| | Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mar 14 Aoû - 8:40 | |
| Bonjour, L'ÉVANGILE DU JOUR : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits » (Mt 18, 1-5.10.12-14) À ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. Et celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les 99 autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les 99 qui ne se sont pas égarées. Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. » MÉDITER AVEC LES CARMES : En nous proposant l'enfant comme modèle, Jésus nous prend à contre-pied de nos réflexes habituels : Nous aimons maîtriser la situation : l'enfant, lui, se laisse faire. Nous défendons férocement notre autonomie : l'enfant accepte la dépendance. Nous nous défions des autres : l'enfant trouve normal d'être aimé. C'est ainsi qu'il nous faut accueillir le Royaume des Cieux c'est-à-dire le règne de Dieu sur notre intelligence, sur notre affectivité, sur tous les secteurs où notre liberté se cherche et s'exprime. Il faut laisser à Dieu l'initiative et lui répondre sans crainte et sans complications, car Dieu est simple et veut pour nous la paix. Pour l'enfant, ce qui l'amène à faire effort c'est la certitude d'être aimé. Et c'est bien aussi, pour nous, adultes, le point de départ de tout renouveau intérieur : la certitude que nous existons pour quelqu'un, que nous ne sommes pas seuls à nous débattre dans nos difficultés, mais que Dieu est là, dans notre vie, avec un projet paternel. Dieu est là, toujours déjà là, faisant de nous ses fils et ses filles par la force de son Esprit, et nous ouvrant Sa vie, Sa joie, Sa paix. Et c'est cela le Royaume commence. Dieu nous veut adultes, à la taille du Christ en sa plénitude, et c'est en adultes que nous le servons, que nous le prions. Il faut chaque jour nous laisser aimer, sans hésitations, sans questions inutiles, et c'est cela, devenir comme un enfant. Les saints qui l'ont compris ont accédé à une nouvelle qualité de la vie ; ils ont trouvé le vrai port du salut. |
| | | Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mer 15 Aoû - 8:05 | |
| Bonjour, L'ÉVANGILE DU JOUR : « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Lc 1, 39-56) En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. MÉDITER AVEC LES CARMES : Pour une fois l'Évangile nous rapporte la réaction d'une femme à la prédication de Jésus. Elle élève la voix du milieu de la foule et s'écrie : "Bienheureuse celle qui t'a porté et allaité !" La femme ne réagit pas d'abord à propos du contenu de l'enseignement de Jésus ; elle ne dit pas non plus ce qui l'a frappée dans sa personne, mais elle se compare instinctivement à une autre femme, à cette mère qui a eu la chance d'enfanter puis d'élever un tel fils : "Qu'elle peut être fière, cette femme-là, d'avoir un garçon comme toi !" Réaction maladroite ? Réaction naïve ? Peut-être, mais c'est la réaction profondément humaine d'une femme pour qui chaque maternité est le début d'un grand rêve, et qui réalise sa vie à travers le destin de ses enfants. Jésus, bien loin de repousser cette brave femme, saisit au bond ce qu'elle vient de crier, et il va s'en servir pour préciser une fois de plus le sens de sa mission, en apportant deux correctifs importants. Tout d'abord le bonheur qu'il apporte n'est pas réservé à une femme, mais ouvert à tous les croyants. Le secret de sa naissance, l'initiative inouïe prise par Dieu dans la vie de Marie, les merveilleuses années de Nazareth, ce n'est pas cela que Jésus veut souligner, car c'est le versant admirable et indicible de la vie de Marie. Ce que la femme a crié, bien des femmes sans doute le pensaient, mais ce n'est pas ainsi que Jésus se représentait la sainteté et le bonheur de sa propre Mère. Certes le destin de Marie était exceptionnel. La Mère du Messie ne pouvait être qu'unique ; la Mère du Fils de Dieu ne pouvait être qu'une femme intensément aimée, éternellement choisie, amoureusement préparée. Mais cela, c'était l'affaire de Dieu seul, c'était le sillage laissé sur la terre des hommes par le dessein de Dieu. Ce que Jésus avait à cœur à propos de sa Mère, c'était de mettre en lumière non pas tant l'inouï de son destin que la qualité de sa réponse à Dieu. Marie a porté et nourri Jésus : en cela elle n'est pas imitable, et sa béatitude n'est pas partageable. Mais ce qu'il y a de quotidien et d'imitable dans l'attitude de Marie, voilà ce que Jésus veut retenir pour l'universaliser : "Heureux ceux, heureux tous ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la gardent !" C'est encore un portrait de sa Mère, mais c'est