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 Homélie d'Origène

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Jean
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MessageSujet: Homélie d'Origène   Homélie d'Origène EmptyJeu 4 Aoû - 10:47

Origène
HOMÉLIE VII sur le livre des Nombres (ch. 12)
CHATIMENT DE MARIE ET GLOIRE DE MOÏSE
LES ESPIONS EN CANAAN


L'Apôtre dit : “ Tout cela leur arriva en figure et fut écrit pour notre instruction ”. Je cherche donc quelle instruction tirer de la leçon qui nous a été lue.

“Aaron et Marie ont dénigré Moïse”, et pour ce fait ont été châtiés ; Marie a même été “frappée de la lèpre ”. Ce châtiment prend tant d'importance que pendant la semaine que dure la lèpre de Marie, le peuple de Dieu ne poursuit pas son voyage vers la Terre Promise et la Tente du Témoignage n'est pas déplacée.

La première instruction que j'en tire, utile et nécessaire instruction, est que je ne dois pas “dénigrer mon frère”, médire de mon prochain, ni ouvrir la bouche pour outrager, je ne dis pas seulement les saints, mais n'importe quel prochain, quand je vois quelle irritation Dieu en a conçue, quelle vengeance Il en a tirée. Dans les Psaumes, nous voyons que Dieu s'irrite de la même manière contre ce péché quand Il dit : “Tu t'asseyais et tu dénigrais ton frère, et contre le fils de ta mère tu posais le scandale”. De même dans un autre psaume, le juste, qui sait que cela déplaît à Dieu pardessus tout, s'exprime ainsi: “Celui qui dénigre en secret son prochain, Je le poursuivrai”. A l'aide de toutes ces condamnations de la divine Écriture, “comme par des épées à double tranchant”, retranchons ce vice, évitons de médire de nos frères et d'outrager les saints, car une lèpre frappe les détracteurs et les médisants.

Passons ensuite de l'instruction morale au sens mystique. Il en a été dit quelques mots dans notre précédente homélie, complétons-les aujourd'hui. Voyons qui “ outrage Moïse ”, qui médit de lui. Ce n'est pas seulement le Juif qui dénigre Moïse, ce sont aussi les hérétiques, ceux qui ne reçoivent pas la Loi et les Prophètes. Ils ont l'habitude de l'accuser, de dire que Moïse fut homicide parce qu'il a “ tué l'Egyptien ”, et de lancer bien d'autres brillants blasphèmes tant contre lui que contre les Prophètes. A cause de ces critiques, ils ont une lèpre dans leur âme, ils sont lépreux dans “ l'homme intérieur ” et pour cette raison “ sont exclus du camp ” de l'Église. Ainsi donc hérétiques qui insultent Moïse ou membres de l'Église qui dénigrent leurs frères et médisent de leur prochain, ont également, à n'en pas douter, une âme lépreuse. Grâce à l'intervention du grand prêtre Aaron, Marie est guérie le septième jour ; mais nous, si nous sommes atteints, pour cause de médisance, de la lèpre de l'âme, nous garderons cette lèpre et resterons impurs jusqu'à la fin de la semaine de ce monde, c'est-à-dire jusqu'à la résurrection ; à moins que nous ne nous corrigions au temps de la pénitence, que nous nous tournions vers le Seigneur Jésus, que nous le supplions et ne soyons par notre pénitence purifiés de la lèpre.

Mais à mon avis, ce n'est pas seulement le peuple de l'Ancienne Loi ni les hérétiques qui dénigrent Moïse ; tout interprète qui comprend mal ses écrits et qui prend charnellement la Loi spirituelle outrage Moïse, en tirant des paroles de l'Esprit un enseignement charnel.

