| | Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire | |
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Auteur | Message |
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Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mer 4 Avr - 11:59 | |
| 4 avril 2018
L'EVANGILE DU JOUR
Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain (Lc 24, 13-35)
Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? »
Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
MÉDITER AVEC LES CARMES
Deux hommes sur une route de banlieue.
Deux hommes qui nous ressemblent comme des frères.
Deux croyants, qui ont vécu avant nous l'aventure de la foi.
Tout commence pour eux par une initiative du Christ.
Ils ont espéré, et maintenant ils n'espèrent plus. La libération politique d'Israël n'a pas eu lieu; le prophète Jésus est mort sans résistance, du supplice réservé aux criminels, en quelques heures, aux portes de la ville: c'est l'échec sur toute la ligne: la mort a vaincu une fois de plus.
Il y aurait bien une lueur d'espoir: des femmes du groupe prétendent que Jésus est vivant. Tout ce qu'on sait, c'est que le tombeau est vide: quelques-uns y sont allés voir; mais lui, Jésus, ils ne l'ont pas vu.
Ainsi en va-t-il de nous, chaque jour. Nous avons entendu parler du Ressuscité, nous accueillons le témoignage de la communauté de Jésus, mais lui, nous ne le voyons pas.
Nous le croyons lointain, et pourtant, invisiblement, il chemine avec nous; jour après jour il reprend avec nous l'initiative du dialogue.
Et cette initiative d'amour prise par Jésus rend possibles la rencontre et la reconnaissance progressive.
L'inconnu qui a rejoint les deux disciples ne les aveugle pas de sa gloire, comme saint Paul fut aveuglé sur la route de Damas, il ne leur montre pas ses mains et ses pieds, il ne leur donne pas d'évidence facile: il les invite à écouter une parole déjà dite par Dieu, une parole qui commente divinement l'histoire de Jésus le Nazaréen et qui révèle le sens de ce qui s'est passé.
Il a plu à Dieu de sauver le monde par la folie de la Croix, en réservant à Jésus le destin mystérieux du Serviteur souffrant; mais la folie de Dieu est suprême sagesse pour le salut des hommes. Et désormais la souffrance humaine change de signe: au lieu d'être source de révolte, elle devient chemin de rédemption.
Tout au long de la route, cette catéchèse de Jésus transforme le regard des disciples; mais ils ne se rendent pas compte tout de suite de la " brûlure de leur cœur ", ni de la clarté qui est entrée en eux. Ils comprennent peu à peu. Ils ont suffisamment soif de la lumière pour retenir Celui qui l'apporte, mais ils ne le reconnaîtront, lui, qu'au moment où la liturgie de la parole débouchera sur la fraction du pain, au moment où la parole les introduira dans le sacrement.
Mystère de l'amitié: l'invité devient l'invitant; l'invité donne en partage sa propre chair. Mais ce moment suprême où éclôt la présence est également celui de la séparation. Comme Marie de Magdala, les deux hommes doivent saisir la présence dans l'absence, en faisant fond sur la parole de l'ami.
Il n'est pas question de voir, de toucher, de sentir la proximité; il s'agit, par la parole et le sacrement, de communier à la vie du ressuscité.
Ainsi, l'initiative du Christ aboutit une fois de plus à une rencontre personnelle et vivifiante avec lui. Mais aussitôt ce dialogue avec le ressuscité s'épanouit en mission et en témoignage.
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Dernière édition par Espérance le Mer 30 Jan - 14:23, édité 1 fois |
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Jeu 5 Avr - 13:04 | |
| 5 avril 2018 L'Evangile du jour
« Le Christ ressuscitera le troisième jour » (Lc 24, 35-48) |
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En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” » Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Méditer avec les Carmes
Une fois de plus le Ressuscité prend l'initiative.
La présence de Jésus n'est pas le fruit d'une déduction intellectuelle des Apôtres ni d'une autosuggestion.(...) . Ce ne sont pas les disciples qui s'imaginent ou se persuadent que Jésus est présent pour combler le vide affectif laissé par son absence: c'est Jésus qui manifeste sa présence, librement, volontairement, comme il veut et quand il veut.
Et cela reste vrai quotidiennement de notre expérience spirituelle. Il n'est pas en notre pouvoir de créer à volonté en nous-mêmes un sentiment de la proximité de Jésus; et jamais une surchauffe du cœur humain dans la prière ne nous donnera des évidences immédiates qui nous dispenseraient de croire et d'espérer. C'est toujours Jésus qui a l'initiative et qui se manifeste comme vivant, en chacun de nous comme au milieu de nous tous; et même l'Eucharistie n'abolit pas forcément toute impression d'absence, car entre le sacrement visible et la réalité invisible il n'y a pas d'immédiateté totale. Un espace reste ouvert, qui est celui de la foi.
Ce soir-là, il est vrai, Jésus a tout fait pour aider les disciples à le reconnaître:
« Voyez, regardez, mes mains, mes pieds; constatez cette chair, ces os ».
« Touchez-moi; rendez-vous compte par vous-mêmes; prenez des preuves tangibles ».
Et même, Jésus exprès reprend contact avec les choses de notre univers: il mange devant tous un morceau de poisson.
Mais tous ces gestes ne font que traduire extérieurement deux mots essentiels que prononce Jésus : « C'est moi; c'est bien moi ! » Ce qui veut dire: « Moi, le Ressuscité qui vous parle, je suis Jésus de Nazareth. Moi, le Nazaréen, je suis le Seigneur pour aujourd'hui et pour l'avenir ».
Ainsi, en traversant la mort, Jésus est resté le même, bien qu'il vive différemment; et ce lien entre le passé et le présent est essentiel au message de Pâques. Jésus souligne le lien vital qui existe entre son passé d'humilité et de souffrance et son aujourd'hui de gloire, entre le mystère de son passage pascal et les promesses répétées de Dieu dans l'ancienne alliance. En ouvrant l'esprit des disciples à l'intelligence des Écritures, il leur découvre la cohérence du dessein de Dieu, la divine sagesse de la folie du Père, et par là même il nous révèle le sens de notre propre destin (...) : la reconnaissance du ressuscité permet la reconnaissance de nous-mêmes comme serviteurs souffrants promis à la résurrection.
Mais cette lumière nouvelle qui transfigure notre existence personnelle est destinée également à illuminer le destin du monde. Et c'est pourquoi, comme pour Marie de Magdala près du tombeau, comme pour les deux voyageurs d'Emmaüs, cette nouvelle rencontre du Ressuscité débouche pour les Onze sur une mission nouvelle. « C'est vous, dit Jésus, qui êtes témoins de tout cela ».
C'est nous qui sommes témoins...
Témoins que les souffrances du Messie ont eu un sens.
Témoins que la résurrection de Jésus donne sens à toute l'histoire humaine.
Témoins de la conversion nécessaire pour le pardon de Dieu et pour la vie authentique.
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| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Ven 6 Avr - 14:17 | |
| 6 avril 2018 « Jésus prend le pain, le poisson, et le leur donne » (Jn 21, 1-14) |
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En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment. Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien. Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. » Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau. Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres. Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. » Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré. Jésus leur dit alors : «Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples | | Méditer avec les CarmesDans Jérusalem encore endormie, une femme court. Elle court de toutes ses forces, en se répétant : " Où l'ont-ils mis ? " Elle vient réveiller Pierre et le disciple que Jésus aimait, qui se mettent à courir, eux aussi, à perdre souffle. Le disciple arrive le premier au tombeau, mais laisse entrer Pierre, l'aîné, le responsable. Pierre ressort, troublé, inquiet. Alors seulement entre le disciple que Jésus aimait. " Il vit, et il crut ", dit l'Évangile. Qu'a-t-il vu ? Les mêmes choses que Pierre : les linges posés à plat, et le suaire de la tête, roulé à part. Mais il a cru. Dans le froid du tombeau une lumière très forte et très douce s'est faite en lui : " Il est vivant ! " Jean a vu les signes de l'absence ; mais en même temps il a entendu dans son cœur les paroles et la promesse de Jésus. Il est vivant, comme il l'avait dit ! Il est vivant pour toujours ! L'amour de Dieu a été le plus fort ! Au dehors, rien n'a changé. Jérusalem s'éveille pour une journée tout ordinaire. Mais dans le cœur du disciple, tout est nouveau, tout est joyeux, tout est splendide : " Jésus est vivant ; il est la vie ; j'irai le dire au bout du monde ! " Elle est pour nous, frères et sœurs, cette joie du disciple. Elle traverse tous nos doutes, toutes nos morts, toutes nos tristesses. Abandonnons les peurs, les souvenirs, les contraintes ; lâchons ce qui ne peut que vieillir. Dans le soleil de la Pâque de Jésus, laissons l'Esprit Saint faire de nous des êtres nouveaux. Au nom de tous ceux que Dieu aime et veut sauver, tournons les yeux vers les réalités d'en haut, regardons le Christ assis à la droite de Dieu, cachons notre vie en Dieu avec le Christ, heureux de nous perdre de vue puisque Jésus est notre vie. Là où règne la haine, il apporte l'amour ; là où les hommes se déchirent, il propose sa paix ; là où les hommes trébuchent dans les ténèbres, il resplendit comme la lumière du monde. Entrons comme des pauvres dans la joie de Jésus. C'est une joie trop grande pour notre cœur, parce qu'elle vient du cœur de Dieu. C'est une joie que Jésus donne : il la donne à tous ceux qui l'aiment, à tous ceux qui le cherchent. Il la dépose ce matin dans notre cœur pour que nous l'accueillions au nom du monde entier. |
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Sam 7 Avr - 10:02 | |
| 7 avril 2018
L'ÉVANGILE DU JOUR
« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile » (Mc 16, 9-15)
Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire. Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus. Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité. Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. »
MÉDITER AVEC LES CARMES
Tout au long de cette semaine, nous avons pu relever trois constantes dans les récits d'apparitions du Sauveur :
– l'initiative venait de Jésus,
– la reconnaissance de Jésus se faisait toujours progressivement,
– chaque rencontre du Ressuscité débouchait sur une mission pour les disciples. Aujourd'hui encore, l'initiative de Jésus est soulignée.
- Jésus apparut (se fit voir),
- Jésus se manifesta sous une autre forme,
- Jésus se manifesta aux Onze eux-mêmes.
- le thème de la reconnaissance de Jésus est présent, lui aussi, mais renversé, en quelque sorte : l'Évangile souligne par trois fois l'incrédulité des compagnons de Jésus : ils refusent de croire Marie-Madeleine,
ils refusent de croire les deux disciples qui revenaient de la campagne (=Emmaüs), Jésus lui-même reproche aux Onze leur entêtement à ne pas croire ceux qui l'avaient vu ressuscité.
- mais l'accent principal de l'Évangile porte aujourd'hui sur la mission universelle.
Il ne s'agit plus seulement de porter la nouvelle à Pierre et aux autres disciples rassemblés à Jérusalem, mais de partir dans le monde entier et de proclamer la victoire de Jésus à toute la création.
Si nous laissons l'Esprit Saint nous interroger à partir de ces paroles de l'Évangile d'aujourd'hui, nous nous rendons très vite compte que ces quelques versets, d'apparence anodine, reflètent exactement notre situation actuelle de témoins du Christ et les principales tensions que nous connaissons dans notre itinéraire spirituel. Tensions dans notre vie face aux initiatives de Jésus. Nous l'avons découvert, reconnu, accueilli, au moment du premier don, mais, les années passant, il nous arrive de constater que, par moments, nous avons transféré notre trésor ailleurs et que notre cœur est ailleurs aussi, là où se trouve l'autre trésor.
