| | conte de Noël | |
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Invité Invité
 | Sujet: conte de Noël Lun 26 Nov - 14:13 | |
| Conte de Noël Lorsque les bergers s'en furent allés et que la quiétude fut revenue, l'enfant de la crèche leva sa tête et regarda vers la porte entrebâillée. Un jeune garçon timide se tenait là… tremblant et apeuré. - Approche, lui dit Jésus. Pourquoi as-tu si peur ? - Je n'ose… je n'ai rien à te donner, répondit le garçon. - J'aimerais tant que tu me fasses un cadeau, dit le nouveau-né. Le petit étranger rougit de honte. - Je n'ai vraiment rien… rien ne m'appartient ; si j'avais quelque chose, je te l'offrirais… regarde. Et en fouillant dans les poches de son pantalon rapiécé, il retira une vieille lame de couteau rouillée qu'il avait trouvée. - C'est tout ce que j'ai, si tu la veux, je te la donne. - Non, rétorqua Jésus, garde-la. Je voudrais tout autre chose de toi. J'aimerais que tu me fasses trois cadeaux. - Je veux bien, dit l'enfant, mais que puis-je pour toi ? - Offre-moi le dernier de tes dessins. Le garçon, tout embarrassé, rougit. Il s'approcha de la crèche et, pour empêcher Marie et Joseph de l'entendre, il chuchota dans l'oreille de l'enfant Jésus : - Je ne peux pas… mon dessin est trop moche… personne ne veut le regarder ! - Justement, dit l'enfant dans la crèche, c'est pour cela que je le veux… Tu dois toujours m'offrir ce que les autres rejettent et ce qui ne leur plaît pas en toi. Ensuite, poursuivit le nouveau-né, je voudrais que tu me donnes ton assiette. - Mais je l'ai cassée ce matin ! bégaya le garçon. - C'est pour cela que je la veux… Tu dois toujours m'offrir ce qui est brisé dans ta vie, je veux le recoller… Et maintenant, insista Jésus, répète-moi la réponse que tu as donnée à tes parents quand ils t'ont demandé comment tu avais cassé ton assiette… Le visage du garçon s'assombrit, il baissa la tête honteusement et, tristement, il murmura : - Je leur ai menti… J'ai dit que l'assiette m'avait glissé des mains par inadvertance ; mais ce n'était pas vrai… J'étais en colère et j'ai poussé furieusement mon assiette de la table, elle est tombée sur le carrelage et elle s'est brisée ! - C'est ce que je voulais t'entendre dire ! dit Jésus. Donne-moi toujours ce qu'il y a de méchant dans ta vie, tes mensonges, tes calomnies, tes lâchetés et tes cruautés. Je veux t'en décharger… Tu n'en as pas besoin… Je veux te rendre heureux et sache que je te pardonnerai toujours tes fautes. Et en l'embrassant pour le remercier de ces trois cadeaux, Jésus ajouta : - Maintenant que tu connais le chemin de mon Cœur, j'aimerais tant que tu viennes me voir tous les jours…
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|  | | Gwenda

Nombre de messages : 154 Localisation : Région de Québec Date d'inscription : 30/09/2019
 | Sujet: Re: conte de Noël Lun 2 Déc - 3:59 | |
| https://www.maintenantunehistoire.fr/tag/ 1-decembre La légende de saint Éloi | Notre-Seigneur Dieu le Père, un jour, en Paradis, était tout soucieux. L’Enfant-Jésus lui dit :
« Qu’avez-vous, père ?
— J’ai, répondit Dieu, un souci qui me tarabuste… Tiens, regarde là-bas. — Où ? dit Jésus.
— Par là-bas, dans le Limousin, droit de mon doigt : tu vois bien, dans ce village, vers le faubourg, une boutique de maréchal-ferrant, une belle et grande boutique ?
— Je vois, je vois.
Eh ! bien, mon Fils, là est un homme que j’aurais voulu sauver : on l’appelle maître Éloi. C’est un gaillard solide, observateur fidèle de mes commandements, charitable au pauvre monde, serviable à n’importe qui, d’un bon compte avec la pratique, et martelant du matin au soir sans mal parler ni blasphémer… Oui, il me semble digne de devenir un grand saint.
— Et qui empêche ? dit Jésus.
— Son orgueil, mon enfant. Parce qu’il est bon ouvrier, ouvrier de premier ordre, Éloi croit que sur terre nul n’est au-dessus de lui, et présomption est perdition.
— Seigneur Père, fit Jésus, si vous me vouliez permettre de descendre sur la terre, j’essaierais de le convertir.
— Va, mon cher Fils.
Et le bon Jésus descendit. Vêtu en apprenti, son baluchon derrière le dos, le divin ouvrier arrive droit dans la nie où demeurait Éloi. Sur la porte d’Éloi, selon l’usage, était l’enseigne, et l’enseigne portait : Éloi le maréchal, maître sur tous les maîtres, en deux chaudes forge un fer.
Le petit apprenti met donc le pied sur le seuil et, ôtant son chapeau :
« Dieu vous donne le bonjour, maître, et à la compagnie : si vous aviez besoin d’un peu d’aide ?
— Pas pour le moment, répond Éloi.
— Adieu donc, maître : ce sera pour une autre fois. »
Et Jésus, le bon Jésus, continue son chemin. Il y avait, dans la rue, un groupe d’hommes qui causaient et Jésus dit en passant :
« Je n’aurais pas cru que dans une boutique telle, où il doit y avoir, ce semble, tant d’ouvrage, on me refusât le travail.
— Attends un peu, mignon, lui fait un des voisins. Comment as-tu salué, en entrant chez maître Éloi ?