Vous avez entendu quel jugement, quelle condamnation frappe les médisants et les détracteurs ? Écoutez maintenant quels avantages ils procurent à ceux dont ils médisent. Jamais nous n'avons trouvé que Dieu ait prononcé de Moïse son serviteur de tels éloges que maintenant qu'on l'a outragé. Ecoute donc la suite : quelle louange l'Esprit Saint décerne à Moïse ! “ Et le Seigneur ”, dit l'Écriture, “ descendit dans la colonne de nuée et se dressa à l'entrée de la Tente du Témoignage. Aaron et Marie furent appelés et se présentèrent tous deux, et Il leur dit : Écoutez mes paroles ! Si l'un de vous est un prophète du Seigneur, je me manifesterai à lui en visions, je lui parlerai en songes. Mais il n'en va pas ainsi de mon serviteur Moïse, qui est fidèle dans toute sa maison. Je lui parle bouche à bouche, en réalité, et non en énigmes, et il a vu la gloire du Seigneur. Comment n'avez-vous pas hésité à dénigrer Mon serviteur Moïse ? La colère du Seigneur s'abattit sur eux, ils se retirèrent, la nuée s'éloigna de la Tente, et voici que Marie devint lépreuse, blanche comme neige ”. Voyez : quel châtiment se sont attiré les détracteurs et quel éloge ils ont valu à celui qu'ils critiquaient ! A eux la honte, à lui l'honneur ; à eux la lèpre, à lui la gloire ; à eux l'opprobre, à lui la grandeur : voilà ce qu'ils ont obtenu.

Cependant, avant qu'il ait épousé l'Ethiopienne, il n'est pas écrit que Dieu ait parlé à Moïse “ en réalité, et non en énigmes ” mais quand il l'a épousée, alors Dieu dit : “ Je lui parlerai bouche à bouche et non en énigmes ”. C'est dernièrement en effet, quand Moïse est venu à nous et s'est uni à notre Ethiopienne, c'est alors que la Loi de Dieu cesse de se faire connaître sous forme de figures et d'images, mais dans la réalisation de la vérité ; ce qui était d'abord signifié “ en énigmes ” est maintenant accompli en réalité et en vérité. C'est pourquoi l'interprète [saint Paul] de la réalité cachée sous les figures et les énigmes dit : “Nous savons que nos pères ont tous été sous la nuée, et tous en Moïse ont été baptisés dans la nuée et dans la mer ; tous ont mangé la même nourriture spirituelle et tous ont bu la même boisson spirituelle. Ils buvaient au Rocher spirituel qui les suivait ; or le Rocher, c'était le Christ”. Tu vois comment Paul résout les énigmes de la Loi et enseigne les réalités qu'elles renferment; il dit que “ le Rocher ” était “ en énigme ” chez Moïse avant qu'il se fût uni à l'Ethiopienne qui nous représente ; et que maintenant “ le Rocher ”, c'est “ en réalité ” le Christ, car maintenant Dieu, dans la Loi, parle “ bouche à bouche ”. Autrefois le baptême était “ en énigme ” dans la nuée et la mer ; maintenant la régénération s'opère “ en réalité ” “ dans l'eau et dans l'Esprit Saint ”. Autrefois la manne était une nourriture “ en énigme ”, maintenant la chair du verbe de Dieu est la vraie nourriture “ en réalité ”, comme le prouve Sa parole : “ Ma chair est vraiment une nourriture et Mon sang est vraiment un breuvage ”.

