22ème dimanche du temps ordinaire
Lectures du jour : http://missel.free.fr/Annee_C/TO/2/22.html
La dernière place
Aujourd'hui, Jésus est invité à un repas. Il observe ce qui se passe. Les invités entrent dans la salle à manger. Certains restent dans l'entrée et attendent qu'on leur indique une place. Pendant ce temps, d'autres vont directement vers les places d'honneur comme si elles leur étaient dues. Mais si quelqu'un de plus important arrive au dernier moment, le maître de maison s'empressera de leur offrir la première place. Quant au prétentieux qui s'y était installé, il devra refluer et sera couvert de honte.
C'est ce qui se passait à ce repas où Jésus était invité. Les pharisiens allaient spontanément vers les places d'honneur. Ils appréciaient toutes les marques d'honneur qu'on leur témoignait. A plusieurs reprises, Jésus n'avait pas manqué de mettre ses disciples en garde contre cette suffisance des pharisiens. Aujourd'hui, il nous donne des conseils très clairs : "Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place…" Ce conseil, Jésus se l'est appliqué à lui-même. Au soir du Jeudi Saint, il a pris la place de l'esclave pour se mettre au service de ses disciples en leur lavant les pieds.
Cet évangile nous rejoint dans ce que vit notre humanité. Dans notre monde, on donne beaucoup de place au "paraître". On veut être le meilleur et dominer les autres. Dans certains couples mais aussi dans les associations, les lieux de travail et autres lieux de vie, nous assistons à un véritable bras de fer entre des fortes personnalités. Une lutte de pouvoir s'instaure pour avoir la première place. On cherche absolument à être le meilleur et le plus fort. Aujourd'hui, le Christ nous montre les inconvénients de cette vanité. Il nous rappelle la stupidité du "paraître" et de l'orgueil. Et surtout il nous révèle le merveilleux de l'humilité.
La meilleure illustration de cet évangile, nous la trouvons dans la vie de la Vierge Marie. C'était la femme la plus effacée du monde. Aujourd'hui, elle est la plus honorée. Les paroles du Magnificat nous le disent : "Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles…" Nous avons aussi le témoignage merveilleux de l'humble carmélite Thérèse de Lisieux. A sa mort, on se demandait ce qu'on pourrait dire d'elle car elle n'avait rien fait qui vaille la peine d'être raconté. Or 4600 livres ont été écrits sur elle. Elle qui n'avait rien fait d'extraordinaire a été canonisée (déclarée sainte). Elle avait compris que l'orgueil rend stupide et éloigne de Dieu. Au contraire, l'humilité est le chemin royal vers la sainteté. Elle donne du prix aux choses les plus simples.
Cet évangile nous invite à nous tourner vers Dieu. C'est là que nous comprenons mieux la grandeur et la nécessité de l'humilité. Face à lui, nous découvrons que nous ne pouvons pas nous suffire nous-mêmes. Nous ne pouvons que nous en remettre à lui. Tout cela ne sera possible que si nous révisons l'image que nous nous faisons de notre Dieu ; on se le représente comme un Dieu "tout-puissant", un peu comme un colosse en acier inoxydable. Cette représentation n'est que la projection à l'infini de l'orgueilleuse prétention des puissants de ce monde. Le vrai Dieu est humble car il est amour et l'amour ne se dit jamais supérieur.
Tout l'évangile nous dit cette bonne nouvelle d'un Dieu amour. C'est cet amour qui amène Jésus à prendre la dernière place. Il a choisi d'être du côté des petits, des humbles, des exclus. Ceux qui ne comptent pas sont très importants aux yeux de Dieu. Ils ont la première place dans son cœur. Si nous voulons trouver le Christ, c'est auprès d'eux qu'il nous donne rendez-vous. Si nous les méprisons, nous péchons contre l'amour qu'il leur porte. Cet amour est universel. Il compte sur nous pour que nous en soyons les témoins.
C'est en suivant le Christ et en vivant comme lui dans l'humilité et la générosité que nous trouverons la vraie joie. Cette semaine, nous pourrions peut-être réfléchir à la place que nous occupons dans notre travail, notre service. C’est là que le Christ nous attend. Dans un monde où tout se paie, il faudrait qu'on reconnaisse les chrétiens au don gratuit qu'ils font de leur personne et de leur temps au service des plus pauvres. Si les chrétiens ne suivent pas l'exemple de leur Maître, leur témoignage perdra vite toute sa consistance.
Nous avons tous entendu parler de Charles de Foucauld. Au départ, c'était un officier gourmand, paresseux, entêté et noceur. Un jour, il a écouté un sermon de l'abbé Huvelin qui disait : "Jésus a tellement pris la dernière place que personne ne pourra jamais la lui ravir". C'est cette parole qui a provoqué la conversion de Charles de Foucauld. Par la suite, il s'est retiré à Nazareth pour chercher la dernière place ; il a voulu vivre au même endroit la condition humble et cachée de Jésus de Nazareth. Il ira ensuite se perdre dans la solitude désertique du Sahara au milieu des Touareg. Charles de Foucauld n'a fait que suivre le Christ sur le chemin difficile de l'amour. Il ne s'agit plus de monter en grade, de grimper les échelons des carrières humaines, mais de descendre, d'aimer jusqu'au bout, d'aimer jusqu'à donner sa vie.
En célébrant cette Eucharistie, rendons grâce au Seigneur de nous y avoir invités. Il s'est fait le "serviteur" de tous ; il est venu bouleverser les préséances au festin des noces en donnant la première place aux petits et aux humbles ; il a lavé les pieds de ses disciples. Et surtout il nous invite à la vraie grandeur, celle qu'il partage ave le Père et l'Esprit Saint pour les siècles des siècles. Amen
D'après diverses sources.
Jean C, prêtre de l'Aveyron ( 02/09/2007)