— J’ai dit comme l’on dit : « Dieu vous donne le bonjour, maître, et à la compagnie ! »
— Ha ! ce n’est pas ainsi qu’il fallait dire… Il fallait l’appeler maître sur tous les maîtres… Tiens, regarde l’écriteau.
— C’est vrai, dit Jésus, je vais essayer de nouveau. Et de ce pas il retourne à la boutique.
— Dieu vous le donne bon, maître sur tous les maîtres ! N’auriez-vous pas besoin d’ouvrier ?
— Entre, entre, répond Éloi, j’ai pensé depuis tantôt que nous t’occuperions aussi… Mais écoute ceci pour une bonne fois : quand tu me salueras, tu dois m’appeler maître, vois-tu ? sur tous les maître, car, ce n’est pas pour me vanter, mais d’hommes comme moi, qui forgent un fer en deux chaudes, le Limousin n’en a pas deux !
Oh ! répliqua l’apprenti, dans notre pays à nous, nous forgeons ça en une chaude !
— Rien que dans une chaude ? Tais-toi donc, va, gamin, car cela n’est pas possible…
— Eh ! bien, vous allez voir, maître sur tous les maîtres ! »
Jésus prend un morceau de fer, le jette dans la forge, souffle, attise le feu ; et quand le fer est rouge, rouge et incandescent, il va le prendre avec la main.
« Aie ! mon pauvre nigaud ! le premier compagnon lui crie, tu vas te roussir les doigts !
— N’ayez pas peur, répond Jésus, grâce à Dieu, dans notre pays, nous n’avons pas besoin de tenailles. »
Et le petit ouvrier saisit avec la main le fer rougi à blanc, le porte sur l’enclume et avec son marteler, pif ! paf ! patati ! patata ! en un clin d’œil, l’étire, l’aplatit, l’arrondit et l’étampe si bien qu’on le dirait moulé.
« Oh ! moi aussi, fit maître Éloi, si je le voulais bien. »
Il prend donc un morceau de fer, le jette dans la forge, souffle, attise le feu ; et quand le fer est rouge, il vient pour le saisir comme son apprenti et l’apporter à l’enclume… Mais il se brûle les doigts – il a beau se hâter, beau faire son dur à cuire, il lui faut lâcher prise pour courir aux tenailles. Le fer de cheval cependant froidit… Et allons, pif ! et paf ! quelques étincelles jaillissent… Ah ! pauvre maître Éloi ! il eut beau frapper, se mettre tout en nage, il ne put parvenir à l’achever dans une chaude.
« Mais chut ! fit l’apprenti, il m’a semblé ouïr le galop d’un cheval… »
Maître Éloi aussitôt se carre sur la porte et voit un cavalier, un superbe cavalier qui s’arrête devant la boutique. Or c’était saint Martin.
« Je viens de loin, dit celui-ci, mon cheval a perdu une couple de fers et il me tardait fort de trouver un maréchal. »
Maître Éloi se rengorge, et lui parle en ces termes :
« Seigneur, en vérité, vous ne pouviez mieux rencontrer. Vous êtes chez le premier forgeron de Limousin, de Limousin et de France, qui peut se dire maître au-dessus de tous les maîtres et qui forge un fer en deux chaudes… Petit, va tenir le pied
Tenir le pied ! repartit Jésus. Nous trouvons, dans notre pays, que ce n’est pas nécessaire.
— Par exemple ! s’écria le maître maréchal, celle-là est par trop drôle : et comment peut-on ferrer, chez toi, sans tenir le pied ?
— Mais rien de si facile, mon Dieu ! vous allez le voir. »
Et voilà le petit qui saisit le boutoir, s’approche du cheval et, crac ! lui coupe le pied. Il apport le pied dans la boutique, le serre dans l’étau, lui cure bien la corne, y applique le fer neuf qu’il venait d’étamper, avec le brochoir y plante les clous ; puis, desserrant l’étau, retourne le pied au cheval, y crache dessus, l’adapte ; et n’ayant fait que dire avec un signe de croix : « Mon Dieu ! que le sang se caille », le pied se trouve arrangé, et ferré et solide, comme on n’avait jamais vu, comme on ne verra plus jamais.
Le premier compagnon ouvrait des yeux comme des paumes, et maître Éloi, collègues, commençait à suer.
« Ho ! dit-il enfin, pardi ! en faisant comme ça, je ferrerai tout aussi bien. »
Éloi se met à l’œuvre : le boutoir à la main, il s’approche du cheval et, crac, lui coupe le pied. Il l’apporte dans la boutique, le serre dans l’étau et le ferre à son aise comme avait fait le petit. Puis, c’est ici le hic ! il faut le remettre en place ! Il s’avance du cheval, crache sur le sabot, l’applique de son mieux au boulet de la jambe… Hélas ! l’onguent ne colle pas : le sang ruisselle et le pied tombe.
Alors l’âme hautaine de maître Éloi s’illumina : et, pour se prosterner aux pieds de l’apprenti, il rentra dans la boutique. Mais le petit avait disparu et aussi le cheval avec le cavalier. Les larmes débondèrent des yeux de maître Éloi ; il reconnut qu’il avait un maître au-dessus de lui, pauvre homme ! et au-dessus de tout, et il quitta son tablier et laissa sa boutique et il partit de là pour aller dans le monde annoncer la parole de Notre-Seigneur Jésus. |
|  | | Espérance

Nombre de messages : 3941 Age : 76 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
 | Sujet: Re: conte de Noël Lun 2 Déc - 10:36 | |
| Merci Gwenda.
