrement nous sommes dotés de la grâce qui est la sainteté de Dieu passant dans nos vies. Nous ne sommes pas seuls, laissés à nos seules forces: Dieu lui-même agit au coeur de notre vie.
Il n'y aurait pas un exemple de saint proche de Marie pour nous encourager ? Si, parmi tous les saints, il en est un qui peut nous aider à comprendre l’exemplarité de Marie dans nos vies. Ce saint, c’est Louis-Marie Grignion de Montfort. Il explique à juste titre qu’en imitant Marie on est plus sûr encore d’imiter parfaitement Jésus. Car Marie n’a d’autre désir que de nous faire grandir en sainteté vers son Fils très aimé. En nous mettant à l’école d’une telle Mère, dit Grignion, nous sommes assurés bien vite d’arriver au sommet de l’Everest, et même d’atteindre la lune. Vivre en Marie, c’est revivre Jésus.
Marie est une créature comme nous. Elle a cheminé dans la foi, connu des inquiétudes, éprouvé des tentations, vécu son combat spirituel. A ce titre Marie n’est pas seulement admirable, elle est aussi un modèle inspirant et accessible. Certes elle demeure à jamais inégalée dans l’ordre de la sainteté. Mais Marie, par son exemple, nous attire au Christ et prie efficacement pour que nous donnions à son exemple toute notre mesure de sainteté.