21ème dimanche du temps ordinaire
Lectures du jour : http://missel.free.fr/Annee_A/TO/2/21.html
A plusieurs siècles d'intervalle, le prophète Isaïe et l'évangile de saint Matthieu nous adressent un même message. Dans des contextes différents, des hommes choisis par Dieu se voient remettre un "pouvoir des clés". Ils reçoivent une mission, celle d'ouvrir et de fermer dans le premier cas, celle de lier et de délier dans l'Evangile. Selon le prophète Isaïe, Dieu appelle son serviteur Eliaqim à la place d'un serviteur royal devenu trop ambitieux. Il lui confère la charge de premier ministre dans la Maison de David. Chez Matthieu, c'est Jésus qui, en réponse à la belle profession de foi de Pierre, fait de lui le fondement et le garant de la communauté nouvelle issue de sa prédication.
Nous ne savons rien de la vie d'Eliaqim. Son nom signifie : "Dieu l'a suscité." Il fait partie de ceux que Dieu choisit pour guider son peuple. Il sera un père pour Israël. Ce n'est pas nous qui nous donnons la mission. C'est Dieu qui nous appelle et nous envoie. Ce qui est premier, c'est le projet d'amour de Dieu à l'égard de notre monde. Dans l'Evangile, c'est la foi de Pierre qui lui vaut la promesse d'être la pierre sur laquelle Jésus édifiera son Eglise. Tout cela fait suite à la question que Jésus vient de poser : "Et vous, qui dites-vous que je suis ?" La réponse ne s'est pas faite attendre :"Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant". Ce titre "Christ" désigne celui que Dieu a consacré par l'onction. Quant à l'expression "fils de Dieu", elle est souvent utilisée dans la Bible pour désigner soit le roi, soit le peuple élu, soit tel ou tel membre de la communauté. Mais pour les disciples, Jésus n'est pas seulement un fils parmi d'autres ; il est "le Fils du Dieu vivant, le Fils bien-aimé et unique.
En réponse à cette belle profession de foi, Jésus change le nom de Simon : "Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la mort n'aura pas de prise contre elle." Remarquons au passage que Jésus dit bien "mon Eglise". Or nous entendons des gens qui disent : "Votre Eglise est trop frileuse… Votre Eglise n'est pas assez engagée…" J'ai même lu un article qui disait : "J'ai mal à mon Eglise." Là, il nous faut bien mettre les choses au point : Ce n'est pas mon Eglise mais celle de Jésus Christ. Nous n'avons pas à nous accaparer ce qui n'est pas à nous. Nous ne sommes pas à notre compte mais au service du Christ qui nous appelle et nous envoie.
Le problème de nos communautés, c'est qu'on y trouve des chrétiens qui se contentent d'un programme minimum. C'est faire affront à Celui qui nous a aimés jusqu'au bout, jusqu'à la mort sur une croix. Depuis notre baptême et notre confirmation, le Seigneur nous a confié une responsabilité à l'intérieur de son Eglise. Si le prophète Isaïe revenait, il nous reprocherait de travailler à notre compte et non à celui du Seigneur. Si nous ne sommes pas fidèles à notre responsabilité, celle-ci sera confiée à d'autres. Un jour, nous aurons à rendre compte de notre mission. Dieu compte sur nous pour être ses collaborateurs. Il attend de nous que nous donnions le meilleur de nous-mêmes dans l'annonce de l'Evangile.
Mais avant toute chose, il importe que nous nous posions la question : Qui est Jésus pour nous ? C'est lui-même qui nous la pose. Il n'attend pas une réponse du catéchisme ou d'un livre de théologie. Le plus important c'est ce que Jésus est pour moi personnellement. A ce sujet, je vous cite la réponse d'une religieuse cistercienne. Elle écrivait : "Il est Celui que mon cœur aime… Il est le bien-aimé que toujours je cherche et désire… Jésus est le tout de ma vie… Son amour vaut plus que la vie… Il est celui qui a tout partagé avec moi, sa filiation divine qui fait de moi un enfant du Père, et sa Mère pour qu'elle soit aussi ma maman à moi…"
Cette religieuse a dit qui était Jésus pour elle ; elle lui a consacré toute sa vie. Il nous revient aujourd'hui de nous demander qui il est pour nous, quelle place il tient réellement dans notre vie. Cet évangile est un appel à la foi c'est-à-dire à une relation vivante avec le Christ, un attachement personnel à sa personne. Comme dans toute relation, il y aura des variations et même des crises. Pierre a connu des moments de doute. Il a même renié le Christ. En nous rappelant tout cela, l'évangile nous fait comprendre que l'Eglise de Jésus Christ est la maison des croyants partagés entre la foi et le doute, entre l'élan de générosité et la lâcheté.
L'Evangile nous parle enfin du pouvoir des clés : "Je te donnerai les clés du Royaume des cieux…" Nous pensons aux armes pontificales ou encore au pouvoir confié aux ministres de la réconciliation à l'intérieur de l'Eglise… Oui, bien sûr, mais il nous faut voir plus loin et plus large. Ce pouvoir c'est celui d'ouvrir le Royaume à tous les hommes. Il est confié à toute l'Eglise représentée par Pierre. Nous vivons dans un monde où beaucoup de portes sont fermées. Pensons à tous ceux qui souffrent à cause du chômage, de l’exclusion, la violence, tous ceux pour qui la vie n’a plus aucun sens parce qu’ils se sentent inutiles. C'est dans ce monde-là que nous avons à témoigner de la foi qui nous anime.
Le chantier est très vaste. Il dépasse nos possibilités humaines. C’est pour cela que nous venons à l’Eucharistie. Nous venons puiser à la source. Nous allons nous nourrir de la Parole et du Corps du Christ. Nous venons faire l’expérience d’une rencontre personnelle avec le Seigneur présent dans notre vie et dans notre monde. Alors oui, prenons la main qu’il nous tend. Avec lui, nous serons plus forts pour la mission qu’il nous confie.
D'après diverses sources.
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