Ainsi donc, maintenant Moïse [la Loi, ou Jésus], passé chez nous et marié à l'Ethiopienne, ne nous parle plus, et Dieu ne lui parle plus “en énigme”, mais “en réalité”. Dieu ajoute encore: “Et il a vu la gloire du Seigneur”. Quand Moïse a-t-il vu la gloire du Seigneur? Je dis que c'est lors de la transfiguration du Seigneur sur la montagne: Moïse “se tenait près de Lui” avec Elie, “et ils s'entretenaient avec Lui”. C'est pourquoi Dieu peut ajouter ensuite: “Et comment n'avez-vous pas hésité à dénigrer Mon serviteur Moïse?” Ceci s'adresse évidemment à ceux qui semblent recevoir l'Évangile, mais outragent Moïse [ne mettant pas la Loi en pratique]; et ils méritent bien ces reproches: alors qu'ils ont appris par l'Évangile que Moïse a vu avec Élie la gloire du Seigneur, leur audace outrage la Loi et les Prophètes.
Ne dénigrons donc pas Moïse, n'outrageons pas la Loi, sachons non seulement “écouter la Loi, mais encore la mettre en pratique”, afin de mériter de “participer à la glorification” de Moïse.
Mais à mon avis on donne aussi matière à outrager Moïse quand, par exemple, lors de la lecture du Lévitique ou des Nombres, on ne montre pas comment on doit comprendre “en réalité” ce qui a été écrit “en énigmes”, c'est-à-dire quand on n'explique pas spirituellement les leçons de la Loi. Car il est fatal que ceux qui entendent lire dans l'Église le rituel des sacrifices, les lois du Sabbat, etc., risquent d'être scandalisés et de dire : "Quel besoin de lire cela dans l'Église? A quoi nous servent les préceptes judaïques et les observances d'un peuple méprisé? C'est l'affaire des Juifs, que les Juifs s'en occupent!" Pour éviter aux auditeurs de pareils scandales, il faut s'adonner à la science de la Loi, partir de cette idée que “la Loi est spirituelle” pour comprendre et expliquer toutes les leçons, de peur que par la faute des maîtres, par leur paresse et leur négligence, les inhabiles et les ignorants n'outragent Moïse. Au contraire, “tournons-nous vers le Seigneur, qu'il nous ôte le voile” de la lettre, que le visage de Moïse, au lieu d'apparaître laid, paraisse glorieux et beau, et que, loin de le dénigrer, nous lui rendions honneur et gloire pour la grandeur de ses pensées.

“Et la colère du Seigneur s'abattit sur eux, ils se retirèrent, la nuée s'éloigna de la Tente et voici que Marie devint lépreuse, blanche comme neige”. La colère du Seigneur s'abat sur les blasphémateurs et les détracteurs. Mais l'Écriture dit: “La nuée s'éloigna de la Tente et voici que Marie devint lépreuse, blanche comme neige”. Il faut prendre garde à ce fait que la nuée s'est retirée d'abord, et qu'ensuite Marie est envahie par la lèpre ; c'est afin de montrer que si quelqu'un, ayant été l'objet de la grâce du Saint Esprit, dénigre et médit, l'Esprit se retire de lui après sa médisance et la lèpre envahit alors son âme. L'ancien peuple a possédé la grâce de Dieu, mais après qu'il eût blasphémé le véritable Moïse, Notre Seigneur Jésus-Christ, la nuée s'est éloignée d'eux, elle est passée chez nous lorsque sur une montagne élevée Notre Seigneur “s'est transfiguré”, qu'une “nuée lumineuse enveloppa” ses disciples et qu' “une voix sortie de la nuée dit : Voici Mon Fils bien-aimé en qui Je me suis complu”. C'est après cela que Marie “devint lépreuse, blanche comme neige”. Tant que la nuée était présente, Marie n'était pas lépreuse, mais elle le devint quand la nuée se fut éloignée. Tant que le peuple eut la présence de Dieu, il n'était pas lépreux, mais quand elle se fut éloignée, la honte de son visage le recouvrit. Craignons nous aussi de chasser de nous cette nuée par nos mauvaises paroles, nos mauvaises actions, nos mauvaises pensées: car la lèpre du péché apparaîtra en nous quand la grâce de Dieu nous aura quittés. “Et Aaron regarda Marie et voici qu'elle était lépreuse. Et Aaron dit à Moïse : Je t'en prie, Seigneur, ne nous impute pas le péché, parce que nous avons ignoré la faute que nous avons commise. Qu'elle ne devienne pas semblable à la mort et pareille à l'avorton expulsé du sein maternel, et il dévore la moitié de sa chair”. L'Écriture veut ici montrer que l'ancien peuple a été formé dans le sein de sa mère la Synagogue, mais n'a pas pu arriver à un résultat parfait et achevé. De même en effet qu'un avorton est un produit inachevé et informe, de même ce peuple est demeuré un certain temps dans le sein de sa mère, c'est-à-dire à l'école de la Synagogue; mais par suite de ses péchés, il n'a pas pu recevoir sa forme achevée et entrer dans la vie; c'est pourquoi il est rejeté comme un avorton imparfait, né avant terme, tandis que le péché “dévore”, comme dit l'Écriture, “ la moitié de sa chair ”.