celui-là que Jésus préfère, car devant cette attitude de la Servante du Seigneur repassant en son cœur les paroles de Dieu jusqu'à ce qu'elles s'accomplissent, chaque fils, chaque fille de Dieu peut se dire : "Je peux lui ressembler, je vais lui ressembler" ; et cette icône-là, celle que Jésus avait dans les yeux et le cœur, garde avec nous tous un air de famille. Au fond, la femme, dans la foule, ne se trompait pas en passant du Fils à la Mère, en liant la Mère au destin de son Fils ; mais elle se méprenait sur le niveau du vrai bonheur et sur la vraie source des Béatitudes, et c'est là que Jésus apporte une deuxième nuance, essentielle à ses yeux. Le vrai bonheur de Marie, son bonheur imitable, ne se situe pas au niveau des affections familiales ; ce n'est donc pas une question de chance ni de fierté. Et la vraie source des Béatitudes, pour elle comme pour nous, c'est l'accueil de la parole de Jésus, et non le sentiment de sa proximité. Marie, la personne humaine qui fut la plus proche de Jésus par la chair et par le cœur, fut surtout celle qui vécut le plus intensément de sa parole. C'est bien ce qu'Elisabeth a crié, par la force de l'Esprit, au jour de la Visitation : "Bienheureuse celle qui a cru ce qui lui a été dit de la part du Seigneur !" À quoi la Vierge a répondu, en s'abritant, dans son humilité, derrière la puissance de Dieu : "Tous les âges me diront bienheureuse, parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses". |
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Jeu 16 Aoû - 10:04 | |
| le 16 août 2018
« Pardonne jusqu'à 70 fois sept fois » (Mt 18, 21 – 19, 1) | |
En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. » Lorsque Jésus eut terminé ce discours, il s’éloigna de la Galilée et se rendit dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain. | |
|
"Combien de fois devrai-je pardonner ?"
Du temps de Jésus les rabbins répondaient : "Une fois, deux fois, trois fois, oui ; mais pas la quatrième". Pierre, généreux, est prêt à aller jusqu'à sept fois ; mais Jésus, pour couper court à tout calcul, invente pour ses disciples la parabole du serviteur gracié et impitoyable. Tous les traits sont volontairement forcés : D'abord les deux sommes apparaissent disproportionnées ; dix-mille talents, près de quatre cent millions de francs-or ; c'est la dette impossible à payer. En face, une somme modique : cent deniers, l'équivalent de deux ou trois mois de salaire pour un journalier agricole.
Surprenante est aussi la bonté du roi : son financier ne demandait qu'un moratoire, le temps de combler le trou par une bonne gestion ; le roi, d'un coup, lui remet toute sa dette. En contraste avec cette magnanimité du roi, la dureté du serviteur n'est que plus révoltante et sordide : en sortant du palais, il prend à la gorge son compagnon.
Chacun reçoit de plein fouet la question du roi dans la parabole : "Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi ?" Et nous entendons aujourd'hui le Christ Sauveur dire à chacun de nous : "Toi qui si souvent as été pardonné, que fais-tu du pardon dans ta vie quotidienne ?"
Toute notre vie se déroule sous le regard et le pardon de Dieu. Notre baptême déjà nous a plongés dans sa miséricorde. Puis Dieu notre Père a pardonné les fredaines de notre enfance, les faux-pas et les impatiences de notre jeunesse. Il pardonne encore, sans se lasser, les chutes plus lourdes de l'adulte, quand les tentations ou les leurres du midi de la vie viennent ravager les cœurs, les foyers, les familles et les communautés, laissant le croyant ou la croyante désemparés devant le gâchis de leur existence. Il pardonne, enfin, au soir de la vie, tous les réflexes de repli ou d'amertume, tous les manques de confiance, toutes les compromissions avec la tristesse.
En réponse à cette miséricorde, qui nous ouvre chaque jour au meilleur de nous-mêmes, Jésus attend de nous, non pas un pardon, ni quatre ni sept, mais quatre cent quatre-vingt-dix pardons, autrement dit le pardon au quotidien, le pardon sans calcul ni limite. Chaque jour, envers tel ou tel membre de notre famille ou de notre entourage, il nous faut reprendre le sentier étroit du pardon.
L'autre se regarde, sans nous voir, il vit sans se soucier de nous faire vivre, il suit son idée, son projet, ses goûts, et il nous écrase en passant ou nous met à son service. Jésus nous dit : "Pardonne. Comprends et pardonne !" L'autre a déçu nos espoirs, ignoré notre dévouement, trompé notre confiance ; il a blessé notre honneur, notre loyauté, notre amour. Jésus nous dit : " Pardonne. Pardonne et reprends la route !"