Dès lors Jésus vivant, Jésus ressuscité, quand de nouveau il prend l'initiative de nous rencontrer, de croiser notre route, nous apparaît comme un étranger, difficilement reconnaissable.
Tensions au cœur même de notre foi et de notre espérance, lorsqu'il s'agit justement de rejoindre le Vivant, le Ressuscité, non pas dans l'euphorie d'une présence sentie, claire pour les yeux et chaude pour le cœur, mais humblement, quotidiennement, à partir du témoignage des Écritures et sous les traits de sa communauté souffrante. C'est la difficulté de croire sans avoir vu, de tout miser sur la parole du Maître.
Tensions, enfin, au niveau de la mission.
À qui, en effet, Jésus confie-t-il le message universel ? – à ceux et à celles qu'il vient de trouver incrédules, entêtés, lents à croire. Pourtant «;il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et entendu;». Porteurs d'une nouvelle bouleversante pour le monde, nous portons en même temps le poids de nos lenteurs, de nos velléités, de nos réticences et de nos reprises. Jésus nous confie la flamme qui peut allumer dans le monde l'incendie de la charité, mais nous la portons «;dans des vases d'argile;».
L'amour du Christ, toutefois, est si fort, si personnel, si rédempteur, qu'il nous interdit de nous laisser paralyser par notre misère. La mission est là, belle, urgente, décisive, et «;il est fidèle, le Dieu qui nous a appelés à la communion de son Fils;».
C'est encore lui qui fera cela.
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| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Lun 9 Avr - 10:30 | |
| 8 avril 2018
L'EVANGILE DU JOUR : L'ANNONCIATION
« Tu vas concevoir et enfanter un fils » (Lc 1, 26-38)
En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Alors l’ange la quitta.
MÉDITER AVEC LES CARMES
Gabriel est venu au village...
« Ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre la force ; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi: ce qui n'est pas, pour réduire à néant ce qui est » (1 Co 1,27s). Nulle part cette disproportion entre Dieu et les moyens qu'il choisit n'éclate mieux que dans le cas de la Vierge Marie.
En Galilée tout le monde plaisantait sur Nazareth : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 2,45) ; et c'est Nazareth que Dieu choisit comme charnière de l'histoire du monde !
Marie envisageait de rester vierge, affrontant d'avance le mépris qu'à l'époque on vouait aux femmes stériles ; et c'est à elle que Dieu envoie Gabriel pour lui dire : « l'être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils du Très-Haut ».
Dieu fait du nouveau, du surprenant, de l'inouï ; et le plus admirable, dans l'attitude de Marie, c'est qu'elle rejoigne si vite le plan de Dieu, sans se laisser écraser par sa pauvreté. Elle s'étonne, certes, de s'entendre appeler « pleine de grâce, plus bénie que toutes les autres femmes » ; mais il lui suffit que l'Ange lui dise : « tu as trouvé grâce auprès de Dieu » pour que toutes ses craintes s'évanouissent : elle a reconnu le programme de toute sa vie !
Que cherchait-elle, en effet, jeune fille inconnue d'une bourgade méprisée ? - simplement à rester disponible de cœur et de corps pour attendre l'heure de Dieu. Sa grande force, sa seule force, c'est que d'avance elle s'apprêtait à laisser faire Dieu ; « car à lui rien n'est impossible ». Vienne le dénuement de Bethléhem, vienne la Croix de Jésus, la certitude du premier jour la soutiendra : « Ne crains pas, Marie : tu as trouvé grâce auprès de Dieu. »
Aux heures de joie comme aux jours sombres, Marie n'a jamais cessé de compter sur Dieu ; et le secret de son espérance, elle le livre dans le Magnificat, en une formule qui résume à la fois l'Ancienne Alliance et les découvertes spirituelles de sa jeunesse fervente : « Il se souvient de son amour ».
Dieu sait, Dieu se souvient, Dieu aime : cela suffit au bonheur de Marie et à sa paix. Dieu s'est tellement souvenu de la Mère de Jésus qu'il a fait d'elle une servante-reine, comme un vivant rappel de son choix, qui est de faire des merveilles dans notre pauvreté. Et désormais les grâces de salut pour le monde entier passent par le cœur de cette femme de chez nous.
Mais plus Dieu la veut reine, plus elle se veut servante ; et c'est pourquoi Marie ne s'impose dans la vie de personne : elle est là, discrète et efficace, au ciel comme à Cana, sans quitter l'ombre de l'Esprit, prête à répondre à tous les humbles qui l'appellent, prête à louer Dieu avec tous ceux qui l'invoquent, et redisant à tous ceux qui souffrent le secret de sa mission, si consonant au secret de sa vie : « Je suis la Mère de la sainte espérance ».
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| | | Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Lun 9 Avr - 18:46 | |
| Bonsoir Espérance, Merci pour cet apostolat de la méditation que j'apprécie beaucoup lire chaque jour. |
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mar 10 Avr - 10:02 | |
| 10 avril 2018
L'ÉVANGILE DU JOUR
« Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme » (Jn 3, 7b- 15)
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » Nicodème reprit : « Comment cela peut-il se faire ? »
Jésus lui répondit : « Tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? Amen, amen, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage. Si vous ne croyez pas lorsque je vous parle des choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses du ciel ? Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »
MÉDITER AVEC LES CARMES
Nicodème a fait le pas ; et c'est méritoire.
Membre très écouté du Sanhédrin, pharisien de renom, il fait autorité en Israël. Lui, l'expert dans l'étude de la Torah, est impressionné par les signes que Jésus accomplit, et il a reconnu en lui un maître authentique venu de la part de Dieu. Déjà il se sent disciple de Jésus, mais « disciple en secret » (19,38), car il a peur de la rumeur publique, peur que sa démarche ne le compromette aux yeux de ses pairs. (...)
Quelles questions voulait-il poser ? Nous le devinons seulement à partir des paroles que Jésus lui adresse en prenant les devants : Nicodème désire entrer dans le Règne de Dieu. Mais Jésus, qui annonce ce Règne, ne vient pas de Dieu au sens où Nicodème l'entend, comme un homme simplement approuvé par Dieu. Il est descendu d'auprès de Dieu parce qu'il est né de Dieu et ne fait qu'un avec son Père. Toute vie commence en Dieu, toute initiative vient de Dieu, et cela reste vrai, au niveau de la foi, pour tout croyant : un homme ne peut « voir » le Règne de Dieu que s'il est engendré par le Père céleste, engendré de l'eau et de l'Esprit. Nicodème s'étonne et achoppe. Lui, qui pourtant est maître en Israël (...) se trouve devant des perspectives entièrement nouvelles.
À vrai dire Nicodème pouvait rejoindre en partie la pensée de Jésus. En effet, déjà dans l'Ancien Testament on trouve le don de l'Esprit plusieurs fois associé à l'intervention décisive de Dieu dans l'histoire du monde. « Je répandrai mon Esprit sur toute chair », annonce le Seigneur dans Joël (3,1-2), et Dieu précise, en Ézéchiel (36,25s), unissant les deux thèmes de l'eau et de l'Esprit : « Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés, (…) je mettrai en vous mon Esprit ». Nicodème pouvait donc comprendre au moins ceci : Jésus proclame l'arrivée des temps nouveaux, puisque les hommes vont recevoir l'Esprit.
(...) Être engendré d'en haut, être engendré de Dieu, comment comprendre cela ?
(...) il n'y a pas à s'étonner que la nouvelle naissance grâce à l'Esprit Saint soit mystérieuse. L'homme peut constater en lui-même les fruits de l'Esprit de Dieu sans savoir quand ni comment il agit. (...) Et Jésus répond ici à Nicodème dans le même sens : « Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d'où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l'Esprit ». (...) C'est d'auprès du Père que Jésus est venu dans le monde, et c'est auprès de lui qu'il remontera. Ce qu'il était dans le ciel, et ce qu'il sera dans la gloire, éclaire ce qu'il a fait et dit parmi nous. La raison de tout mystère est à chercher dans la gloire auprès de Dieu ; c'est pourquoi Jésus ajoute : "Si vous ne croyez pas quand je vous dis les choses de la terre, comment croirez-vous quand je vous dirai les choses du ciel ? »
Il va annoncer, en effet, des choses de Dieu plus merveilleuses encore. Jusque-là il s'agissait encore de « choses terrestres », du chemin à prendre sur terre pour voir le Règne de Dieu, ou de la naissance de chaque homme ici-bas dans l'eau et par l'Esprit. Comment répondra Nicodème, comment réagiront tous les croyants, lorsque Jésus parlera des « choses célestes », qui le concernent, lui, le propre Fils de Dieu ?
Et Jésus donne deux exemples :
- lui, et lui seul, est descendu du ciel pour nous parler de Dieu, et lui, le premier, ouvrira le chemin de la gloire : il montera au ciel;
- mais auparavant (et c'est là un secret qui dépasse tellement les perspectives humaines ! ), avant d'être élevé par Dieu auprès de lui dans le ciel, il sera élevé par les hommes sur le bois de la croix.
Ces choses du ciel, il nous faut les entendre, car elles éclairent pour nous ce que nous faisons sur terre. Ces choses qui nous disent le cœur de Dieu apportent paix et lumière à nos cœurs d'hommes. Elles nous paraissent à certains jours lointaines et irréelles, comme une naissance impossible ; mais elles sont plus vraies, plus urgentes, plus définitives que tout ce qui passe par nos mains ou par notre esprit.
C'est par ces choses du ciel que nous entrons chaque jour dans la vie de Dieu.
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| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mer 11 Avr - 10:57 | |
| 11 avril 2018
L'ÉVANGILE DU JOUR
« Dieu a envoyé son Fils pour que le monde soit sauvé » (Jn 3, 16-21)
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
MÉDITER AVEC LES CARMES
Le jugement : un mot qui a traumatisé durant des siècles les chrétiens ; une idée qui déclenche une allergie immédiate chez beaucoup de croyants de notre époque ; une perspective qui pourtant ouvre sur un vrai dynamisme spirituel, si nous y entrons guidés par le langage johannique. Car Jean envisage deux sortes de jugement, deux krisis bien différentes : - Il y a d'abord le jugement ultime, qui sera prononcé à la fin des temps par le Fils de l'homme, et seulement à la fin des temps. Et de ce jugement-là Jésus dit, dans l'Évangile d'aujourd'hui : « Le Père a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé ». L'avènement du Fils de Dieu dans la chair est ordonné au salut des hommes, et jusqu'à la fin de l'histoire humaine toute sentence est reportée. - Mais bien avant ce jugement décisif, et tout au long du temps des hommes, se poursuit un autre jugement (krisis) : la démarcation immédiate de la lumière et de la nuit. C'est une sorte de discernement et une option vitale ; c'est une allergie aux ténèbres qui survient, instantanée ; c'est comme un seuil critique sans cesse franchi par l'homme, libre devant Dieu pour le refus ou pour l'assentiment. Ce jugement-là trace une frontière, mouvante comme la vie, qui traverse le monde des hommes, le cœur de chacun, et donc aussi chaque communauté qui se réclame du projet de Jésus : "Le jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière". Celui qui, coupablement, ne croit pas, et ne vient pas à Jésus, a jugé pour lui-même ; « il s'est jugé lui-même », et il reste en deçà de la frontière de la vie. Celui qui croit, qui vient à Jésus, franchit librement le seuil, il passe de la mort à la vie ; il laisse derrière lui la frontière du jugement, parce qu'il s'avance vers Dieu et s'offre tout entier à la lumière. C'est surtout cette dynamique de la lumière, ce phototropisme de la foi en Jésus, que l'Évangile de Jean met en relief, pour chaque croyant et pour chaque communauté : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière », dit Jésus. Celui qui appuie son action et ses choix sur la parole de Jésus n'a pas peur de la lumière. Ceux qui ensemble soumettent leurs interrogations et leurs projets au regard de Jésus n'ont pas à craindre la lumière que l'Esprit fera jaillir à l'intime des frères. Ils peuvent même s'avancer hardiment vers la lumière : elle ne révélera que la santé des cœurs, une volonté unanime de faire advenir le Royaume. La lumière très douce de l'Esprit viendra attester aux frères en dialogue que leur œuvre de concertation, de discernement, de perspective dans l'espérance, « est faite en Dieu ». |
| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Jeu 12 Avr - 11:08 | |
| 12 avril 2018
L'ÉVANGILE DU JOUR
« Le Père a tout remis dans la main du Fils » (Jn 3, 31-36)
« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre. Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai. En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure. Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main. Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »
MÉDITER AVEC LES CARMES
Ces versets d'Évangile que la liturgie nous propose aujourd'hui rendent un son assez particulier.