Il arrive cependant parfois que le mot avorton soit pris en bonne part; il est bon par comparaison avec d'autres choses. Ainsi l'Ecclésiaste : “Et j'ai dit : Mieux vaut un avorton que lui”. Que qui ? que “celui qui s'avance dans la vanité et marche dans les ténèbres”. L'Ecclésiaste ne prétend pas que l'avorton soit bon absolument parlant, mais qu'il est meilleur qu'une vie passée “dans la vanité” et “ dans les ténèbres ” de l'ignorance ; il institue une comparaison entre les deux choses. En effet l'Ecclésiaste dit encore ailleurs que “les morts valent mieux que les vivants”. Si l'on compare à son tour l'avorton à ceux-ci, on dira qu'il vaut mieux que les uns et que les autres. Si donc on considère qui sont les vivants et qui sont les morts, si l'on comprend que l'avorton leur est supérieur en ce qu'il n'a même pas goûté aux prémices de la vie de ce monde, on retrouvera les degrés marqués par cette comparaison.

Considère que l'Ecclésiaste appelle “ vivants ” ceux-là dont il est dit dans les Psaumes : “Mais tout homme vivant est vanité”. C'est donc à “ tout homme qui vit dans la vanité ” que l'avorton est “ supérieur ”. Car toute vie n'est pas enfoncée dans la vanité ; mais la vie selon la chair, selon les erreurs et les voluptés du monde est une vie de vanité ; au-dessus d'elle est le degré de celui qui est mort à cette vie, qui dit : “ Le monde a été crucifié pour moi et je le suis au monde ”, et de qui il est dit : “ Vous êtes morts avec le Christ ”. Ces morts-là valent mieux que les vivants. Mais au-dessus d'eux se place l'avorton venu en apparence dans la chair, mais qui n'a point commencé à s'attacher aux vanités de cette vie.

L'Ecclésiaste cependant parle d'un autre encore meilleur que l'avorton, semble-t-il, dont il dit : “ Et meilleur que ces deux là, celui qui n'est pas encore né ”, c'est-à-dire qui n'a pas même subi l'avatar de la prison utérine et de la naissance corporelle. Quant à la parole même de l'Ecclésiaste : “ J'ai loué les morts plus que les vivants, plus que ceux qui vivent jusqu'à présent ”, ne montre-t-elle pas à l'évidence qu'il trouve meilleurs ceux qui sont morts au monde, et déclare inférieurs ceux qui vivent pour le monde ? Car au sens littéral, comment les morts seraient-ils à louer plus que les vivants ? On loue quelqu'un généralement pour sa volonté bonne. Or la mort, au sens banal, ne vient pas de la volonté ni d'un choix délibéré. Comment paraîtrait-on digne de louange pour un accident que l'on subit contre sa volonté ? Alors il faudra louer Pharaon roi d'Egypte qui fut englouti par la mer, plus que Moïse qui en est sorti vivant, et les Égyptiens qui sont morts noyés, plus que le peuple de Dieu qui a passé à pied sec au milieu de la mer ? Ne le comprends pas ainsi ; sache qu'on devra te louer d'être mort quand tu pourras dire: “J'ai été crucifié avec le Christ. Je vis, non plus moi, mais le Christ vit en moi”. Si tu as renoncé au monde, rejeté les vices, si, au lieu de te porter vers le péché, tu lui es mort, tu vaux mieux que celui qui vit pour le péché et ta mort sera digne d'éloges. Car nul n'en reçoit pour la mort commune que l'on subit par la loi de la nature.

Cette digression était nécessaire à propos du passage où la parole de Dieu dit que Marie à cause de sa coupable médisance et par manière de châtiment est devenue “ un avorton ”. Il fallait montrer qu'il y a une mauvaise et une bonne espèce d'avorton. Car enfin l'Apôtre, sachant que dans les ordres que nous avons dit il y a un ordre louable d'avortons, dit de lui-même : “ En dernier lieu, comme à l'avorton, Il m'est apparu à moi aussi ”. Ainsi donc Marie “ devient comme un avorton ”. En effet ce peuple n'a pas pu atteindre à sa perfection par la Loi comme le prouve l'affirmation de Paul : “ La Loi n'a mené personne à la perfection ”. Car enfin l'Apôtre dit encore de certains, déchus de la foi et transformés en quelque sorte en avortons qu'il instruisait pour les ramener à une naissance complète: “Mes petits enfants, que j'enfante de nouveau jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous”.