Je ne connaissais pas ce conte et pourtant, dans ma jeunesse, nous fêtions St Eloi, patron de tous ceux qui maniaient la ferraille et même beaucoup d'autres outils.
Alors, j'en profite pour les confier au Seigneur, par l'intermédiaire de St Eloi. |
|  | | Azur

Nombre de messages : 166 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 02/02/2019
 | |  | | Gwenda

Nombre de messages : 154 Localisation : Région de Québec Date d'inscription : 30/09/2019
 | Sujet: Re: conte de Noël Lun 2 Déc - 22:10 | |
| Il est plus aisé pour un chameau de passer par le trou de l’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux. (Matthieu, 19 – 23.)
Je pose sept et je retiens un…
La femme de charge essuya ses lunettes, remonta la mèche de la lampe et, pour la troisième fois, recommença son addition.
Certainement elle était bonne. Mais elle était terrible.
Avoir si peu mangé et tant, tant, tant dépensé !
Sur l’autre page du cahier, celle des recettes, une autre malheureuse petite addition trop courte essayait de faire bonne contenance et de se mesurer bravement avec la première…
Non ! on avait beau tirer dessus, il n’y avait plus moyen de joindre les deux bouts.
 Mais n’était-ce pas ces jours-ci que les Gaudet payaient leur terme ? Elle regarda le calendrier : « Noël !… »
Oh ! oui ! elle savait bien que Noël arriverait ce soir, mais, pour la première fois de sa vie, elle n’avait pas pris la joie d’y penser. Et il était venu, il était là devant elle : la grande veillée commençait.
Et Charlette se sentit en faute parce qu’il ne lui restait plus qu’à peine quelques heures pour apprêter avant minuit son cœur de grande fête.
On ne peut pas servir deux maîtres : Dieu et l’Argent.
L’argent, elle n’en avait guère — ses gages, son livret de Caisse d’Épargne. Quand même, de tous ses efforts, elle était à son service. Oh ! ce n’était pas son métier et c’est pourquoi, justement, il lui donnait tant de mal, beaucoup plus, bien sûr, qu’aux personnes capables. Quand elle était petite fille, elle avait gardé les moutons. Puis elle était allée en classe, puis en condition. Il y avait bientôt trente ans qu’elle était entrée chez Madame et qu’elle y restait à faire tout ce qu’on voulait et même plus. Un peu plus chaque année. Monsieur était mort. M. Jacques avait disparu à la guerre et Madame était devenue peu à peu si vieille, si lasse, qu’elle n’était plus bonne à rien qu’à manger, se chauffer et flatter le chat.
À mesure qu’elle vieillissait, elle avait laissé de plus en plus à sa servante le soin d’aller en boutiques, à la banque, dans les bureaux, de parler aux fournisseurs, aux ouvriers et aux locataires, si bien que, de bonne à tout faire qu’elle était, cuisinant, lavant, ravaudant et soignant des maladies, Charlette était devenue en plus gérante de biens.
Depuis, elle n’avait plus que des soucis dans la tête. Elle s’était mise à garder l’argent de Madame comme elle avait gardé jadis le troupeau de sa nourrice avec un grand tremblement d’honnête bergère, comptant et recomptant le soir les brebis et les agneaux (aujourd’hui c’étaient les sous et les pièces) et veillant sur lui à toute heure pour l’empêcher de se perdre, de dépérir ou de souffrir quelque dommage. Las ! l’argent était plus sacré encore et comme il s’égarait au moindre calcul, c’était un terrible ouvrage que d’en rendre compte à soi-même avec exactitude.
Si encore il n’y avait eu que l’argent, même cet argent de papier qu’elle avait pris l’habitude d’aller quérir de temps à autre chez un banquier de la ville et qui lui faisait assez peur parce qu’il augmente et diminue sans que personne en sache rien, mais Madame avait trois maisons.
Elles avaient été neuves du temps de son arrière-grand-père. Maintenant, il leur manquait toujours un morceau et les gens qui les habitaient venaient réclamer, le dimanche.
— Mam’zelle Charlette, il pleut chez nous… Mam’zelle, le vent d’hier a emporté le chapeau de la cheminée… Mam’zelle, la gouttière ne tient plus. Si ça tombe sur nous, on ira se plaindre…
Et Charlette, dès le lundi, courait chez le maçon, chez le plombier, chez le fumiste :
— Allez vite remettre des tuiles au toit… Allez vite raccrocher la gouttière… Allez vite recoiffer la cheminée.
Et le jeudi, comme personne n’était venu, elle retournait chez le maçon, chez le fumiste, chez le plombier :
— Il pleut sur ces pauvres Piault, hâtez-vous, mon-sieur Bouchardat… Dépêchez-vous, monsieur Paoli, chez Gaudet, la cheminée fume. Chez monsieur Robinot, il faut y aller demain sans faute.
— Sans faute, oui ! disaient les hommes.
Mais le vendredi, ils n’y allaient pas. Et le samedi, personne ne fait rien, et le dimanche, tout le monde se repose.