Après le dialogue de Jésus avec Nicodème et l'épisode si personnel où Jean Baptiste dit sa joie d'être l'ami de l'Époux, nous lisons aujourd'hui six versets de ton noble et méditatif sur l'envoyé de Dieu, et sur les réactions des hommes à son message.
Ces paroles de Jésus, qui rappellent plusieurs thèmes développés devant Nicodème, ont été placées à cet endroit par l'Evangéliste pour souligner que le Christ, révélateur de Dieu, est à la fois celui qui apporte la parole et celui qui donne l'Esprit Saint :
« Celui qui vient du ciel témoigne de ce qu'il a vu et de ce qu'il a entendu. Celui qui reçoit son témoignage certifie par-là que Dieu est vrai, car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu : ce n'est pas avec mesure qu'il donne l'Esprit ».
Celui qui donne l'Esprit, l'Esprit Saint, c'est Jésus, l'Envoyé : voilà le cœur de notre texte.
Parole et Esprit Saint sont indissociables dans l'œuvre de Jésus : il dit les paroles de Dieu, il donne l'Esprit ; il dit et il donne.
Les paroles qu'il dit sont sans mesure humaine, car ce sont les paroles de Dieu ; et quand il donne l'Esprit, il peut le donner sans mesure, parce que lui-même vient de Dieu.
Il dit, et il donne : en même temps qu'il parle, il donne l'Esprit, car ses paroles sont Esprit et elles sont vie : elles sont porteuses de l'Esprit, et par là vivifiantes.
Il dit, et il donne, et ce qu'il donne accrédite ce qu'il dit. À celui qui accueille la parole, l'Esprit est donné, et cette efficacité « pneumatique » (spirituelle) de la parole de Jésus authentifie cette parole comme parole d'Envoyé, comme parole venant de Dieu.
Dès lors celui qui reçoit en terre profonde ce témoignage de Jésus est « enseigné par Dieu » ; il rejoint la pensée de Dieu, il ratifie que Dieu est vrai, que Dieu dit vrai ; c'est-à-dire qu'il acquiesce, comme Marie, de tout son être à la vérité que Dieu manifeste par Jésus, en Jésus.
Ainsi le Père, le Fils et l'Esprit Saint sont à l'œuvre conjointement dans la révélation.
À l'origine de tout envoi, de toute parole et de toute révélation, se trouve le Dieu vrai et véridique. Jésus, son Envoyé, nous transmet en paroles d'homme ce qu'il a vu et entendu auprès du Père, et l'Esprit de la vérité fait reconnaître dans ce témoignage de Jésus les paroles mêmes de Dieu : grâce à lui l'homme pose et habite son acte de foi.
Tout cela prend un visage très quotidien dans le secret de notre foi et de notre espérance, dans le concret de notre vie orante et missionnaire. Chaque fois que nous accueillons la parole de Dieu, l'Esprit Paraclet est à l'œuvre en nous. Que ce soit à l'Eucharistie, dans la « liturgie » (service sacré) de la parole, que ce soit à l'action de grâces, quand nous laissons résonner en nous l'espérance laissée par Jésus comme trace de son sacrement, que ce soit aux heures de service, dans le Nazareth que Dieu a choisi pour nous, ou aux heures bénies de l'oraison où nous ouvrons les mains pour laisser faire Dieu, seul l'Esprit de Jésus nous fait entrer dans sa parole, seul l'Esprit Paraclet rend vivante en nous la parole et nous fait vivre d'elle.
Et ce qui vécu là en écoute, en accueil, en soumission, bien souvent au-delà des prises de notre intelligence, plus profondément que tout projet spirituel, plus filialement que tout retour sur nous-mêmes, c'est bien une entrée dans la dynamique trinitaire : dans le réel de l'homme, c'est le réel de Dieu. |
| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Ven 13 Avr - 6:54 | |
| 13 avril
« Il en distribua aux convives, autant qu’ils en voulaient » (Jn 6, 1-15) | |
En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.
MÉDITER AVEC LES CARMES
Une grande foule suivait Jésus, car les gens de Galilée connaissaient maintenant son pouvoir de guérir. C'est pourquoi Jésus gravit la montagne ; peut-être pour demander un effort à ceux qui voulaient le voir et l'entendre, mais aussi afin de pouvoir parler à la foule entière et d'être entendu de tout le monde.
À la vue de la foule qui montait et prenait place autour de lui, la première parole de Jésus est une question à Philippe : « Où achèterons-nous du pain pour qu'ils aient de quoi manger ? »
Tout comme Philippe et André, nous nous trouvons, dans notre activité de prière, de service ou de témoignage, devant une tâche démesurée, disproportionnée à nos forces. Mais Jésus le sait ; et il sait ce qu'il va faire.
À bien des niveaux, dans nos vies données au Christ, des nécessités apparaissent, sans proportion avec les lumières ou les ressources que nous pouvons avoir : « Qu'est-ce que cela pour cinq mille personnes ? » À travers des changements imprévus, des besoins nouveaux, des urgences inattendues, le Christ continue de nous poser des questions vitales pour nous-mêmes et pour ceux que nous aimons, ceux qu'il nous demande d'aimer. Mais lui-même sait ce qu'il va faire.
Jésus fait asseoir dans l'herbe haute toute la foule, comme des brebis sur un bon pâturage. Il prend les pains, il rend grâces, et les distribue, faisant ainsi pour le pain de tous les jours les gestes qu'il refera à la dernière Cène. Et voilà que la faim devient rassasiement, que la pauvreté devient surabondance, comme les prophètes l'avaient annoncé pour les temps du Messie.
Nous pourrions nous demander : où trouver assez de pain, de riz ou de mil pour nourrir les millions d'affamés d'Afrique et d'Asie ? où trouver assez de tendresse pour tous les enfants orphelins abandonnés, pour tous les jeunes blessés par la vie ? où trouver assez de lumière pour guider ceux qui marchent à tâtons et qui cherchent désespérément un chemin de bonheur ?
Il suffit d'apporter à Jésus, chaque jour, et fidèlement, nos cinq petits pains et nos deux poissons, les pains ordinaires de notre fidélité, de notre dévouement, de notre charité infatigable, les petits pains insignifiants et tout secs de nos heures de louange et d'oraison, les petits pains de notre joie courageuse, car Jésus sait bien ce qu'il va en faire, et déjà nous pouvons préparer les corbeilles pour le surplus : une corbeille par apôtre, une corbeille par sœur.
Il y aura en effet du surplus, car Dieu donne largement. Et la consigne de Jésus, précisément à propos du surplus, doit nous faire réfléchir : « Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne soit perdu ! »
Ce souci de Jésus, nous pouvons l'entendre à deux niveaux.
D'abord comme une invitation à ne rien laisser perdre de ce qui peut nourrir des hommes ; et de ce point de vue notre société de consommation tourne souvent le dos aux exigences élémentaires de la solidarité avec les peuples décimés par la famine.
Mais il y a autre chose ...
En effet, dans les corbeilles qu'emportaient les disciples après ce repas sur l'herbe, tous les morceaux provenaient des pains donnés par Jésus, multipliés par Jésus. Et c'était une raison supplémentaire de ne rien laisser perdre : on ne gaspille pas les dons de Dieu, et quand Dieu a donné, même les restes sont bons.
Dieu aime que nous utilisions pour lui tous nos restes : restes de santé, restes de forces, restes d'espérance. Ce qu'il nous a donné pour son service, c'est du bon pain qui reste nourrissant.
Ne disons pas : « J'ai vieilli ; j'ai fait mon temps. Ce que j'ai à donner est maintenant dérisoire ! », car un cœur qui donne a part à la jeunesse de Dieu.
Ne disons pas : « Personne ne veut de ce que j'ai à offrir ! », car Jésus, lui, en fait un bon usage.
Ne disons pas : « Je suis malade, donc je n'ai plus rien à donner ! », car les restes de santé sont des restes pour la sainteté.
Ne disons pas : « Moi, je ne distribue que les pains entiers : les restes, cela ne vaut pas la peine ! », car il y a un temps pour tout, un temps pour les pains entiers, et un temps pour les restes, et c'est Jésus qui rythme la mission, qui mesure nos forces, et qui nous donne chaque jour ce qu'il nous faut donner.
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| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Sam 14 Avr - 12:07 | |
| 14 avril « Ils virent Jésus qui marchait sur la mer » (Jn 6, 16-21) | |
Le soir venu, les disciples de Jésus descendirent jusqu’à la mer. Ils s’embarquèrent pour gagner Capharnaüm, sur l’autre rive. C’était déjà les ténèbres, et Jésus n’avait pas encore rejoint les disciples. Un grand vent soufflait, et la mer était agitée. Les disciples avaient ramé sur une distance de vingt-cinq ou trente stades (c’est-à-dire environ cinq mille mètres), lorsqu’ils virent Jésus qui marchait sur la mer et se rapprochait de la barque. Alors, ils furent saisis de peur. Mais il leur dit : « C’est moi. N’ayez plus peur. » Les disciples voulaient le prendre dans la barque ; aussitôt, la barque toucha terre là où ils se rendaient.
MEDITER AVEC LES CARMES
La foule, impressionnée par le miracle des pains, a voulu acclamer Jésus comme le Prophète attendu et comme un Messie national, mais ces deux titres disent trop peu : ils alignent encore Jésus sur des personnages de dimension purement humaine ; or Jésus est l'égal de Dieu son Père.
À l'attente trop matérielle de ses contemporains, Jésus répond de deux manières. D'une part, comme nous le lisons juste auparavant dans l'Évangile, il refuse qu'on le fasse roi et se retire tout seul dans la montagne ; d'autre part - et c'est le présent récit - il vient vers ses disciples en marchant sur la mer.