“Et Moïse s'écria vers le Seigneur, disant : “O Dieu, je t'en prie, guéris-la!” A qui convenait-il de prier le Seigneur pour la guérison de ce peuple, sinon à Moïse ? Moïse prie pour lui. C'était peut-être de cela qu'il s'entretenait avec le Seigneur Jésus-Christ lors de Sa transfiguration, peut-être Lui demandait-il que “lorsque la plénitude des Nations serait entrée”, alors “tout Israël fût sauvé”. “Et le Seigneur dit à Moïse : Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas couverte de honte pendant sept jours ? Qu'elle soit exclue du camp pendant sept jours ; après quoi elle y rentrera”. Qu'est-ce à dire : “ Si son père lui avait craché au visage, elle serait couverte de honte pendant sept jours ” ? Nous avons établi que Marie représente la Synagogue. “Son père lui a craché au visage”. Cracher au visage est le signe de la répudiation. Car il est écrit dans la Loi, à propos de l'obligation pour le plus proche parent d'épouser la veuve de son parent, que, si le plus proche parent veut dénoncer le mariage, il doit, “déchaussé”, se laisser “cracher au visage”. Nous avons encore un sens attribué au crachat dans le passage d'Isaïe: “Toutes les Nations ont été réputées comme les gouttes d'un seau, comme un crachat”. Ceci montre que ce peuple a été rejeté, comme les autres Nations, qui ont été réputées comme un crachat. Et en vérité, si l'on considère ses anciens honneurs, lorsque resplendissait chez lui l'ordre du grand prêtre, les insignes du sacerdoce, le ministère des Lévites, la majesté du temple, la dignité prophétique, quand sur cette terre ils jouissaient de privilèges célestes, quel honneur ! quelle gloire ! Et si on le regarde maintenant dans toute l'horreur de son abjection, privé de temple, d'autel, de sacrifices, de prophètes, de sacerdoce, de toute présence divine, dispersé par toute la terre, et vivant en exil, comment ne pas reconnaître que “son père lui a craché au visage” et a couvert sa face de honte? Marie est exclue du camp pendant sept jours. Nous avons déjà dit que ces "sept jours" représentent la semaine de ce monde. C'est en sept jours que toutes les espèces de la création visible ont été produites. Ce qui n'était pas a été fait alors. Mais dans la semaine du monde, Dieu, par une économie secrète et connue de Lui seul, développe le contenu de la création primitive. En attendant, pendant la semaine de l'exclusion de Marie, les fils d'Israël ne déplacent pas leur camp, ils demeurent enfermés dans un même lieu, et il ne se fait point de progrès chez eux “jusqu'à ce que Marie soit purifiée ” de la lèpre.

“Après cela, le peuple partit de Aséroth et s'établit dans le désert de Pharan”. Aséroth signifie : "demeures parfaites". Le peuple part donc une fois que Marie a été purifiée de sa lèpre et il vient à Pharan qui signifie : "bouche visible". On peut comprendre, il me semble, cette bouche visible par le fait que “ le Verbe s'est fait chair ”, et d'invisible est devenu visible ; cela veut dire qu'une fois venus la fin et l'achèvement de tout ce qui devait être fait pour ce peuple, il se “ déplace ” et vient au “ Verbe fait chair ” qu'il n'avait pas reconnu auparavant.