Ah ! Milon, le voisin, parlait d’un autre ton et il était servi à l’heure : « Vous, aujourd’hui, demain un autre ! » Mais elle, Charlette avait été servante si longtemps qu’elle ne savait pas commander et dire aux gens, quand il faut, des paroles raides. Elle ne savait bien qu’obéir. Depuis qu’elle était au monde, elle avait toujours été soumise à toutes les autorités du ciel et de la terre, aux commandements de Dieu, aux ordres de Madame, aux mandements du carême, aux arrêtés de M. le Maire, aux ordonnances de la police, aux lois… Ah ! les lois ! quel respect elles lui inspiraient ! quelle crainte ! De tous les côtés il y en a qui ordonnent, défendent, empêchent, interdisent, et on ne sait pas seulement où elles sont, ni ce qu’elles veulent, ni le danger où elles vous mettent. Elles sont tendues partout comme des rets cachés pour vous faire tomber quand on n’y pense pas dans des embarras à n’en plus sortir. Charlette n’en menait pas large quand elle remplissait péniblement, chaque année, les feuilles de M. le Contrôleur de chiffres hésitants — peut-être justes, peut-être pas — qui se retourneront contre vous si on se trompe. Mais son plus grand trouble lui venait de ces individus sans moralité qui ne se gênent plus à présent pour fouler aux pieds le droit des autres — le droit de Madame — car il fallait bien essayer de les en empêcher…
Alors, elle allait consulter Me Paupître, un cousin de feu Monsieur, qui trouvait du premier coup la plus excellente des lois — il y en a aussi quelques bonnes — pour barrer la route à ceux qui empiètent sur le voisin. Il ne fallait que l’appliquer avec un bon papier timbré, un huissier ou un procès. Hélas ! le malheur était que la pauvre femme de charge en eût voulu découvrir une autre meilleure encore qui rendît à chacun le sien sans chercher noise à personne. « Attaquer ces gens-là, Seigneur ! » Parfois elle n’en dormait pas.
Mais Madame, elle, dormait bien. Dormant de nuit, somnolant de jour, elle n’avait pas entendu arriver la difficulté des temps ni diminuer sa vieille aisance quand, à la fin, le charbon, le sucre et tout ayant trop et trop augmenté, Charlette était venue lui dire, rouge et embarrassée comme une coupable :
— Madame, il faudrait réduire la dépense.
— Oui ! oui ! avait répondu Madame, réduisez, ma bonne Charlette. Faites pour le mieux, ma fille, j’ai confiance en vous.
— Alors, Madame, nous pourrions… le poulet du dimanche… Le poulet vaut en ce moment quinze francs la livre ! 1
— Mon poulet ! Vous voulez m’ôter mon poulet ! Va-t-on me priver de tout à tout âge ! J’ai déjà supprimé les voyages, la toilette… Arrangez-vous autrement, ma bonne Charlette. Réduisez tant que vous voudrez pourvu qu’il ne me manque rien.
Oui, la vie était difficile…
Si difficile que, ce soir, Noël était arrivé, qu’il serait tantôt minuit et qu’elle, Charlette, n’avait pas encore eu le temps de préparer ses prières.
Elle chercha son vieux livre de cantiques et voulut chanter un air pieux pour ramener à la religion toutes ses pensées. Mais les pensées ne se laissèrent pas faire et pendant qu’elle commençait : « Venez, divin Messie », elles coururent à toute vitesse de leur côté :
« Venez, divin Messie… — Comment réglerai-je, le trente, notre vieille note de charbon ?… — Sauvez nos jours infortunés… — Il faudrait bien que Gaudet vînt payer son terme… — Venez, source de vie… — S’il allait ne pas venir ?… — Venez… — Il ne viendra pas… que vais-je faire ?… Venez… — Emprunter à Me Paupître ?… — Venez !… — Il est en voyage… Reviendra-t-il à temps ?… J’irai le trouver demain… Non ! pas demain, c’est Noël… Noël ! Ah ! qu’est-ce que je fais ! C’est l’Argent que j’appelle. O mon Dieu, je ne peux plus prier ! »
Quoi d’étonnant à cela ? Toutes les fois ou presque, cette année, qu’une prière s’était présentée à la porte du cœur, une besogne plus pressée qu’elle avait pris sa place. À la fin, lasses d’attendre dehors, les prières étaient parties, les cierges du cœur étaient tous éteints et il n’y avait plus moyen d’y célébrer une grande fête.
Ah ! elle le voyait bien ce soir, l’Argent lui avait porté malheur. Elle avait trop longtemps chargé sur son dos l’avoir pesant et menacé d’une vieille dame endormie. Il s’était accroché à elle et elle s’était appliquée à remplir de son mieux tous ses devoirs envers lui. À lui, elle s’était dévouée ; pour lui, elle avait marché, trimé, veillé. À la fin, elle n’en pouvait plus.
Et la fatigue n’eût rien été si lui, l’Argent, ce mauvais être, ne l’avait livrée à ses diables, à ces chiffres griffus, crochus, qui ne l’avaient plus jamais lâchée et lui avaient si bien rongé et sucé le cœur qu’il ne restait plus dedans une seule goutte de grâce.
Nul ne peut servir deux maîtres.
Elle avait servi l’Argent.
Et sa seule excuse était que c’était l’Argent d’autrui.
* * *
C’est alors qu’elle entendit sur la route un accordéon et des flûtiaux.
C’était le cortège de Noël qui s’en allait à la crèche. D’abord venaient les bergers qui jouaient de la musique et les enfants qui agitaient des sonnettes. Et, tout le long du chemin, les gens sortaient de leurs maisons pour se joindre à eux avec leurs cadeaux. Les bergers portaient un agneau ; la fermière, des œufs, des fromages ; le vigneron, des bouteilles de vin ; la sage-femme, un chou ; le boulanger, une galette ; l’épicière, des chandelles. Et, de loin, arrivaient les Mages avec leur étoile et leur suite.
« Ah ! songea Charlette, l’an dernier, je portais une belle potée de roses de Noël. Elles étaient sorties juste à temps de la terre noire comme de petites lumières blanches pour éclairer le berceau de l’Enfant Jésus. »
Mais, cette année, elle n’avait pas pris le temps de les arroser et aucune fleur n’avait fleuri. « Comment me présenterai-je, ce soir, à la crèche ? Mes mains sont vides. Même les animaux sont meilleurs que moi. Ce gros bœuf de peu d’esprit a quitté à temps la charrue pour aller veiller l’Enfant cette nuitée. »
— Charlette !