Cette nuit-là, Jésus accomplit deux actions que les Psaumes attribuaient à Dieu lui-même. Dans le Psaume 77, en effet, le Psalmiste rend grâces à Dieu pour le passage de la Mer Rouge et s'écrie : « Sur la mer fut ton chemin, ton sentier sur les eaux innombrables, et tes traces, nul ne les connut » (v.20). Par ailleurs, dès que les disciples veulent prendre Jésus dans la barque, celle-ci atteint le rivage à l'endroit où ils se rendaient. C'est l'accomplissement d'un autre psaume, qui chante la victoire de Dieu :
« Il ramena au calme la tempête, et les vagues de la mer se turent.
Les hommes se réjouirent de ce qu'elle s'apaisait,
et il les mena au port de leur désir » (Ps 107,30).
Ainsi ce début du chapitre 6 de saint Jean fait écho doublement à la geste de l'Exode : de même que Dieu a donné à son peuple de traverser la mer avant de le nourrir de la manne au désert, de même Jésus, son Envoyé, après avoir nourri la foule au désert, apaise la tempête et ouvre dans la mer une route pour ses disciples.
Double miracle, double symbolisme qui illumine notre vie quotidienne. En effet, le même Christ ressuscité qui nous donne chaque jour le pain de Dieu, la manne nouvelle, sa propre chair livrée pour la vie des hommes, est celui qui nous fait traverser ensemble la mer agitée de ce monde et nous mène ainsi, par amour, « au port de notre désir ».
Aujourd'hui encore le vent de tempête se lève dans le monde, et des vagues menaçantes viennent déstabiliser les nations, les communautés, les familles, et nous-mêmes dans notre espérance.
Aujourd'hui encore nous ramons à contre-courant, et nous avons peine à reconnaître la présence de Jésus, même quand il se fait tout proche.
Puisons, dans le pain que nous allons recevoir, la force de dépasser toute crainte. Même si notre foi demeure chancelante, prenons résolument le Sauveur dans notre barque, ouvrons largement notre cœur à l'avenir qu'il construit avec nous, car c'est lui qui veut nous mener au port de notre désir.
Notre désir ? À quoi s'attache-t-il ?
À certaines heures il semble flotter en nous et ne mener nulle part. Nos épreuves et nos limites nous montrent vite que nous ne maîtrisons pas à volonté notre destin ; et lorsque nous nous sentons arrêtés dans nos ambitions ou déçus dans nos rêves, la tentation peut se glisser en nous de ne plus espérer pour nous-mêmes et de ne plus rien désirer pour les autres. La barque est bien là, où nous gérons le quotidien ; mais il n'y a plus ni vent, ni rame, ni traversée, plus même de port dans notre souvenir.
C'est alors que Jésus nous rejoint par le chemin qu'il est seul à fouler ; c'est alors que l'Esprit Saint en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes fils et filles de Dieu, héritiers de Dieu avec le Christ (Rm 8,16), des fils et des filles aimés, appelés, attendus. L'Esprit redonne un sens à nos efforts et du prix au temps qui passe.
En nous montrant le port, il sauve notre désir.
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| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Lun 16 Avr - 14:19 | |
| 16 avril « Travaillez pour la nourriture qui demeure éternellement » (Jn 6, 22-29) | |
Jésus avait rassasié cinq mille hommes, et ses disciples l’avaient vu marcher sur la mer. Le lendemain, la foule restée sur l’autre rive se rendit compte qu’il n’y avait eu là qu’une seule barque, et que Jésus n’y était pas monté avec ses disciples, qui étaient partis sans lui. Cependant, d’autres barques, venant de Tibériade, étaient arrivées près de l’endroit où l’on avait mangé le pain après que le Seigneur eut rendu grâce. Quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. » Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
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« Que nous faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » (...) Les questionneurs s'attendaient peut-être à un catalogue, à une liste bien précise, à quelques exigences facilement repérables : la prière, l'hospitalité, les sacrifices au Temple, ou l'aumône aux déshérités. Mais la réponse de Jésus les déconcerte. D'abord Jésus ramène tout à l'unité : non pas des œuvres, mais une seule œuvre ; et de plus cette œuvre unique consiste à croire ; croire en Dieu, bien sûr, croire en la fidélité du Dieu de l'Alliance, mais surtout croire en lui, Jésus, comme en l'Envoyé du Père, que le Père a marqué de son sceau, signant d'avance tout ce qu'il dira et fera chez les hommes. Une seule œuvre, dit Jésus. Et pourtant il a laissé lui-même bien des consignes à ses disciples : douceur, humilité, pardon mutuel, amour de la paix, miséricorde ... Mais finalement tout se résume en un seul mot, en une seule démarche : croire en Jésus, qui est à lui seul le chemin et la vérité ; venir à lui pour avoir la vie. De fait, dans le concret de notre existence, croire en Jésus transforme tout, emporte tout, illumine tout. Croire en Jésus, Fils de Dieu, cela décide de notre avenir. D'où que nous venions, et quelle que soit notre histoire spirituelle, plus paisible ou plus orageuse, dès lors que nous avons « appris le Christ », comme le disait saint Paul (E 4,20), il est des routes que nous ne prendrons plus, et surtout des chemins que nous choisirons parce que Jésus les a choisis avant nous. (...) Croire en Jésus, cela ressaisit et restaure même notre passé. Dans notre vie d'adultes chrétiens, parce que nous venons à Jésus comme à Celui qui recrée et qui sauve, nous pouvons nous retourner vers notre passé, qu'il soit source de joie, de remords ou d'angoisse; nous pouvons le regarder dans sa lumière, la lumière du salut; et nous pouvons dire au Christ de notre appel: « Oui, Seigneur, j'ai été cela, je suis cela ; j'en suis là et je n'en suis que là ; mais puisque je viens à toi, je sais que la route m'est ouverte ». (...) Croire en Jésus, cela transfigure le quotidien, le réel de notre vie, de notre amour, de notre service. Le Christ Sauveur nous aime en habits de tous les jours, et pour lui répondre dans la foi il n'est pas nécessaire de vivre « autre chose » : il suffit de vivre les mêmes choses autrement. (...) Ainsi, dans la démarche de la foi au Christ, dans l'amitié avec Jésus l'Envoyé, c'est toute la personne qui est reprise, tout son temps, toutes ses forces, tous ses désirs. (...) Et pour nourrir cette foi mise en œuvre, un seul pain est offert aux hommes, « le pain de Dieu, qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » (Jn 6,33). C'est Jésus, pain de la foi et pain de vie, qui vient à nous à chaque messe, d'abord à cette table de la parole, puis à la table de l'Eucharistie. C'est sa force et son amitié que nous demandons fidèlement, au-delà de la nourriture qui périt : "Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour". « Seigneur, donne-nous toujours ce pain-là ! »
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| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mar 17 Avr - 10:45 | |
| 17 avril
L'ÉVANGILE DU JOUR
« Mon Père vous donne le vrai pain venu du ciel » (Jn 6, 30-35)
En ce temps-là, la foule dit à Jésus : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : ‘Il leur a donné à manger le pain venu du ciel.’ » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
MÉDITER AVEC LES CARMES
Jésus vient de nourrir cinq mille personnes dans le désert avec cinq pains d'orge, le casse-croûte d'un gamin prévoyant. Le lendemain, les foules se mettent à sa recherche, et Jésus, une fois rejoint, entame un dialogue dont saint Jean a retenu trois thèmes principaux :
- les signes opérés par Jésus,
- l'œuvre de Dieu,
- le pain venu du ciel.
C'est à dessein que saint Jean emploie le mot « signe » à propos des miracles de Jésus.
Pour les autres évangélistes, les miracles de Jésus sont surtout des actes de puissance qui marquent l'irruption du règne de Dieu dans l'histoire des hommes. (...)
Pour saint Jean, le but des miracles de Jésus est de révéler qui il est :
l'Envoyé de Dieu, le Fils de Dieu prononçant sur terre les paroles de Dieu même et accomplissant son œuvre parmi les hommes. Ainsi les miracles pointent toujours directement sur la personne de Jésus ; ils provoquent les hommes à croire, à espérer, en Jésus Fils de Dieu ; ils appellent les hommes à se tourner vers lui pour être sauvés, et c'est pourquoi Jean les appelle des signes, des actes qui « font signe ». (...)
Le deuxième thème du dialogue, les œuvres de Dieu, est en prise directe sur cette théologie des signes de Jésus.
« Que nous faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? »,
demandent les gens. Que faut-il entreprendre ? que faut-il organiser ? quelles œuvres faut-il aligner ?
Et Jésus répond : « L'œuvre de Dieu, c'est de croire en celui qu'il a envoyé. » Croire est une œuvre ; c'est même la seule œuvre importante, car si la foi en Jésus est enracinée dans le cœur d'un homme, les œuvres suivront.
Croire, c'est « l'œuvre de Dieu », d'abord parce que c'est l'œuvre de base que Dieu attend de nous, et ensuite parce que c'est se soumettre à l'œuvre de Dieu, c'est entrer dans le travail qu'il accomplit par son Christ. (...)
Mais nous sommes lents à faire confiance, et nous gardons toujours au cœur un reste de soupçon à l'égard de ce qui vient de Dieu, comme les auditeurs de Jésus qui lui demandent des assurances supplémentaires : « Quel signe fais-tu, pour que nous le voyions et puissions te croire ? »
Dans le désert, Moïse donnait la manne tous les jours pour le peuple tout entier. Voilà des gestes bien tangibles, qui accréditaient sa mission ! « Mais toi, quelle est ton œuvre ? Si tu te proclames l'envoyé de Dieu, fais d'abord aussi bien que Moïse ! »
Jésus, calmement, explique la portée exacte du texte de l'Exode. « Vous vous référez à Moïse ; vous dites : Moïse, lui, nous a donné le pain venu du ciel ! » - « Erreur : ce n'était pas Moïse ; c'est Dieu, c'est mon Père qui vous le donnait. Et non seulement mon Père vous a donné, mais il vous donne aujourd'hui le pain du ciel. Encore faut-il que vous le reconnaissiez : le pain de Dieu, celui qui seul peut donner la vie au monde, c'est moi ! »
Et Jésus s'explique longuement, dans un discours sur le pain de vie, dont nous ne lisons aujourd'hui que la première phrase :
« C'est moi qui suis le pain de la vie.
Celui qui vient à moi n'aura plus faim ;
celui qui croit en moi jamais n'aura soif. »
Jésus est pain de vie, à un premier niveau, parce que sa parole nourrit notre foi et notre espérance, et parce qu'il est à lui seul la révélation du Père, qui comble en l'homme toute soif d'aimer et d'être aimé.
Il est pain de vie, à un autre niveau, parce qu'il se donne en nourriture dans l'Eucharistie sous les signes inattendus du pain et du vin.