Et nous, très souvent, de nous révolter : "Seigneur, il ne mérite pas mon pardon !" C'est vrai ; mais nous-mêmes, avons-nous jamais mérité la bonté de Dieu ? Souvent l'envie nous prend de saisir l'autre au collet : "Rends-moi ce que tu me dois ! Rends-moi ce que j'ai fait pour toi ! Rends-moi cette vie que je t'ai donnée, cette fidélité que je t'ai gardée !"
Mais Jésus nous demande de desserrer les mains, d'ouvrir de nouveau notre cœur, de laisser tomber toute aigreur et toute colère. Jésus nous appelle à nous retourner humblement vers Dieu qui nous supporte, vers Dieu qui nous laisse vivre, vers Dieu qui nous fait vivre parce qu'il nous aime : " Sois patient envers moi, Seigneur, et je te rembourserai tout". En fait nous ne rembourserons rien du tout. Car on ne rembourse pas Dieu, et il n'a que faire de nos comptes. | |
|
| | | Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Ven 17 Aoû - 8:43 | |
| Bonjour, L'ÉVANGILE DU JOUR : « Certains ne se marient pas à cause du royaume des Cieux. » (Mt 19, 3-12) En ce temps-là, des pharisiens s’approchèrent de Jésus pour le mettre à l’épreuve ; ils lui demandèrent : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ? » Il répondit : « N’avez-vous pas lu ceci ? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme ? et dit : “À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair.” Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Les pharisiens lui répliquent : « Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d’un acte de divorce avant la répudiation ? » Jésus leur répond : « C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais au commencement, il n’en était pas ainsi. Or je vous le dis : si quelqu’un renvoie sa femme – sauf en cas d’union illégitime – et qu’il en épouse une autre, il est adultère. » Ses disciples lui disent : « Si telle est la situation de l’homme par rapport à sa femme, mieux vaut ne pas se marier. » Il leur répondit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. Il y a des gens qui ne se marient pas car, de naissance, ils en sont incapables ; il y en a qui ne peuvent pas se marier car ils ont été mutilés par les hommes ; il y en a qui ont choisi de ne pas se marier à cause du royaume des Cieux. Celui qui peut comprendre, qu’il comprenne ! » MÉDITER AVEC LES CARMES : Voilà, en quelques versets, tout l'enseignement de Jésus à la fois sur le mariage et la continence. Un enseignement qui résonne, dans notre culture occidentale, comme un message d'une audace incroyable. Jésus connaissait, en son temps, toutes les difficultés que traversent bien des couples, et on lui objecte l'usage, introduit par Moïse, de la lettre de divorce. Mais Jésus ose enjamber la loi de Moïse et faire appel au dessein de Dieu. La vraie norme, pour lui, et la première loi, c'est ce que Dieu a voulu au commencement. Et c'est là, pour nous tous, un premier appel de Jésus, une exigence libérante : quoi qu'il en soit des lois de notre pays, de la pression sociale, de l'impact des médias ou des statistiques, notre référence de chrétiens, c'est le commencement tel que Dieu l'a pensé, le couple humain tel qu'il l'a créé. "Au commencement, le Créateur les fit homme et femme". Il a posé cette différence irréductible, et en rappelant cela, l'Écriture balaye les vieux mythes d'une humanité androgyne, mi-homme, mi-femme. De plus, et immédiatement, Dieu a rapporté l'homme et la femme l'un à l'autre. Il n'y a couple que dans la différence. "L'homme s'attachera à sa femme". Mais dans la pensée de Dieu, l'union des corps scelle une unité irréversible : "À cause de cela, ils ne seront plus deux, mais un seul". Les époux se choisissent, ils se donnent, et par là ils ratifient le plan de Dieu. Ils sont désormais "ce que Dieu a uni". Renforcer cette union, c'est entrer à plein dans l'œuvre de Dieu, dans son plan d'amour et son plan sur l'amour. Défaire cette union, c'est relâcher un lien que lui, Dieu, ne défait pas. Celui qui rappelle ainsi la grandeur du couple chrétien sorti des mains de Dieu, et qui l'affirme déjà à contre-courant des idées de son temps, c'est Jésus qui s'est montré si proche des blessures du cœur humain, Jésus qui a dit avec douceur à la femme adultère : "Va, et ne pèche plus", Jésus qui a confié une mission à la Samaritaine alors