Madame avait besoin d’elle. Elle courut… revint…
Maintenant, le cortège de Noël était passé. On n’apercevait plus au dernier détour du chemin que trois grosses ombres : les trois majestueux derrières de trois éléphants qui lentement se déplaçaient et disparurent à l’horizon.
Trop tard pour aller à la crèche. Trop tard…
Comme elle allait fermer la fenêtre, soudain, juste sous la lune, à l’extrémité du pays, elle vit venir une autre bête.
C’était un chameau de la suite des Mages qui avait perdu le cortège et s’était mis en retard. Avec ses deux bosses pelées, son vieux dos râpé, ses poils pendants, ses genoux calleux, ses longues jambes maigres et l’amoncellement de fardeaux — outres, sacs, coffres, ballots — qui lui rompait le col sans qu’il pût redresser la tête, il avait l’air si pauvre bête, si misérable, si accablé, que la femme de charge en eut compassion et lui demanda :
— Où vas-tu ?
— À Bethléem. Je ne sais pas si j’arriverai. Ils m’ont trop chargé, cette année, et j’ai dû faire un grand détour. Je n’ai pas pu passer par le trou de l’Aiguille.
— Moi non plus, dit la femme de charge.
Le chameau pencha la tête de côté et la regarda curieusement de ses gros yeux jaunes et obliques de mouton bonasse :
— Je te prendrais bien sur mon dos mais, tu vois, il n’y a plus dessus une seule petite place. Viens, nous irons de compagnie. Je ne sais pas si nous arriverons, mais il faut toujours essayer. Que portes-tu de beau là-bas ?
— Rien.
— C’est comme moi. Je n’ai que ma charge. Emporte la tienne aussi. D’abord, on ne peut pas faire autrement et puis elles serviront peut-être. Les charges, depuis que j’en porte, ont toujours servi à quelque chose.
Alors la femme de charge fit un grand effort et chargea sur ses épaules tous ses embarras, ses comptes et ses calculs de l’année, ses additions, ses soustractions, et les recettes, et les dépenses, et Madame, et les trois maisons, et les ouvriers, et les locataires et toutes les lois bonnes ou mauvaises du pays…
— Vois-tu, dit le chameau, nous n’arriverons peut-être pas jusqu’à la maison de Dieu, mais un pas est toujours un pas. Il faut au moins faire preuve de bonne volonté.
* * *
Quand ils arrivèrent à l’étable, la grande fête de la nuit était finie. (Les fêtes finissent toujours par finir.) Après avoir bien adoré, bien joué de la musique, bien chanté, les bergers s’en étaient allés rejoindre leurs troupeaux, les gens du village étaient rentrés chez eux, les Mages se reposaient sous leur tente et l’Étoile était couchée.
Le chameau allongea le cou vers une petite lucarne et regarda dans la chaumine. Là-dedans aussi tout le monde dormait, le petit enfant dans la crèche, l’homme, la femme, le bœuf et l’âne. Le chameau regarda long-temps et retira maladroitement sa grosse tête de la lucarne.
— Qui est là ? cria saint Joseph.
— Le chameau, dit la bête de somme.
— Le chameau, dit la femme de charge.
Et voici que de l’ombre une voix monta, si haute, si pure, qu’elle vous enlevait le cœur au ciel :
— Entrez, vous qui êtes chargés…
Mais ils ne purent pas entrer car la porte était trop basse. Alors, sur le seuil du logis, le chameau plia ses longues jambes, pencha de côté son grand corps, s’agenouilla d’un mouvement brusque et demeura devant l’Enfant, ne sachant pas d’autre prière.
Et la femme de charge, à genoux aussi, n’en disait pas davantage.
— Bonnes gens, reprit la voix céleste, qu’apportez-vous à mon Enfant ?
— Rien, dit le chameau, des bagages. Tout ce dont les hommes ont besoin en route, des vivres, des couvertures, des marchandises, des trésors, les utiles, les inutiles… Et nous ne pouvons même pas vous les donner. Ils ne sont pas à nous. Nous ne faisons que les porter. Le dos nous fait mal. C’est lourd.
— Très lourd, dit la femme de charge.
— Ah ! murmura la Sainte Vierge, mon petit Enfant que voici est venu pour porter, un jour, un faix bien plus lourd encore.
Mais la femme de charge pleura.
— O Sainte Mère, son faix à lui sera la volonté de Dieu. Tandis que moi, qu’ai-je porté ? Du bien-être de vieille dame, des besoins de maisons, des aises de locataires, des exigences de lois, des peines et des devoirs d’argent. C’est lui, l’autre maître, et pas Dieu, qui m’a tellement accablée et ma charge n’est que vaine prudence et avarice d’homme.
La voix de la Sainte Vierge trembla un peu :
— Mon petit Enfant que voici est venu pour être écrasé sous le poids des péchés du monde.
Une larme qu’elle avait dans les yeux tomba sur le dos du chameau. Aussitôt il sentit sa charge qui se détachait, s’élevait de lui et montait, légère, flottait comme un nuage gonflé de ciel derrière lequel est caché le paradis des anges. Et la femme de charge entendit une gaie petite chanson qui accourait de son enfance et se mit à chanter dans son cœur pauvre :
Le petit Jésus s’en va-t‑à l’école En portant sa croix…
Porter chantait comme une chanson, porter était beau comme une prière, porter était devenu tout doucement une besogne de Dieu.