Nous sommes bien loin du pain à satiété, bien loin de la manne périssable. Les gens de Galilée réclamaient de Jésus des prodiges plus grands et plus durables que ceux de Moïse. Jésus ne répond pas au niveau du prodige : il laisse à ses disciples les signes nouveaux de la nouvelle Alliance, où déjà tout est donné pour ceux qui acceptent de croire. |
| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mer 18 Avr - 10:37 | |
| 18 avril « Celui qui voit le Fils et croit en lui a la vie éternelle » (Jn 6, 35-40) | |
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas. Tous ceux que me donne le Père viendront jusqu’à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors. Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. Or, telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »
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Dieu voit loin. Il voit loin pour le monde créé : c'est ce que chantent en silence les galaxies que nous découvrons. Il voit loin pour chacun/e de nous : c'est le message de Jésus dans ce texte de saint Jean. Pour chacun de nous, Dieu a un projet de vie et de résurrection. Il veut pour nous pas moins que la vie éternelle ; et cette volonté de ne rien perdre, de mener ses enfants à la gloire, Dieu la réalise par Jésus, son Envoyé. Les moments de cette œuvre de salut sont énumérés par Jésus dans son homélie de Capharnaüm. Dieu le Père nous donne à Jésus ; nous venons à Jésus ; nous « voyons » Jésus, d'un regard qui traverse les apparences et les signes, et nous reconnaissons en lui son Fils. Dès lors la foi en l'Envoyé nourrit et désaltère : « nous n'avons plus faim, nous n'avons plus soif » ; Jésus, pain de Dieu, nous donne la vie éternelle. Jésus est le Pain de la vie, en effet, et il l'est à un double niveau. D'abord il est le pain pour la foi, par sa parole révélante - et c'est ce premier thème qu'il développe dans l'évangile d'aujourd'hui. Mais il est aussi pain de vie par sa chair de gloire qu'il nous donne à manger, comme il l'explique dans la deuxième partie de son homélie. Et c'est ce même Jésus qui nous sustente tout au long de la route et qui mettra sur nous le sceau de sa propre éternité : « Oui, telle est la volonté de mon Père que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai, moi, au dernier jour » (v.40). Cette passion divine de réussir l'homme, cette volonté du Père mise en œuvre par Jésus, éclaire de l'intérieur notre vie fraternelle. Chacun/e de nous est donné/e à Jésus par le Père. De même, très réellement, à notre humble niveau, chaque frère, chaque sœur, est pour nous don de Dieu. Mon frère, ma sœur, est un cadeau que le Père me fait : il me les donne à aimer, à comprendre, à servir. Jésus disait : « Celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors, car la volonté de mon Père, c'est que je ne perde rien de tout ce qu'il m'a donné. » Toutes proportions gardées, et en dépendance de Jésus Christ, qui seul possède la lumière et la force, je dois faire, pour tous ceux que le Père me donne, le même projet de vie et de résurrection que Jésus fait pour moi. La vie, c'est lui qui la donne ; la résurrection, c'est lui qui l'ouvre, mais je dois faire mienne la volonté de Celui qui m'envoie. Je dois, pour le plaisir de Dieu, entrer dans l'œuvre de Jésus, et donc accueillir mon frère avec sa faim et sa soif. Dans quelques instants, frères et sœurs, nous allons retrouver, avec notre cadre de vie quotidien, les visages connus, trop connus, sans mystère, de ceux et de celles qu'il nous a donnés, et nous aurons besoin de réveiller dans notre cœur "les sentiments qui sont dans le Christ Jésus" (Ph 2,5). Que Jésus lui-même les dépose en nous grâce au Pain de son Corps, comme il nous les fait désirer par le Pain de sa parole. | |
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| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Jeu 19 Avr - 10:28 | |
| 19 avril
« Je suis le pain vivant descendu du ciel » (Jn 6, 44-51)
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : ‘Ils seront tous instruits par Dieu lui-même.’ Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
MEDITER AVEC LES CARMES
Il n'est pas facile de croire. Or notre foi chrétienne réclame de notre intelligence trois soumissions : - admettre que Dieu existe et qu'il a parlé aux hommes ; - admettre que Jésus de Nazareth est le propre Fils de Dieu, venu dans notre monde nous "raconter" Dieu (1,18) ; - admettre que la parole de Jésus retentit encore dans son Église, et que cette Église, malgré ses misères qui sont nos misères, est porteuse, encore aujourd'hui, du message de la victoire de Jésus. (...) Cette difficulté de croire, même les contemporains de Jésus l'ont éprouvée, même ceux qui voyaient chaque jour ses miracles. Qu'est-ce qui les gênait ? (...) À Nazareth, on connaissait sa mère, une femme toute simple, discrète, toujours souriante. On croyait connaître son père, car tout le monde prenait Jésus pour le fils de Joseph, le charpentier. Comment un homme qui a grandi dans une famille de la terre peut-il prétendre qu'il descend du ciel ? C'est le premier murmure des gens de Galilée, qui correspond à la première partie du discours sur le Pain de vie, où le Pain de vie désigne la révélation apportée par Jésus. L'Évangile de Jean nous rapportera, plus loin, un second murmure, dans la partie proprement eucharistique du discours, où l'expression "Pain de vie" renverra à la chair de Jésus Christ, offerte pour la vie du monde : « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? » Pour l'heure, Jésus fait face à la première vague de murmures, celle qui conteste son origine céleste ; et, d'un mot, il remet les choses au point : « Cessez de murmurer entre vous ». Les discussions humaines n'ont jamais conduit à la foi. La foi en Dieu et en Jésus son Fils n'est pas au bout de recherches interminables ni de longues démonstrations ; c'est avant tout la réponse à une attirance de Dieu : « Nul ne peut venir à moi [c'est-à-dire croire] si le Père qui m'a envoyé ne le tire [vers moi] » (...) Nous sommes l'objet d'un échange entre le Père et son Fils : « C'est la volonté de mon Père que je ne perde rien de ce qu'il m'a donné », dit Jésus (6,39). (...)C'est pourquoi il ajoute, au sujet de tout homme qui vient à lui : « Je le ressusciterai au dernier jour ». Il nous ressuscitera pour que nous vivions avec lui, près du Père, dans le Père, pour toujours. Mais bien avant la résurrection, dès cette vie, au cœur de cette vie de tous les jours, Jésus nous établit déjà dans l'amitié du Père, déjà dans la vie éternelle (...) en nous mettant en contact avec l'enseignement du Père, selon la parole du prophète Isaïe : « Tous seront enseignés par Dieu. » Cet enseignement du Père, les paroles qui recréent et qui transforment, les paroles qui font vivre, le pain de la parole, c'est Jésus lui-même qui nous le transmet ; mieux: il est l'enseignement du Père, car seul il a vu le Père, seul il vient du pays de Dieu, puisqu'il est sorti de Dieu pour venir dans le monde, seul il peut parler de Dieu comme un voyageur qui raconte (Jn 1,18). Toutes les nourritures terrestres ne sont rien en regard de cette nourriture de la foi, qui nous ouvre aux choses de Dieu, aux projets de Dieu, à la vie de Dieu. (...) cette nourriture nécessaire, urgente, Jésus l'appelle encore « la nourriture qui périt » ; et il nous fait désirer, pour nous et pour tous les hommes, la nourriture qui ne se gâte jamais, le pain de sa parole, nourriture de la foi, qui fait grandir en nous la vie qui ne finira pas : « En vérité, en vérité je vous le dis : Celui qui croit a la vie éternelle. » « Moi, je suis le pain de la vie [la parole que Dieu vous donne pour vivre]; ce pain est celui qui descend du ciel pour qu'on le mange et ne meure pas. » C'est à cet instant précis de son discours que Jésus, passant à un autre plan, annonce la merveille de son Eucharistie : « Le pain que moi, je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde. » C'est ce moment inouï de révélation que nous revivons dans la foi à chaque messe, passant de la table de la parole à la table du Corps du Christ, de la liturgie de la parole à la liturgie eucharistique. Dans un court instant, tenant dans nos mains le Corps du Christ ressuscité, éveillés à la foi par la parole de Jésus, nous redirons le testament qu'il nous a laissé : « Voici le pain venu du ciel. Qui mangera ce pain vivra pour toujours. »
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| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Ven 20 Avr - 10:00 | |
| 20 avril
L'ÉVANGILE DU JOUR
« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 52-59)
En ce temps-là, les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. » Voilà ce que Jésus a dit, alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.
MEDITER AVEC LES CARMES
Déjà les Sages d'Israël voyaient dans le pain et le vin des images de la nourriture spirituelle. Ainsi, dans la première lecture, tirée du livre des Proverbes, la Sagesse de Dieu, personnifiée comme une femme prophétesse, proclame à tout venant sur les hauteurs de la Cité sainte : « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! Venez manger mon pain et boire le vin que j'ai préparé ! Quittez votre folie, et vous vivrez. Suivez le chemin de l'intelligence ! » (Pr 9,5s) Cet appel de la Sagesse, les chrétiens l'ont transposé d'instinct depuis les premiers siècles : Dame Sagesse n'est qu'une image du Fils de Dieu, venu parmi nous sur terre pour nous donner le pain de l'intelligence, le pain de la foi, sa parole qui nous entrouvre le mystère de Dieu et de son plan d'amour. Les chrétiens se sont appuyés, pour cette transposition, sur les paroles prononcées par Jésus lui-même dans la synagogue de Capharnaüm : « Le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde. Moi, je suis le pain de la vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim. » Déjà cette audace de Jésus revendiquant le rôle même de la Sagesse de Dieu avait suscité des murmures dans l'auditoire : « Cet homme-là n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors, comment peut-il dire : « Je suis descendu du ciel ? » L'étonnement des gens, dans la synagogue, va friser le scandale quand Jésus abordera le second thème, clairement eucharistique, de son homélie : « Le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde. » (...) La vraie réponse, Jésus la donnera le soir du Jeudi Saint, quand, prenant le pain, puis la coupe, il dira : « Prenez et mangez ; ceci est mon corps livré pour vous. Buvez-en tous, ceci est mon sang » (Mt 26,26s). Mais dès ce jour-là, à Capharnaüm, au lendemain de la multiplication des pains, Jésus développe sa catéchèse eucharistique : « Ma chair est vraiment nourriture, insiste Jésus ; mon sang est vraiment boisson ». Son Eucharistie est donc nécessaire pour nous, comme est indispensable la nourriture du corps humain, mais pour entretenir et développer une autre vie, que l'on commence à vivre ici-bas, et que Jésus appelle la vie éternelle. Mais en quoi consiste cette vie éternelle inaugurée dès maintenant dans le quotidien de notre existence ? C'est avant tout une relation intense, profonde, invisible, avec Jésus Fils de Dieu : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. » Demeurer, c'est un verbe qui dit tant de choses à la fois qu'il faudrait, pour en épuiser la richesse, toute une litanie, la litanie de la réciprocité : Jésus vit en moi, et je vis en lui. Jésus attend mon amitié, et je m'appuie sur la sienne. Jésus compte sur moi, et je compte sur lui. Jésus parle en moi, et je lui parle. Jésus trouve sa joie en moi, et ma joie est en lui. Jésus prie en moi, et je prie en lui. Jésus m'aime, et j'essaie de l'aimer. (...) C'est ce partage intégral et cette intimité que Jésus résume en disant : « Celui qui me mange vivra par moi ». Toute communion à son Corps et à son Sang sera donc une communion à sa vie de Fils de Dieu, et même une communion à sa mission d'Envoyé du Père. (...) en mangeant le Corps du Christ, nous venons nous ressourcer à sa vie, comme lui-même, voyageur parmi nous, se ressourçait constamment à l'amour de son Père : « De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi, je vis par le Père, de même aussi celui qui me mange vivra par moi. » Nous vivrons par lui, car l'Eucharistie est en nous un gage de victoire sur les forces du refus, de l'agressivité et de l'isolement, et même sur celles de la maladie et de la mort. Nous vivrons, car Jésus veut éterniser son amitié avec nous, son partage de vie avec tous ceux qui croient en lui, au-delà de la mort qui nous emportera, et dont l'ombre inquiète parfois les êtres fragiles que nous sommes : « Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Moi, je le ressusciterai au dernier jour. » |
| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Sam 21 Avr - 10:45 | |
| 21 avril L'ÉVANGILE DU JOUR « Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 60-69) En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !... C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » MÉDITER AVEC LES CARMES « Cette parole est rude ! Qui peut continuer à l'écouter ? » Que disait Jésus, qui fût à ce point intolérable ? – « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ». Et Jésus insistait, présentant ces mêmes actions sous la forme d'une nécessité, d'une obligation : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'Homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas en vous la vie ! » Si les disciples avaient pu comprendre immédiatement, loin de se scandaliser, ils se seraient émerveillés devant cette initiative de Jésus. Depuis des siècles, en Israël, tout sacrifice à Dieu passait par une destruction : ou bien le sang jaillissait d'un être vivant, ou bien des produits du sol partaient en fumée. Or Jésus, sans aucune critique, met fin définitivement à ce régime provisoire. Son sang sera le dernier versé, son corps sera livré une fois pour toutes ; et désormais les croyants s'uniront à son sacrifice ultime dans le rite d'un repas fraternel, à travers des gestes de vie : manger et boire, et à travers une présence qui sera vraie, immédiate, intensément personnelle, mais qui ne pourra jamais être matérialisée. Jésus, délibérément, tourne le dos aux sacrifices anciens, à feu et à sang, et il garde, comme uniques signes de son passage pascal et de sa présence, le pain et le vin, qui symbolisent pour tout homme le quotidien, l'indispensable, le vital : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'Homme, vous n'aurez pas la vie en vous ! » Jésus nous laisse donc les signes que sont le pain et le vin. Mais ces signes ne parlent à l'homme que par les paroles de Jésus. Quand nous revivons chaque matin le sacrifice pascal du Seigneur, il n'y a pas à s'étonner que l'Eucharistie soit pour nous à la fois attirante et opaque, à la fois proximité et distance, à la fois certitude et mystère de la foi ; car, à chaque messe, c'est encore la parole de Jésus qui affirme, qui opère, qui garantit. « Ceci est mon sang » : nous n'avons pas d'autre entrée dans le mystère que ces paroles du Seigneur vivant, pas d'autre appui pour notre foi que ces courtes phrases qui sont pour nous esprit et vie. Pour les sens de l'homme, pour ses yeux, ses mains, son palais, il n'y a jamais immédiateté entre les signes du pain et du vin et la réalité inouïe dont Dieu les charge. Nous le savons par expérience : à la messe, il y a toujours une distance à traverser par la foi, il y a parfois le moment de l'étonnement, de l'achoppement, surmonté à chaque fois par les mêmes paroles du Christ, dont l'Église est porteuse depuis deux mille ans : « Ceci est mon corps ; ceci est mon sang. » Seul l'Esprit de Jésus, l'Esprit Paraclet "transmis" au monde grâce à la passion glorifiante du Seigneur, seul l'Esprit de la vérité peut rendre vivantes en nous ces paroles de vie. Car c'est l'Esprit qui vivifie, qui nous branche sur les forces de la résurrection, qui nous remémore les paroles de Jésus et en fait la certitude d'aujourd'hui. La chair, à elle seule, ne sert de rien. La « chair », au sens biblique, c'est-à-dire tout l'homme, corps, intelligence et cœur, l'homme avec ses richesses, mais avec son indice de fragilité, son besoin d'évidences et ses impatiences devant les choix de Dieu. Aujourd'hui encore, dans quelques instants, nous allons revivre, en notre nom et au nom de toute l'humanité qui attend le salut, le scandale et le mystère de la première Eucharistie. Que l'Esprit Paraclet, appelé solennellement sur les dons de l'Église, nous donne la joie de faire fond sur la seule parole de Jésus : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. Et nous, nous avons cru, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu. » |
| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Lun 23 Avr - 9:27 | |
| 23 avril L'ÉVANGILE DU JOUR « Moi, je suis la porte des brebis » (Jn 10, 1-10) En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. » Jésus employa cette image pour s’adresser à eux, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait. C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés. Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » MÉDITER AVEC LES CARMES Au temps de Jésus le parc à brebis était souvent un carré dessiné à flanc de coteau par des murets de pierres, et parfois, plus près des maisons, une cour à murs bas, avec çà et là une protection de ronces ou d'épines, et, bien sûr, une porte unique. À partir de ces quelques éléments tout simples, presque banals, Jésus nous propose un enseignement vigoureux sur la foi, sur notre foi. C'est la parabole du bon pasteur. (...) Celui qui saute le mur est un voleur et un brigand : il ne vient pas pour prendre soin des brebis. Celui qui passe, tranquillement, par la porte, est le vrai berger, et il le prouve en agissant : il appelle chacune par son nom, le nom qu'il a inventé pour chacune (...). Et tout comme il y a deux sortes de berger, le vrai et l'étranger, il y a deux types de réaction des brebis. Quand se présente leur berger, elles écoutent sa voix et le suivent ; quant au mercenaire, elles le fuient, parce qu'elles ne connaissent pas sa voix. Par deux fois Jésus déclare : « Je suis la porte » ; et il s'explique de deux manières. - Je suis la porte par laquelle on doit approcher les brebis, la porte pour les bergers, et là Jésus s'adresse aux responsables du peuple de Dieu. - Je suis la porte par laquelle les brebis doivent entrer et sortir ; entrer, pour se mettre à l'abri avec toutes les autres ; sortir, pour marcher au large et trouver l'abondance. Entrer et sortir : c'est la liberté que l'on trouve dans le Christ ; et là chacun de nous est interpellé. (...) Porte pour le berger, porte pour les brebis, Jésus est tout cela à la fois ; et dans son propre commentaire il amorce deux réflexions, l'une sur les réactions du pasteur, l'autre sur l'attitude des brebis. L'examen de conscience des faux bergers vise les responsables du peuple de Dieu, comme chez les prophètes Jérémie (2,8; 10,21; 23,1- et Ezéchiel (34). « Tous ceux qui sont venus avant moi, déclare Jésus, sont des voleurs et des brigands ». Qui sont-ils ? - Non pas les prophètes de Dieu, mais les marchands de bonheur, tout ceux qui, en Israël et dans le monde païen, prétendaient apporter la recette du salut et la vraie connaissance des choses de Dieu, (...). En régime chrétien, dès que l'on nomme les pasteurs, on évoque les ministres ordonnés à qui Jésus confie tous les jours les destinées de son Église ; mais également toutes les femmes et tous les hommes consacrés au Royaume de Dieu à plein temps, et qui portent, eux aussi, au quotidien le souci du peuple de Dieu. Chacun d'eux, bien souvent, en fin de journée ou au cœur de l'action, se demande, à la lumière de l'Évangile : - Ne suis-je pas en train de m'approprier les brebis du Seigneur ? - Le Christ est-il présent en tiers dans tous mes dialogues ? - Mon travail de berger ou de bergère est-il pacifiant, élevant, libérateur ? - Serais-je prêt à sacrifier, s'il le faut, pour le troupeau une part de ma tranquillité, de mon épanouissement personnel ou de ma réputation ? Des questions de même type se posent pour nous tous, car là nous sommes placés dans le peuple de Dieu, nous sommes toujours bergers et bergères, en position de témoins et de responsables. De toute façon, l'autre réflexion proposée par Jésus, sur l'attitude des brebis, nous concerne tous. À la lumière des paroles de Jésus sur le berger, la porte et les brebis, c'est toute notre vie de croyants qui peut être relue : nos habitudes, nos raideurs, nos révoltes, notre volonté de puissance, nos tristesses et nos résignations. Jésus dit : « Le berger marche à la tête de ses brebis, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix » ; et cette parabole de Jésus suscite immédiatement en nous des questions vitales. - D'abord quels sont les bergers que je suis prêt à suivre ? Quand il s'agit de mener ma vie, de guider mon action, qu'est-ce qui fait concurrence, en moi, à Jésus berger ? - Puis surgit cette autre question : quelle voix me fait lever, sortir, agir ? Les voix que j'accueille ne me font-elles pas retomber sur moi-même ? (...) - Quant à la liberté que je cherche, est-elle celle que le Christ est venu apporter ? Si je sors du bercail vers les nourritures nouvelles du cœur et de l'esprit, c'est avec quelle avidité et pour quelle abondance ? Si je rentre dans l'enclos, c'est pour quelle sécurité ? (...) Le Christ Pasteur est pour nous celui qui accueille et celui qui envoie, celui qui rassemble et qui relance. Il est devant moi chaque jour comme une porte toujours grande ouverte, qui m'invite à entrer pour la fraction du pain, qui m'appelle à sortir pour l'aventure de la foi et de l'espérance, pour le risque du témoignage. |
| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mar 24 Avr - 4:52 | |
| 24 avril
« Le Père et moi, nous sommes UN » (Jn 10, 22-30) | |
On célébrait la fête de la dédicace du Temple à Jérusalem. C’était l’hiver. Jésus allait et venait dans le Temple, sous la colonnade de Salomon. Les Juifs firent cercle autour de lui ; ils lui disaient : « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement ! »
Jésus leur répondit : « Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais, moi, au nom de mon Père, voilà ce qui me rend témoignage. Mais vous, vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes pas de mes brebis. Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »
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Fin décembre, il fait déjà très frais parfois sur les monts de Judée. C'est pourquoi Jésus fait les cent pas sous le portique de Salomon, pour se protéger du vent d'est, lui et ses auditeurs. C'est là que ses ennemis, faisant cercle autour de lui, le somment de s'expliquer clairement : « Es-tu le Messie, oui ou non ? Es-tu le libérateur promis ? Viens-tu ou non au nom de Dieu ? »
La réponse, Jésus l'a déjà donnée : elle est faite de paroles et d'œuvres, de paroles qui commentent ses œuvres et d'œuvres qui authentifient ses paroles comme celles de l'Élu de Dieu.
Et c'est encore cette double et unique réponse que Jésus nous fait lorsque nous guettons dans notre vie les signes de sa présence, lorsque nous lui demandons de rendre manifeste la libération qu'il nous apporte: il nous renvoie à ses paroles, porteuses de l'Esprit et de la vie (Jn 6,64); il nous remet devant les yeux ses œuvres qui parlent, qui témoignent, qui dévoilent en lui la puissance du Père : « Ces œuvres mêmes que je fais témoignent à mon sujet que c'est le Père qui m'a envoyé » (5,36).
Et quel est ce témoignage, ce message qui émane des œuvres de Jésus ? Jésus le résume en une phrase, qui dit à elle seule tout son mystère de Fils : « Le Père et moi, nous sommes un ». Ce que fait visiblement le Fils manifeste ce que le Père, invisiblement, est en train d'accomplir par amour. Chaque œuvre du Fils est ainsi, dans le monde, une trace de l'amour du Père ; et l'obstination de Jésus à sauver les hommes révèle quel prix nous avons aux yeux de Dieu.
Dieu tient à nous si fort qu'il nous serre dans sa main ; et personne au monde ne serait capable de desserrer la main du Père, ni de le faire relâcher son amour. Mais la main de Dieu ne nous serre que pour nous protéger ; car ce que Dieu aime, il le sauve ; et quand il sauve, c'est pour toujours.
