Intimidation
Au revoir, Marjorie
Christine Bouthillier
04/12/2011 09h03
Presque tous vêtus de noir, des adultes surtout, mais aussi quelques jeunes, se sont réunis pour dire un dernier au revoir à Marjorie Raymond, samedi.
© Michel Saint-Jean / Agence QMI
GRANBY - Une cérémonie empreinte de solennité, d'émotion, mais aussi d'espoir, a marqué la mise en terre de Marjorie Raymond, hier, à Granby. Dans un touchant discours, sa mère a souhaité que sa mort ne reste pas vaine et éveille les consciences quant à l'intimidation.
Une soixantaine de proches se sont réunis en début d'après-midi au cimetière catholique de Granby pour saluer une ultime fois Marjorie.
Au bout du cimetière, recouvert d'une légère neige, l'atmosphère était au recueillement, lors de la cérémonie marquant le dernier repos de l'adolescente de Sainte-Anne-des-Monts, qui s'est enlevé la vie lundi après avoir été victime d'intimidation.
«Je sais que Marjorie est derrière moi. Elle envoie un message de paix», a lancé Chantal Larose. La mère de la jeune fille, qui s'est adressée aux médias avant la cérémonie, dit se faire la porte-parole de Marjorie en propageant un message contre l'intimidation.
«Cette situation a réveillé beaucoup de monde. Je suis sûre que ça va changer. Ça ne peut pas rester comme ça, pas avec le geste que ma fille a posé», a-t-elle confié.
Ne pas s'acharner
Balbutiant un peu sous le coup de l'émotion, Chantal Larose a indiqué que le vent de mobilisation qui souffle sur le Québec depuis le décès de sa fille l'aide à faire son deuil. Elle a toutefois rappelé à la population de ne pas en vouloir à l'adolescente qui est montrée du doigt comme celle qui a intimidé Marjorie.
«Le combat que je mène est contre l'intimidation. La jeune fille sur qui on s'acharne, c'est contre le combat que je mène», a-t-elle déclaré, disant que tout le monde doit mettre la main à la pâte.
Sobre et digne
La dépouille de Marjorie a été incinérée jeudi à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie. À son arrivée au cimetière de Granby, d'où l'adolescente était originaire, son père, Mario Raymond, a porté l'urne contenant ses cendres jusqu'à la pierre tombale. La cérémonie, sobre et digne, a ensuite commencé. À la demande de Marjorie, un texte laïque a été lu.
«La mort n'est rien. [...] Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin», a prononcé la responsable du cimetière, Christiane Boucher.
Les proches ont été invités à se recueillir un moment en touchant l'urne, qui a ensuite été mise en terre. Plusieurs ont étreint longuement les parents de Marjorie, mais aussi son frère Gregory, 17 ans, et sa sœur Destiny, 5 ans.
Les personnes présentes ont déposé des gerberas, la fleur préférée de la jeune fille, avant de quitter le cimetière à pas feutrés, souvent dans le silence, parfois en larmes.
La famille a terminé cette journée de deuil dans le recueillement, en privé.
«Je veux dire à Marjorie qu'elle se rende compte que tout le monde ici l'aimait beaucoup, qu'il y a beaucoup de gens touchés», a conclu Mme Larose.
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«Ça aurait pu être moi» -Jasmin Roy
Visiblement ébranlé, le comédien Jasmin Roy a pris la parole après la mise en terre de Marjorie Raymond.
«Ça a été une semaine très difficile pour moi. J'ai vécu ça pendant cinq ans de ma vie. Ça aurait pu être moi», a-t-il confié, les yeux rougis par l'émotion.
La Fondation Jasmin-Roy lutte contre l'intimidation en milieu scolaire. Il était sur place à la demande de la famille, ayant suivi cette histoire de près cette semaine. Le comédien indique qu'il ne s'attendait pas à assumer de telles responsabilités lorsqu'il a démarré son organisme.
«Chantal [la mère de l'adolescente] est brave de vous parler. C'est la plus brave au Québec, a-t-il lancé. Je lui souhaite de se reposer. J'ai besoin de repos, alors je me mets à sa place...»
Ne pas chercher de coupable
À l'instar de Chantal Larose, il invite ceux qui ont envoyé les messages haineux qui ont intimidé Marjorie à cesser. «La chasse aux sorcières, il faut que ça arrête maintenant», a-t-il martelé, tout en déclarant qu'elle devra elle aussi travailler sur elle-même.
Il appelle plutôt l'ensemble de la population à s'investir pour éviter qu'un tel drame ne survienne à nouveau. «Les citoyens peuvent s'occuper des écoles, les parents, s'impliquer plus, comme dans les comités de parents», croit-il.
Plus de ressources
Jasmin Roy interpelle également la classe politique pour que plus de ressources soient investies dans les milieux scolaires.
«La fondation et Tel-Jeunes ont été bombardés d'appels cette semaine, a-t-il relaté. Je ne crois pas qu'il y ait assez de ressources dans les écoles. Sinon, pourquoi avons-nous eu autant d'appels?»
Il invite à laisser tomber les affiches et à mettre davantage d'énergie sur le terrain, avec plus d'intervenants.
http://fr.canoe.ca/infos/societe/archives/2011/12/20111204-090300.html
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