“Et le Seigneur parla à Moïse, disant : Envoie des hommes pour explorer le pays de Chanaan que Je donne aux enfants d'Israël en héritage”, et la suite, où est racontée l'histoire des espions qui, au retour de leur mission, rapportent que “ la Terre est bonne ” et admirable, mais que les habitants sont des “ Fils de Géants, en face desquels ” le peuple de Dieu apparaît “ comme des sauterelles ”. Beaucoup désespèrent d'échapper aux “ Fils des Géants ” ; mais Josué (Jésus) n'en désespère pas; il fortifie la foi du peuple, de concert “ avec Caleb qui est de la tribu de Juda”; ils disent: “Si Dieu nous aime, qu'il nous fasse entrer dans cette terre”. Au sens spirituel quel est ce pays, cette Terre Sainte et bonne, mais habitée par des impies? quels sont ces ennemis qui occupent le pays des Saints ? En quel sens faut-il les chasser pour que les Saints leur succèdent ? Revenons aux Évangiles, revenons à l'Apôtre. Les Évangiles promettent aux Saints le “Royaume des Cieux”. L'Apôtre dit : “Notre cité est dans les Cieux ”. C'est donc dans les Cieux que se trouve l'héritage promis aux Saints. Et pourquoi ce pays qui nous est promis n'aurait-il pas maintenant d'habitants qu'on en doive chasser ? Comment alors le Seigneur peut-il dire que “ depuis les jours de Jean, le Royaume des Cieux doit être forcé ” et que “ les violents l'emportent ” ? Si en effet il n'y avait personne à qui faire violence, personne à déloger ni à chasser, serait-il dit que “ le Royaume des Cieux doit être emporté de force ” ? Et s'il n'y avait pas des adversaires à combattre et à vaincre, l'Apôtre ne dirait pas: “ Nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les Principautés et les Puissances, contre les Princes de ce monde de ténèbres, contre les Esprits du Mal qui errent dans les régions célestes”. C'est à eux aussi qu'il faut appliquer la parole inspirée du prophète: “Mon épée s'est enivrée dans le Ciel”. Il faut donc que: “les Esprits du Mal”, qui, d'après l'Apôtre, “errent dans les régions célestes”, et qui sont les véritables Chananéens, soient vaincus par toi et chassés des régions célestes, pour que tu y habites à leur place. Sache que ce sont des “ Géants ”. Géants, dans l'Écriture, c'est tout ce qui résiste à Dieu. Donc quiconque s'oppose à Dieu et contrarie la vérité, ce qui est l'activité principale des Géants, porte à bon droit le nom de Géant.