Mais dire que le Père sauve, c'est dire que le Fils sauve aussi, puisque tous deux sont un. C'est bien pourquoi Jésus parle d'abord de sa main, puis de la main du Père : Dieu a donné à son Fils la douceur de sa propre main et la puissance de son propre amour. Ce que Jésus tient, Dieu le tient, et il est « plus grand que tout ». Ce que Jésus tient, Dieu le lui a donné, et Dieu continue de le tenir.
Arracher les brebis de la main de Jésus, ce serait aussi les ôter de la main du Père, car nous sommes à la fois dans la main du Père et dans la main du Fils. Chacune de ces deux mains nous donne et nous reçoit, et l'Esprit qui les unit nous donne part au mystère de cette unité qui est tout le bonheur de Jésus : « le Père et moi, nous sommes un ».
C'est donc au creux de ces deux mains-là que nous recevons la vie éternelle. À deux conditions toutefois, qui définissent l'attitude du disciple : écouter la voix de Jésus et venir à sa suite. Ce sont là deux attitudes libres et dynamiques : accepter que notre foi soit une écoute jamais lassée, jamais rassasiée, et accepter que notre amour soit un cheminement, que Jésus pasteur nous remette chaque jour en exode. Pour la route, nous n'avons qu'un seul trésor : la perle du Royaume que Jésus nous a donnée en signe de son appel. Mais ce gage d'amour, rien ni personne ne pourra l'arracher de notre main, car Dieu plus grand que tout nous l'a donné par la main de Jésus. | |
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| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mer 25 Avr - 11:44 | |
| 25 avril « Proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15-20) | |
En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
MÉDITER AVEC LES CARMES
« Le Seigneur Jésus, après nous avoir parlé, s'est assis à la droite de Dieu ».
Il s'est assis : c'est une image, mais combien riche d'enseignement pour nous !
Il s'est assis, comme celui qui a pleins pouvoirs.
Il s'est assis à la droite de Dieu, parlant au Père d'égal à égal, et intercédant pour nous dans ce dialogue d'amour.
Il s'est assis définitivement, et rien ne le fera se lever jusqu'au dernier jour, ni les guerres ni les bruits de guerre, ni les scandales ni les contestations, ni les périls ni les victoires de son Église.
Il s'est assis dans la paix, ayant achevé chez nous l'œuvre du Père, et goûtant déjà, lui, notre Premier-né, le repos de Dieu.
Ainsi la dernière image que Saint Marc nous a laissée de Jésus est celle du Seigneur céleste partageant le trône de Dieu, et en ce temps d'épreuves et d'incertitudes que nous traversons elle est pour nous porteuse d'un message de sérénité et d'espérance.
Sérénité, parce que nous ne sommes pas seuls et que nous ne serons jamais seuls, tant que notre souci restera d'accomplir le dessein du Père.
Ce que Dieu a fait garantit ce qu'Il fera ; s'il a livré son Fils pour nous, ce n'est pas pour nous ôter maintenant sa faveur ou cesser de nous regarder avec tendresse ! Dieu a scellé avec nous une Alliance, éternelle et chaque jour nouvelle, et si Lui est avec nous, qui pourrait imaginer venir à bout de notre fidélité ? si Dieu a décidé de faire de nous ses amis et ses messagers, qui pourrait se mettre en travers de notre route ?
Le Christ auprès de Dieu nous parle d'espérance.
D'abord parce qu'il nous promet une victoire aussi complète, étrange, paradoxale que la sienne. Le monde du refus aura beau nous bousculer, nous angoisser, nous persécuter, nous raconter que tout est perdu d'avance, « en tout cela nous n'avons aucune peine à triompher » (Rm , parce que Celui qui nous a aimés nous aime encore à la droite de Dieu.
Pour nous, comme les Apôtres, nous sommes témoins de cette victoire, « nous nous en allons prêcher en tout lieu », c'est-à-dire en un seul lieu à la fois, là où Dieu nous a placés et nous placera pour que nous y portions du fruit ; et le Seigneur ressuscité, le Seigneur « assis », agit avec nous ; il confirme la parole de notre témoignage.
L'espérance, promesse du Père, que Dieu suscite en notre cœur ne nous décevra jamais, car l'Esprit vit en nous pour l'entretenir chaque jour.
Puisque "nous sommes revêtus de la force d'en haut", puisque nous tenons, dans l'Esprit, le commencement de la vie éternelle, rien ne pourra nous séparer du Père et du Fils, si paisibles dans leur gloire,
ni les inquiétudes, ni les critiques,
ni les séquelles du passé, personnel, familial ou communautaire,
ni les écroulements du présent, ni les menaces sur l'avenir,
ni les statistiques, ni les sondages d'opinion,
ni les étroitesses des hommes,
ni même nos chutes et nos propres misères ;
rien ne pourra nous séparer de l'amour que Dieu nous a manifesté
en nous donnant le Christ à aimer et à servir.
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| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Ven 27 Avr - 12:08 | |
| 27 avril Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean 14,1-6 | |
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » | | MÉDITER AVEC LES CARMES « Que votre cœur cesse de se troubler ! », dit Jésus. De quoi est fait pour les disciples ce trouble du « cœur », c'est-à-dire de l'intelligence et de l'affectivité ? Avant tout de la crainte du départ de Jésus. Une nouvelle solitude guette les amis du Christ, dans un monde hostile qui va se retourner contre eux et leur faire payer leur amitié pour le Messie. Le trouble du cœur, c'est la tentation de vivre en « orphelins », la tentation du « chagrin », comme dit encore Jésus (Jn 16,6s). En réponse à cette crainte, Jésus nous appelle à la foi : « Croyez en Dieu ; croyez aussi en moi ». C'est donc de la foi spécifiquement chrétienne qu'il s'agira : la foi qui implique une relation vivante et avec Dieu, le Père, et avec Jésus son Fils, ainsi que Jésus l'affirme plus loin : « Personne ne va au Père que par moi » (v.6). L'antidote au « trouble du cœur », au flou de l'espérance, à la peur de mourir ou de vivre, c'est donc d'aller au Père par Jésus ; et à propos de ce grand passage au Père, Jésus précise successivement son rôle personnel et la part qui nous revient. Jésus passe devant, à travers la mort, et, une fois dans la gloire, « dans la maison du Père », il prépare « un lieu pour nous ». La place ne manquera pour personne : il s'en porte garant. Puis il reviendra pour nous prendre avec lui, si bien que nous serons avec lui là où il est, dans la maison de gloire. Quand viendra-t-il ? Ici, c'est l'ensemble de l'Évangile de Jean qui nous répond, en nous rappelant les trois venues du Ressuscité : d'abord ses apparitions des premiers jours, puis sa venue en gloire, pour nous ressusciter au dernier jour, et entre deux, sa venue de chaque jour pour faire en nous sa demeure. Chaque jour le Christ vient nous prendre avec lui, et nous nous rapprochons peu à peu du lieu où il est allé. Et c'est ici que nous avons notre part à fournir. Nous avons à cheminer, à rester en chemin, et à chercher la route : « Quant au lieu où je vais, ajoute Jésus, vous en savez le chemin ». L'unique chemin vers la maison de gloire, vers le Père de la gloire, c'est Jésus lui-même ; et il est à la fois le chemin qui guide et le chemin qui porte. Il est même, paradoxalement, à la fois le chemin qui oriente et le chemin qui fortifie le voyageur, parce qu'il est, dans le mystère de sa Personne, toute la vérité offerte par Dieu et toute la vie qu'il donne en partage. Il est, aujourd'hui, « le chemin, la vérité, la vie ». Dès lors, sur ce chemin qu'est le Christ, et par le Christ notre chemin, nous vivons déjà des biens de la maison de gloire ; et pour nous faire presser le pas vers cette demeure de gloire qui nous est préparée, le Christ et le Père viennent à nous pour faire chez nous leur demeure. C'est ce mystère de la double demeure - demeure en Dieu, demeure en nous - qui a fasciné Elisabeth sur son chemin si court, elle qui disait à Dieu Trinité : « Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée et le lieu de votre repos... Ensevelissez-vous en moi, pour que je m'ensevelisse en vous, en attendant d'aller contempler en votre lumière l'abîme de vos grandeurs ». |
| | | Espérance
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| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Sam 28 Avr - 13:57 | |
| 28 avril
« Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 7-14) | |
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. » et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. »
MÉDITER AVEC LES CARMES
À cet endroit de l'Évangile de Jean, le discours après la Cène devient dialogue, puisque, après avoir conversé avec Pierre (13,38), Jésus s'adresse ici à Thomas, puis à Philippe.
« Seigneur, disait Thomas, nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions-nous en savoir le chemin ? » Et Jésus de répondre par une phrase insondable, où l'on ne peut entrer que le cœur grand ouvert : « Moi, je suis le chemin et la vérité et la vie ».
Il est le chemin parce qu'il est la vérité.
Il est à lui seul toute la vérité que Dieu révèle aux hommes, toute la vérité sur Dieu qui se révèle. Tout ce qu'on peut dire du Père est déjà dit par le Fils ; tout ce qu'on peut connaître du Père est pleinement manifesté dans le Fils : Jésus est chemin de connaissance, chemin de vérité.
Il est aussi le chemin parce qu'il est la vie.
Toute la vie que le Père offre aux hommes est déjà donnée dans son Fils : « Telle est en effet la volonté de mon Père, dit Jésus, que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle » (6,40). Tout homme en marche vers le Père est en route vers la vie, et il la trouve déjà en rencontrant le Christ. Jésus est chemin de vie : il est déjà la vie, lui qui mène à la vie.
Jésus est à la fois la vérité et la vie, parce que, à la fois, il manifeste le Père et introduit les hommes dans sa communion ; mais tant que nous sommes pèlerins vers la gloire, Jésus est pour nous la vérité et la vie sur le mode du chemin, du chemin à suivre, sur le mode du passage, du passage obligé.
« Personne ne va au Père que par moi », dit Jésus. Si donc nous avons l'impression d'être perdus dans notre quête de Dieu, si nous revenons, de loin en loin, devant les mêmes impasses, si nous sommes tentés de perdre courage parce que toute route s'efface, il suffit, pour retrouver le chemin, de s'ouvrir de nouveau à la vérité de Jésus et de recevoir comme un pauvre la vie qu'il nous offre.
Il suffit même de voir Jésus pour voir le Père, de connaître Jésus pour connaître le Père, si l'on regarde résolument avec les yeux de la foi. Et c'est ce que Jésus révèle à Philippe. À sa demande : « Seigneur, montre-nous le Père ! », il répond : « Je suis avec vous depuis si longtemps, et cependant, Philippe, tu ne m'as pas connu ? » Il y avait donc, tout au long de la vie de Jésus, quelque chose à connaître, quelqu'un à reconnaître, au travers et au-delà de ses paroles et de ses actes. Il y a, encore aujourd'hui, à reconnaître dans le Jésus des Évangiles, non seulement l'envoyé de Dieu, mais la manifestation parfaite du Père. Il faut reconnaître en Jésus, que l'on voit agir, que l'on entend parler, le Fils éternel venu "raconter" Dieu (1,18), le Bien-Aimé qui peut dire : « Je suis dans le Père et le Père est en moi. Les paroles que je dis, je ne les dis pas de moi-même : le Père, demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres ».