— Charlette !…
— Ho ! hu ! ho !
— Charlette !…
— On m’appelle, dit la femme de charge.
— On a besoin de moi, dit le chameau.
Et, sur le chemin du retour, il se prit à gambader avec ses longues jambes et fit entendre un drôle de petit rire chevrotant de chameau dont toutes les bêtes de la route furent étonnées. La femme de charge riait aussi et d’un bond sauta le fossé comme une petite fille toute fraîche.
Ils venaient de passer par le trou de l’Aiguille.
Marie Noël Contes, Éditions Stock, 1949 Illustrations de Michel Gourlier |
|  | | Gwenda

Nombre de messages : 154 Localisation : Région de Québec Date d'inscription : 30/09/2019
 | Sujet: Re: conte de Noël Mer 4 Déc - 0:12 | |
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La construction de la tour de Babel
Auteur : Hunermann, Père Guillaume.
S’il te plaît, grand-mère, voudrais-tu me faire réciter l’Histoire Sainte ? » demanda le petit Joseph à la vieille paysanne de la ferme des Tilleuls, assise près de la cheminée et qui faisait glisser les grains de son chapelet entre ses doigts.
« Attends que j’aie fini », répondit-elle, en commençant la dernière dizaine des mystères glorieux.
« Mais tu n’auras qu’à continuer de prier après », dit le petit avec une moue de mécontentement. Mais grand-mère ne répondit point. Ses pensées suivaient la Vierge au ciel, où le Père Éternel la parait de la couronne de toute magnificence.
« Je peux te faire réciter, moi », proposa Louis, quatorze ans, qui fréquentait le lycée de la ville. « Viens, donne-moi ton Histoire Sainte. »
« Soit ! » répliqua Joseph, et il tendit le livre à son frère. Et il commença à réciter sa leçon.
« La construction de Babel. L’humanité entière parlait la même langue. Mais s’aventurant vers l’est, les hommes découvrirent une plaine dans le pays de Senaar et y plantèrent leurs tentes. Et ils se dirent : Faisons des tuiles et cuisons-les. Et la tuile leur servit de pierre de construction et l’asphalte de béton. Et ils dirent : Construisons-nous une ville et une tour dont la pointe atteigne le ciel. Ainsi, nous nous créerons un nom avant de nous disperser par toute la terre. »
« Eh bien ! ils auraient mieux fait de rester tranquilles », grogna Louis en jetant un regard furibond sur son livre de latin posé sur la table.
« Mais laisse-moi donc réciter et ne me fais pas perdre le fil », grogna Joseph et il continua à réciter :
« Et le Seigneur descendit voir la ville et la tour que les enfants d’Adam construisaient. Et il dit : « C’est un seul peuple et il parle une même langue. Nous allons embrouiller leur langue, afin qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres. »
« C’est ce qui fit notre malheur », grogna Louis en frappant violemment sur le livre de latin. « Si les maçons, à ce moment-là, avaient fait grève, je ne serais pas obligé, maintenant, de me bourrer le crâne de tous ces mots étranges. Ils auraient bien pu trouver autre chose pour se faire un nom. »
« Qu’est-ce que cela signifie, au juste, se faire un nom ? » demanda Joseph.
« Allons donc ! Tout le monde comprend cela », expliqua l’aîné. « Dernièrement il y avait une troupe de saltimbanques dans notre village, tu t’en souviens ? Et ils avaient collé des affiches, sur lesquelles se trouvaient les noms de tous les artistes ; les uns étaient inscrits en petits caractères, d’autres en grands, le nom de l’homme qui faisait des acrobaties sur un mât de quarante mètres de haut, eh bien ! celui-là avait son nom en lettres géantes sur la pancarte. Te voilà renseigné. »
« J’aimerais bien que mon nom figure un jour sur une affiche comme ça », soupira Joseph. « Mais je ne saurais pas me tenir sur la tête au bout d’un si grand mât. »
« Mais tu pourrais essayer autre chose pour te faire un nom », proposa Louis. « Moi, par exemple, je serai coureur automobiliste. Et je prendrai les virages à la corde, à cent à l’heure sur la piste de Nuremberg, dans un fracas de tonnerre. Ce sera sensationnel. Et on verra mon nom en lettres géantes dans tous les journaux. »
« Allons donc ! Ce n’est pas possible sur les pages d’un journal. »
« Tant pis », dit Louis. « Peut-être serai-je aussi champion du monde de boxe, catégorie poids-lourd. Quand j’aurai mis tous les boxeurs européens k.o., je partirai en Amérique pour conquérir le titre de champion du monde. Tu verras comme je deviendrai célèbre. Ils me nommeront « Louis aux muscles de fer ». Et les journalistes m’intervieweront pour me demander ce que je prends pour mon petit déjeuner, quelle est la marque de mon dentifrice, et tout cela ils l’écriront dans leurs journaux. »
« Mais moi aussi, je veux avoir un nom, lorsque je serai grand », assura Joseph. « Peut-être deviendrai-je général ou pape, ou bien pilote d’un monorail Alweg. Et je serai encore bien plus célèbre que toi. »
« Oui, mais si plus tard je parcours la jungle et que j’attrape des lions et des tigres, je serai bien plus célèbre encore. Parce qu’alors, je paraîtrai dans les plus grands cirques du monde comme dompteur, vois-tu ? Et alors, au seul claquement de mon fouet, les lions bondiront par-dessus ma tête ou feront de la bicyclette et je leur donnerai un petit pain pour les récompenser d’avoir bien travaillé. »
« Et moi, et moi ! » dit Joseph en bégayant d’excitation. Mais vraiment, il ne trouvait pas, pour l’instant, ce qui pouvait être plus célèbre qu’un dompteur. Et il se fâcha et s’écria : « En tous les cas, je serai cent fois plus célèbre que toi, et si je deviens vraiment pape, tu devras baiser mes mules ! »
« Vous n’avez pas bientôt fini ? » s’exclama la fermière des Tilleuls, qui venait d’achever ses prières. « Vous êtes bien comme les constructeurs de la tour de Babel. Et vous auriez aussi bien mérité la punition de Dieu. Ne voyez-vous donc point que toute la misère du monde découle uniquement du fait que les hommes veulent se faire un nom au lieu de penser d’abord à celui de Dieu ? C’est pourquoi il y a eu tant de guerres, c’est pourquoi votre père est tombé en Russie, c’est pourquoi des millions et des millions d’hommes sont morts et que la famine et la maladie affligent l’humanité. »
« Oui, mais je ne ferai mourir personne si je deviens pape ou pilote », se défendit Joseph.
