Certains ont utilisé le terme: "corrédemption". Je voudrais juste donner quelques informations ecclésiales et théologiques.
Utiliser des mots oui, mais ce qui est important c'est de savoir ce qu'on y met. Je parle ici seulement du mot "corrédemption". Depuis plus de 50 ans l'Eglise est prudente dans l'utilisation de ce terme. Car de fait il peut porter différentes significations. Je m'explique: la Rédemption, dogmatiquement parlant, est due seulement au Christ, pour la simple raison qu'il est le seul à être et Dieu et homme à la fois. Marie n'est pas Dieu. Ainsi, Marie est considérée comme "première des sauvés". Elle ne sauve pas au sens strict. Seul le Christ a tout le mérite du Salut.
Cela dit, la Foi Chrétienne, croît que Dieu nous associe à la Rédemption, non pas comme cause première (seul le Christ est cause première car il est Dieu), mais comme un partage de ce qu'il a fait. Saint Paul lui-même dit que nous sommes les collaborateurs du Christ, qu'il engendre les communautés des croyants à Dieu, qu'il complète en sa chair ce qui manque au Corps du Christ etc… Si nous l'Ecriture l'accorde à saint Paul à plus forte raison pour Marie (même si Marie a une place "à part").
De plus, la Foi chrétienne voit que Dieu a donné à Marie un poste unique dans la Rédemption. Elle engendre, par le Christ, et en Christ, les enfants de Dieu. Elle est bien la Mère de chacun de nous. Elle est l'Eve nouvelle dit Irénée (deuxième siècle), et le Christ lui-même dit: "voici ta Mère", et les chrétiens ont compris que ce n'était pas à saint Jean seulement que la parole était adressée! Mais ceci n'est pas en contradiction avec le fait qu'elle est elle-même sauvée par le Christ. Les deux vont ensemble. Si on tient compte de ces deux aspects et qu'on les articule bien, il n'y a pas de place à l'équivoque.
Jean Paul II a très habilement contourné la difficulté (c'est-à-dire le fait que l'Eglise n'utilise plus le terme depuis une cinquantaine d'année pour éviter la confusion) en appelant Marie: "Mère du Rédempteur". Ce qui, en un certain sens, est encore plus fort que "Corédemptrice". Cela dit, en Marie il y a deux pôles à tenir ensemble: un pôle de grandeur, et un pôle de petitesse ou d'humilité. D'un côté elle est la Mère de Dieu, et de l'autre elle est une Créature. D'un côté elle est la Première des sauvés, et de l'autre elle est la Mère du Sauveur et des sauvés! D'un coté elle est la Mère de l'Eglise et de l'autre elle est premier membre de l'Eglise.
Si on respecte cette qualité du mystère - l'existence de ses deux pôles, sans en exclure aucun - alors la vision est droite (au sens de orthodoxe).
Donc pour conclure: si l'expression "corrédemptrice" signifie collaboration éminente et unique à la Rédemption oui. Mais si cela signifie: auteure avec le Christ de la Rédemption au sens premier et initial, alors non. C'est cette distinction qu'il est important de garder. Et c'est pour cela que, comme une Mère prudente, l'Eglise (le Magistère récent) a préféré ne pas "induire" en erreur certaines personnes peu éclairées ou tatillonnes.
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Voici une autre question qui selon moi est très importante: qu'est-ce qui est plus urgent: "Déclarer" un dogme ou
"rompre le pain du dogme" au quotidien? Sommes-nous si ébranlés que nous ayons besoin de l'assurance d'un point de plus, qui est de toute façon partie de la foi? Où est le besoin pastoral réel?
Les deux Dogmes de l'Immaculée Conception et de l'Assomption, dogmes déclarés, sont d'une profondeur extraordinaire et ont des implications pratiques étonnantes. Je crois toujours que nous n'avons pas encore commencé à
en explorer les profondeurs.
Je crois que nous croyons tous au Rôle fondamentale de Marie, la Première des sauvés, la Mère du Sauveur, et la Mère de tous les sauvés, collaboratrice du Christ, celle qui enfante tous les enfants de Dieu. Mais je crois qu'au lieu de proclamer quelque chose que tous peuvent déjà croire sans aucune difficulté, le travail est plus à
l'explication des deux dogmes qui ont déjà été déclarés.. et de
leurs implications pratiques.... Et là, il y a du pain sur la planche.
En tous les cas ce sont des discussions ouvertes, et on peut remplir des pages dessus.
L'amour immense que nous sommes invités à avoir pour Marie - l'amour même que le Christ a eu pour elle - devrait à mon sens s'accompagner aussi du
soutient de l'explication des "vérités" de la relation de Marie avec le Christ et avec nous. Et là, il y a du pain sur la planche.
Montfort reste encore à être re-proposé à tous! En l'expliquant.
Rompre le pain de la vérité afin qu'elle devienne nourriture quotidienne.Jean