C'est à cause de cette communion indicible que Jésus est vérité de Dieu ; c'est à cause de cette intimité que Jésus est vie de Dieu pour les hommes. De son vivant sur terre, déjà Jésus était habité par la gloire de Dieu ; cheminant parmi nous il était déjà chemin vers le Père, lien immédiat avec le Père. À plus forte raison nous mène-t-il jusqu'au Père, maintenant qu'il est assis pour toujours à sa droite et qu'il attire à lui tous les hommes.
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| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Lun 30 Avr - 10:08 | |
| 30 avril L'ÉVANGILE DU JOUR « L’Esprit Saint vous enseignera tout » (Jn 14, 21-26) En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » Jude – non pas Judas l’Iscariote – lui demanda : « Seigneur, que se passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? » Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » MÉDITER AVEC LES CARMES Dans la vie de prière et le cheminement contemplatif, spécialement quand les périodes d'épreuve se prolongent, il nous arrive de nous étonner, de nous interroger, de nous inquiéter, à la pensée que nous recevons de notre Dieu si peu de réponses, si peu d'évidences, si peu de signes. Jésus vient au-devant de notre souffrance et de notre désarroi, par une promesse à la fois simple et solennelle : « Celui qui m'aime, je me manifesterai à lui ». Comment va-t-il se manifester ? Apparemment Jésus n'en dit rien. Pour lui, se manifester, c'est faire connaître ou reconnaître qui il est pour nous et ce qu'il fait pour nous ; mais Jésus ne précise pas s'il le fera en imprimant son visage sur notre cœur ou en nous comblant du sentiment de sa présence. Nous savons cependant que la manifestation de Jésus se fera sur deux axes : celui de ses commandements et celui de sa parole. En effet, garder ses commandements, et donc entrer dans sa volonté, c'est le vrai test de notre amour pour lui, et c'est la certitude de rencontrer l'amour du Père : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime, et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, et moi je l'aimerai et je me manifesterai à lui ». Ainsi la fidélité aux commandements est pour nous une preuve d'amour, un langage d'amour, un chemin pour notre amour ; et sur ce chemin, Jésus promet de se manifester : il se fera voir, il se fera reconnaître sur la route de notre fidélité. Nous saurons que nous sommes aimés du Père et du Fils. Un autre moyen nous est donné par Jésus de nous préparer à sa rencontre, à ses visites, à sa manifestation, c'est de faire, dans notre vie, écho à sa parole. Que nous soyons dans la joie ou menacés par la tristesse, que nous soyons apaisés dans notre cheminement ou encore à la recherche d'un équilibre de l'intelligence ou de l'affectivité, quand nous repassons dans notre cœur la parole de Jésus, quand nous l'accueillons, quand nous laissons cette parole investir nos réflexes et nos souvenirs, le Père nous aime. Car la parole de Jésus, c'est la parole du Père. Même pensée, même vouloir, même miséricorde. Le Père se réjouit de voir sa parole accueillie. Jésus se réjouit de se voir accueilli comme parole du Père. Et quand nous faisons place à la parole du Père et du Fils, le Père et le Fils font en nous leur demeure. Alors l'Esprit nous conduit vers la vérité tout entière. Il nous remémore ce que Jésus a dit, il rend vivante en nous la parole du Père, il nous manifeste la présence du Père et du Fils et nous fait pressentir à quel point nous sommes aimés. Nous espérons, nous demandons la manifestation du Seigneur ? Revenons humblement au sentier de ses commandements, au rendez-vous de sa parole. |
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mar 1 Mai - 14:40 | |
| 1er mai
« Je vous donne ma paix » (Jn 14, 27-31a) | |
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. Désormais, je ne parlerai plus beaucoup avec vous, car il vient, le prince du monde. Certes, sur moi il n’a aucune prise, mais il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé. »
MÉDITER AVEC LES CARMES
"Je vous laisse la paix, dit Jésus dans son discours d'adieux, je vous la laisse en partant, comme un testament spirituel". Mais est-il si évident que la paix soit le lot des disciples de Jésus ? Les persécutions n'ont jamais cessé, et l'épreuve fait partie du quotidien des croyants !
C'est pourquoi Jésus insiste : "Je vous donne ma paix ". La paix qui ne nous quittera pas, c'est la paix de Jésus, sa paix personnelle de Fils de Dieu fait homme ; et elle sera toujours à recevoir comme un don du Crucifié élevé dans la gloire.
Quand nous songeons à la paix, nous évoquons d'instinct la tranquillité ou l'absence de dangers. Les hommes de la Bible y voyaient aussi et surtout un achèvement et une plénitude, et c'est par là qu'il nous faut chercher la paix telle que Jésus la donne.
Le "monde", au sens johannique du terme, c'est-à-dire le monde du refus et de l'oubli, le monde quand il se construit sans référence à Dieu, tente désespérément de se donner la paix, à l'échelle universelle par l'équilibre des armements, à l'échelle des groupes humains par la neutralisation des agressivités. Ce n'est pas négligeable, et c'est souvent onéreux, mais c'est toujours plus ou moins la paix sur un volcan : les pressions internes demeurent et les tensions renaissent. C'est toujours une paix incertaine et inquiète. À nous-mêmes, disciples de Jésus, la paix apparaît souvent comme une conquête difficile, qu'il s'agisse de l'harmonie
communautaire, de l'entente familiale ou de la sérénité de notre propre cœur face aux énervements ou à la solitude.
Jésus, lui, ne donne pas sa paix "comme le monde la donne". Avec lui notre cœur n'a plus lieu de "se troubler ni de craindre" ; car la paix qu'il nous offre est liée directement à sa présence et à sa parole.
Lui-même puisait la paix dans la présence de son Père :
"L'heure vient où vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, le Père est avec moi" (16,33) ; et avec insistance il a voulu lier le don de sa propre paix à sa présence de Ressuscité. Par trois fois dans l'Évangile de Pâques, il est dit : Jésus se tint au milieu d'eux, et il leur dit : "La paix soit avec vous" (20,19.21.26). Et c'est bien ce qu'il promettait lors de la Cène en nous donnant sa paix : "Je m'en vais, et je viens à vous" (14,28).
Si donc nous voulons recevoir la paix de Jésus, entrer dans sa paix de Fils, il suffit de l'accueillir, lui qui vient à nous, lui qui "se manifeste" à tous ceux qui sont aimés du Père. Avec Jésus, en Jésus, la paix est déjà là, toujours déjà là : "Il est lui-même notre paix" (E 2,14).
Et quand bien même nous perdrions le sentiment de sa proximité, sa parole la réaffirme à notre foi, sa parole qui vient de la paix et conduit à la paix, sa parole de Révélateur, qui a dit à l'avance que sa Croix aurait un sens et que nos croix trouveraient sens dans la sienne :
"Je vous ai parlé dès maintenant, avant l'événement, afin que, lorsqu'il arrivera, vous croyiez. Je vous ai dit ces choses pour qu'en moi vous ayez la paix" (14,29 ; 16,33).
Et c'est en nous remémorant ces paroles prophétiques de Jésus que le Paraclet nous introduit chaque jour dans la paix, en même temps que dans la vérité tout entière.
Nous avons à construire la paix, la paix de concorde, qui écarte les obstacles et rouvre patiemment l'espace du dialogue. Mais le plus sûr moyen de devenir des artisans de la paix, c'est de la recevoir humblement comme don de Dieu en Jésus Christ, comme don de Jésus présent et parlant à sa communauté.
Alors seulement la paix, en nous et entre nous, devient achèvement et plénitude, parce que, au cœur même des épreuves, elle est certitude de la victoire du Fils de Dieu. |
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| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 78 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mer 2 Mai - 9:43 | |
| 2 mai L'ÉVANGILE DU JOUR « Celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit » (Jn 15, 1- En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » MÉDITER AVEC LES CARMES Les arbres fruitiers portent deux sortes de bourgeons : des bourgeons plus fins et pointus, qui ne donneront que du bois, et des bourgeons plus rebondis, qui se transformeront en fleurs puis en fruits. Tout l'art du vigneron, quand il taille, consiste à diriger la sève vers les bourgeons à fruits. C'est pourquoi souvent la vigne est taillée si court : le vigneron, non seulement retranche le bois déjà mort, mais raccourcit également les rameaux vifs, pour mieux répartir les grappes et les rendre plus belles. Dieu vigneron fait de même pour nous, les croyants : il retranche nos œuvres mortes - ce qui n'est pas une perte - et il dirige vers des fruits de vie la sève de son amour. À certaines heures de notre existence, nous avons l'impression que Dieu taille vraiment court ; mais quand les vendanges arrivent, nous admirons sa sagesse et nous lui rendons grâces. Jésus admirait, lui aussi, le travail du Vigneron son Père, et il pouvait dire à ses disciples, dans son discours d'adieux : "Déjà vous êtes taillés, grâce à la parole que je vous ai dite". La parole de Jésus est donc l'instrument (la serpette) de Dieu Vigneron : c'est elle qui nous amène à des choix de vie et qui rend notre existence féconde. Attachés au Christ Cep par la foi, émondés par sa parole, nous voilà à même de porter du fruit, et du fruit qui demeure. À une seule condition : que nous demeurions branchés sur lui. Comment pourrions-nous imaginer que nous allons porter des fruits, si nous nous coupons volontairement de la source de sève ? Au contraire les fruits seront toujours beaux - même si nous ne les voyons pas - dès lors que nous demeurons en Jésus et qu'il demeure en nous. Nous demeurons en lui quand nous vivons à son compte et en sa présence notre quotidien, et quand nous projetons en lui tout notre avenir. Il demeure en nous parce qu'il nous ouvre constamment son Esprit, sa vie, son amitié, et qu'il fait habiter en nous sa parole. Quand nous vivons cette réciprocité de connaissance et d'amour avec le Fils de Dieu, quand nous sommes à la fois rattachés à lui, émondés par sa parole, et à l'écoute de cette parole qui nous habite, c'est alors que nous devenons vraiment disciples de Jésus, que notre vie de pauvres porte tous ses fruits et que nous glorifions le Père, ce qui est le but ultime de toute histoire d'homme et de l'histoire du monde. "Déjà vous êtes taillés grâce à la parole que je vous ai dite". Cette assurance, Jésus la donne à tous ceux qui lui ont répondu par la foi ; il la fait entendre, en cette semaine de l'unité, à tous ceux qui se réclament de lui et qui s'offrent généreusement au travail de Dieu Vigneron. La Parole de Dieu, voilà la richesse commune de tous les chrétiens, la lumière commune qui éclaire la route de l'unité. Tous ceux qui se laissent tailler par le message de Jésus sont déjà disciples, portent déjà du fruit et glorifient le Père. Vivre l'œcuménisme, c'est toujours rendre grâces pour la fécondité de la parole de Jésus, c'est retrouver dans cette parole venue du Père les racines de notre fraternité. Comme le disait si bien le document Unitatis redintegratio : "Ceux qui naissent aujourd'hui dans de communautés issues des ruptures [du passé] et qui vivent la foi au Christ ne peuvent être accusés de péchés de division, et l'Église catholique les entoure de respect fraternel et de charité [...] Justifiés par la foi reçue au baptême, incorporés au Christ, ils portent à juste titre le nom de chrétiens, et les fils de l'Église catholique les reconnaissent à bon droit comme des frères dans le Seigneur" (UR 3). Des frères dans le Seigneur, les sarments d'une même vigne, taillée bien court.
Dernière édition par Espérance le Jeu 3 Mai - 15:07, édité 1 fois |
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