« Et si moi je deviens boxeur ou coureur ou dompteur, personne ne mourra de faim pour autant », grogna Louis.
« Ce n’est pas du tout cela qui importe », répliqua la grand-mère en souriant. « Et, de plus, tu feras probablement bien autre chose, peut-être seras-tu employé des postes ou greffier, et quand tu auras vingt-cinq ans de service, ton nom figurera une seule fois dans le journal. Mais tout cela est sans importance. L’essentiel, c’est que vous remplissiez fidèlement votre devoir, alors tout ira bien et votre vie sera agréable à Dieu. Mais c’est l’ambition de se faire un nom qui apporte le malheur dans le monde. Il n’existe qu’un seul nom que nous devons magnifier, et c’est le nom de Dieu. Si tous les hommes y aspiraient, le monde redeviendrait bientôt un paradis. Je vais vous raconter à présent l’histoire d’un petit garçon qui voulait également se faire un nom. »
« Chic, grand-mère, raconte », s’écrièrent les garçons et, impatients, ils rapprochèrent leurs tabourets de la vieille fermière.
« Bien. Donc », commença l’aïeule, « il y avait un petit garçon qui habitait un château fort en Espagne et qui s’appelait François Xavier. Lorsqu’il eut atteint sa onzième année, il y eut une guerre parce que, une fois de plus, des rois voulaient se faire un nom. Et le château fort fut détruit de fond en comble. On fit sauter toutes les murailles et toutes les tours et le père de François Xavier devint très pauvre. En voyant comme le beau château était détruit, le petit garçon serra les poings et piétina de colère.
« J’aurais fait de même », grogna Louis.
« Laisse donc grand-mère raconter », reprit le cadet.
« Et François Xavier se rendit à la chapelle du château qui, seule, était restée intacte, se plaça devant le crucifix et s’écria : « Écoutez-moi bien, Seigneur ! Je vais faire en sorte de reconstruire le château et mon nom deviendra si grand que personne ne pourra jamais l’oublier. »
Dix ans plus tard, il vint à Paris pour parfaire ses études à l’université, car il voulait devenir un homme célèbre.
« Et l’est-il devenu ? » demanda Louis.
« Écoutez bien ! François Xavier rencontra à Paris un compatriote, qui avait été un brillant officier jusqu’au jour où, en défendant une ville, un boulet de canon lui arracha une jambe. L’homme s’appelait Ignace et était un grand saint. Par la suite, il eut souvent des conversations avec Xavier, et il lui expliqua clairement l’absurdité de vouloir se faire un nom, car il n’y avait qu’un nom qu’on avait le droit de magnifier, et ce nom, c’était celui de Dieu. François Xavier se mit alors à réfléchir sur la question et comprit qu’Ignace avait raison. Plus tard, il devint missionnaire, voyagea jusqu’aux Indes et au Japon, proclamant partout le nom de Dieu. Des centaines de mille se convertirent. Mais François Xavier mourut sur une petite île solitaire près de la côte chinoise, heureux d’avoir pu prêcher le nom de Dieu à tous les hommes. »
Saint François Xavier a travaillé à la gloire de Dieu
« Mais il n’a pas tenu son serment, alors », dit Joseph, après un instant de réflexion.
« Il l’a tenu. Bien qu’il n’ait pas reconstruit le château de son père. En compensation, il a reconstruit le royaume de Dieu dans le vaste monde, et, si plus tard, il oublia complètement de se faire un nom et mourut, délaissé, dans une misérable hutte, il est tout de même devenu un homme célèbre et tous les chrétiens prononcent son nom avec le plus grand respect. En effet, le petit garçon espagnol est devenu le grand saint François Xavier. »
Lorsque la grand-mère eut achevé son récit, les deux garçons se turent. Ils avaient compris la bêtise de vouloir se faire un nom, et que le seul devoir était de rechercher l’honneur de Dieu.
« Moi aussi, je serai missionnaire », dit Louis, enfin.
« Et moi, un saint », affirma Joseph.