Ce qui t'est offert, c'est d'entrer, après les avoir vaincus, dans le Royaume. N'est-ce pas de l'un d'eux qu'il est écrit : “ Qui prendra la dépouille du Géant ? ” C'est aussi ce qui explique la parole du Seigneur dans l'Évangile : “ Nul ne peut entrer dans la demeure du Fort et piller ses biens s'il n'a d'abord enchaîné le Fort ”. Bien que son orgueil l'ait déjà chassé de la demeure céleste, ce n'est qu'a la condition de le vaincre que tu entreras dans la demeure du Fort. Et il ne suffit pas de le vaincre, il faut encore 1' “ enchaîner ”. S'il n'est pas “ enchaîné ”, notre voyage ne pourra se faire en pleine sécurité. Pour le moment, si l'on compare la nature humaine avec celle des démons, nous sommes des “ sauterelles ” et eux des “ Géants ” ; surtout si notre foi est hésitante, si l'infidélité nous fait reculer, ils seront vraiment des “ Géants ” et nous des “ sauterelles ”. Mais si nous suivons Jésus (Josué), si nous croyons à Ses paroles, si nous sommes emplis de Sa foi, ils seront comme rien devant nous. Ecoute en effet comment Il les réconforte : “ Si Dieu nous aime, qu'il nous introduise dans cette Terre ”, parce qu'elle est bonne et ses fruits admirables. Le type, la figure ont précédé chez nos pères ; mais c'est chez nous qu'ils sont accomplis. Eux, ils ont chassé les Nations et conquis leur héritage ; ils ont conquis toute la Judée, la cité de Jérusalem et la Montagne de Sion : voilà ce qu'ils ont fait. Et à toi, qu'est-il dit ? “ Vous vous êtes approchés ”, dit l'Écriture, “ de la Montagne du Dieu Vivant, de la Jérusalem céleste, des myriades des anges ”. Et ailleurs l'Apôtre dit encore : “ Jérusalem d'en haut, qui est notre mère à tous ”. Si l'on ne prête pas foi à l'Apôtre quand il parle de la Jérusalem céleste, alors on peut rejeter nos paroles ; mais s'il faut en croire Paul, et il le faut, nous croyons qu'il y a une “ Jérusalem céleste ”, sur le type de la cité terrestre, et nous attribuerons avec plus de vérité à la cité céleste ce qui paraît écrit de la Jérusalem terrestre. “ Nous nous sommes donc approchés ”, selon Paul, “ de la Jérusalem céleste ”, et sans aucun doute aussi de la Judée céleste. Les Hébreux ont chassé de la Judée terrestre les Chananéens, les Phérézéens, les Hévéens et les autres Nations ; nous, qui “ nous sommes approchés de la montagne de Dieu ” et du Royaume des Cieux, devons en chasser les Puissances adverses, nous devons chasser “ les Esprits du Mal des régions célestes ”. Les Hébreux ont chassé les Jébuséens de Jérusalem, et la ville qui s'appelait Jébus, s'appela ensuite Jérusalem ; nous de même, nous devons chasser de quelque manière le Jébuséen de Jérusalem, et conquérir son héritage. Mais les Hébreux se servaient d'armes visibles et nous d'invisibles. Ils remportaient la victoire en des batailles corporelles et nous triomphons dans le combat spirituel. Veux-tu apprendre comment Paul, qui n'est pas seulement “ le docteur des Nations ”, mais aussi le capitaine de cette expédition, nous précède sur la brèche ? Ecoute ce qu'il écrivait de lui-même, — nousavons déjà cité ce passage — : “ Nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les Principautés et les Puissances, contre les Princes de ce monde de ténèbres, contre les Esprits du Mal qui errent dans les régions célestes ”. C'est pourquoi il rassemble pour les combattants de ce combat spirituel et invisible des armes spirituelles et des traits invisibles, et dit : “ Revêtez la cuirasse de la charité et le glaive du salut, prenez le bouclier de la foi grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin. Mais prenez aussi l'épée de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu ”. Avec ces armes, et avec Jésus (Josué) pour chef, ne crains plus les Géants : tu verras comment le Seigneur Jésus te les soumettra ; comme nos pères ont foulé la nuque des Nations, tu fouleras la nuque des démons. Jésus Lui-même dit en effet à ceux qui Le suivent fidèlement : “ Voici que Je vous ai donné de fouler aux pieds les serpents et les scorpions et toute puissance de l'Ennemi ”. Jésus veut à toutes les fois faire des miracles. Il veut avec des “ sauterelles ” vaincre des “ Géants ”, avec les habitants de la terre triompher des “ Mauvais Esprits qui sont dans le ciel ”. Peut-être est-ce là ce qu'il voulait dire dans les Évangiles quand Il disait que celui qui croit en Lui non seulement fera ce qu'il a fait Lui-même, mais, dit-Il, “ fera encore de plus grandes choses ”. Cela me parait une plus grande chose, en effet, que l'homme, prisonnier de la chair, fragile et chancelant, armé seulement de la foi au Christ et de Sa parole, triomphe des Géants, des “ légions ” de démons ; bien que ce soit Lui qui triomphe en nous, Il dit que c'est faire plus de vaincre par nous que de vaincre à Lui tout seul. Mais alors, soyons toujours munis de ces armes et que notre vie “ soit toujours dans les Cieux ”. Que tous nos sentiments, tous nos actes, toutes nos pensées, toutes nos paroles soient célestes. Plus nous montons aux Cieux avec ardeur, plus ils en sont précipités ; plus nous croissons, plus ils diminuent. Si notre vie est sainte, si elle est selon Dieu, elle leur donnera la mort. Si elle est lâche et molle, elle les rendra puissants contre nous, elle en fera des Géants. Plus nous grandissons en vertus, plus ils diminuent et deviennent fragiles. Au contraire, si nous nous affaiblissons et recherchons les biens de la terre, ils se fortifient ; plus nous nous étendons sur terre, plus nous leur laissons de place dans les régions célestes. Travaillons donc plutôt à nous grandir pour qu'ils diminuent, à entrer pour qu'ils soient chassés, à monter pour qu'ils tombent, comme celui dont le Seigneur dit dans l'Évangile : “ Voici que j'ai vu Satan tomber du ciel comme la foudre ” ; à les refouler pour que Nôtre-Seigneur Jésus nous introduise là-haut et nous accorde de recevoir Son Royaume au Ciel. A Lui “ la gloire dans les siècles éternels des siècles. Amen ”.
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