« Même si vous ne le devenez pas », répondit la vieille femme, dans un sourire, « vous pourrez quand même honorer le nom de Dieu. Lorsque vous apprenez votre leçon, que ce soit l’histoire de la tour de Babel ou des mots latins, et que cela vous est particulièrement pénible parce qu’au-dehors le soleil brille et qu’une partie de foot bail semblerait merveilleuse, alors dites bien doucement : pour la gloire de Dieu ! et faites votre devoir. Ainsi vous louerez Dieu et accomplirez ce qui est juste et tout sera bien, et il en sera ainsi tout au long de la vie. Et quand tous les hommes feront leur devoir pour l’amour de Dieu, le bonheur reviendra sur notre pauvre terre. Et maintenant, nous allons prier très pieusement le Notre-Père et demander à Dieu de vous accorder de devenir un jour des hommes braves et actifs, qui feront le bien pour sa plus grande gloire. »
Les garçons joignirent respectueusement les mains, et la grand-mère commença la prière. Lorsqu’elle parvint à la première demande, elle prononça d’une voix particulièrement émouvante : « Que votre nom soit sanctifié ! » |
|  | | Gwenda

Nombre de messages : 154 Localisation : Région de Québec Date d'inscription : 30/09/2019
 | Sujet: Re: conte de Noël Mer 4 Déc - 20:42 | |
| Le vieux cordonnier Un soir de noël, un vieux cordonnier se reposa dans son petit magasin en lisant : « La visite des hommes sages à l’Enfant Jésus. » À la lecture des cadeaux que les bergers et les rois mages apportèrent à la crèche, il se dit : « Si demain était le premier Noël, et si Jésus devait être né ce soir dans cette ville, je sais ce que je lui donnerais ! »
Il se leva et prit d’une étagère deux petites chaussures en cuir neige-blanc le plus mou, avec des boucles argentées lumineuses qu’il venait de finir : « Je lui donnerais cela, mon travail le plus fin. Que sa mère sera heureuse ! Mais je suis un vieil homme idiot, pensa-t-il avec un sourire. Le Maître n’a aucun besoin de mes pauvres cadeaux. »
Remettant les mignonnes chaussures à leur place, il souffla la bougie, et alla se reposer. Il ferma ses yeux, quand il entendit une voix qui appelait son nom. « Martin ! » Intuitivement, il reconnut cette voix. « Martin, tu as envie de Me voir. Demain je passerai devant ta fenêtre. Si tu me vois, offre-moi ton hospitalité : je serai ton invité et m’assiérai à ta table. »
Il ne dormit pas cette nuit-là à cause de la joie qu’il éprouva. Bien avant l’aube, il se leva et rangea son petit magasin. Il nettoya et cira le parquet, il tressa branches de sapin vert pour en décorer les poutres de sa maison. Il prépara un fin gâteau, un pot de miel, un pichet de lait frais sur la table et, au-dessus du feu, il accrocha un pot de café.
Quand tout fut fin prêt, il se mit à la fenêtre pour être sur de voir Jésus dès qu’Il s’approcherait de sa demeure. Il était sûr qu’il reconnaîtrait le Maître.
En observant le verglas et la pluie dans le froid, la rue abandonnée, il pensa à la joie qu’il aura quand il sera assis et mangera le pain avec son Invité divin. Il aperçut un vieux balayeur qui passa près de là, soufflant sur sa main mince pour les chauffer. « Pauvre homme ! Il doit être à moitié gelé » pensa Martin. Ouvrant la porte, il lui dit « Entre, mon ami, et chauffe-toi, et boit une tasse de café chaud. » L’homme transi accepta l’invitation avec reconnaissance.
Une heure passa, et Martin vit une femme pauvre, vêtue tristement et portant un bébé. Elle fit une pause, d’un air fatigué, pour se reposer dans l’abri de sa porte. Rapidement il ouvra sa porte : « Entrez et chauffez-vous, reposez-vous. Vous ne vous sentez pas bien ? » lui demanda-t-il. « Je vais à l’hôpital. J’espère qu’ils me accepteront, mon bébé et moi, expliqua-t-elle. Mon mari est en mer, et je suis malade, sans une âme à qui demander de l’aide. »
« Pauvre enfant ! pleura le vieil homme. Mange quelque chose et réchauffe-toi. Je vais donner une tasse de lait au petit. Ah ! Quel joli enfant ! Pourquoi n’a‑t-il aucune chaussure sur lui ! »
« Je n’ai aucune chaussure pour lui, » soupira la mère.
chaussures-de-noel pour bebe jesus« Alors il aura cette belle paire que j’ai finie hier. » Et, avec un léger pincement de cœur, Martin prit les chaussures molles, petites, neiges blanches qu’il avait regardé la soirée auparavant et qu’il réservait pour le Divin visiteur qu’il attendait. Cependant il les glissa sur les pieds de l’enfant. Elles lui allaient parfaitement. Et la jeune mère s’en alla, pleine de gratitude, Martin retourna à son poste, près de la fenêtre.
Les heures s’écoulèrent et encore d’autres personnes dans le besoin partagèrent l’hospitalité du vieux cordonnier, mais l’Invité tant attendu n’apparut pas.
Quand la nuit tomba, Martin se retira dans son lit avec un cœur lourd. « C’était seulement un rêve, soupira-t-il. J’ai espéré et ai cru, mais il n’est pas venu ».
Tout à coup, la salle fut inondée par une nuée lumineuse : et le cordonnier vit le balayeur, la mère malade et son bébé, et toutes les personnes qu’il avait aidées pendant la journée. Chacun lui sourit et dit : « Ne m’avez-vous pas vu ? Ne me suis-je pas assis à votre table ? » et disparut.
Alors doucement dans le silence, il entendit encore la voix douce, répétant les vieux mots familiers : « Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits-enfants me reçois moi-même ; et quiconque me reçoit non pas moi, mais celui qui m’a envoyé… Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire, j’étais étranger, et vous m’avez recueilli. »
« Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ce plus petit de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » https://www.maintenantunehistoire.fr/le-vieux-cordonnier/ |
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Nombre de messages : 4620 Age : 45 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
 | Sujet: Re: conte de Noël Ven 25 Déc - 3:02 | |
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