qu'elle en était à son sixième mari. Et il nous montre l'attitude à garder dans un monde où l'amour a perdu ses repères. Nous devons à la fois comprendre le désarroi de tant de couples fragilisés, distendus, éclatés, et garder, comme phare pour notre route, la parole courageuse du Fils de Dieu. Nous pouvons compatir à la souffrance de tant d'époux qui vivent leur amour comme un échec, et travailler, dans l'espérance, à consolider l'œuvre de Dieu, avec la lumière que Dieu donne. Les douze disciples de Jésus ont réagi en fonction des habitudes de leur société, et sous l'angle masculin : "Si telle est la situation de l'homme par rapport à la femme, il n'y a pas intérêt à se marier !". Se lier à vie, cela leur semble un pari trop hasardeux. La réponse de Jésus va déplacer l'angle d'approche et souligner l'importance de l'engagement dans la vie d'un croyant. Ne pas se marier par crainte de l'engagement, ce serait une fausse raison, et une résolution finalement assez peu noble et assez peu généreuse ; mais, dit Jésus, il est des gens qui choisissent de ne pas se marier, pour s'engager à plein temps au service du Règne de Dieu. C'est vraiment un choix. Ils ne sont pas contraints au célibat par une incapacité congénitale, par défaillance du corps ou du psychisme, ni à cause d'un traumatisme survenu dans leur histoire affective. Le célibat à cause du Règne de Dieu, c'est toujours la réponse à un appel, à un attrait qui se "révèle", et c'est une autre manière, authentiquement humaine, d'entrer dans l'œuvre de Dieu comme femme ou comme homme. La polarité de l'homme et de la femme reste bien présente dans le service du Royaume, et c'est ce que rappelait un document récent de l'Église (V.C.§ 57) : "Il est légitime que la femme consacrée aspire à voir reconnaître plus clairement son identité, sa compétence, sa mission et sa responsabilité, aussi bien dans la conscience ecclésiale que dans la vie quotidienne". Qu'est-ce que les femmes et les hommes proposent au monde s'ils ne sont pas mariés ? Deux manières différentes de vivre à l'image de Dieu, deux manières d'apporter cette nouvelle inouïe, même et surtout aux plus délaissés : nous sommes tous aimés de Dieu : il nous veut dans sa vie. |
| | | Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Sam 18 Aoû - 7:55 | |
| Bonjour, L'ÉVANGILE DU JOUR : « N’empêchez pas les enfants de venir à moi » (Mt 19, 13-15) En ce temps-là, on présenta des enfants à Jésus pour qu’il leur impose les mains en priant. Mais les disciples les écartèrent vivement. Jésus leur dit : « Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. » Il leur imposa les mains, puis il partit de là. MÉDITER AVEC LES CARMES : Une même certitude toute simple animait ces femmes qui amenaient à Jésus leurs enfants. Chacune se disait : "Il va aimer mon petit !" Pour chacune, présenter à Jésus son enfant, c'était lui apporter déjà le meilleur d'elle-même ; c'était aussi attirer sur l'enfant la bonté qu'elle pressentait chez le Nazaréen. Rien ne laisse supposer que les petits étaient malades ; et ces femmes ne venaient pas pour une guérison. Que demandaient-elles à Jésus ? – un geste et une prière. Le geste - l'imposition des mains - pouvait revêtir, selon les cas, plusieurs significations. Ou bien il symbolisait la transmission d'un pouvoir ou d'une responsabilité. C'est ainsi que Paul avait imposé les mains à Timothée en lui confiant la communauté d'Éphèse (1 Ti 1,3 ; 2 Ti 1,6). Ou bien l'imposition des mains intervenait au cours d'une guérison. Mais ici, pour Jésus, poser les mains sur les enfants, c'était les prendre sous sa protection, les reconnaître pour siens, leur donner un signe d'affection, et les inclure dans sa royauté messianique avant même tout acte de foi conscient. Les mères attendaient aussi que Jésus prie pour les enfants, et appelle sur eux la bénédiction de Dieu. Et cette demande supposait chez ces femmes un début de foi en Jésus, parce qu’elles reconnaissaient par là le prophète Jésus comme un intercesseur auprès de Dieu. Les Apôtres, eux, sont à cent lieues de cette valorisation des enfants. À leurs yeux ils font perdre à Jésus un temps précieux, car Jésus n'a rien à recevoir d'eux, et eux, rien à recevoir de lui. Il n'a rien à leur transmettre, parce qu'ils sont incapables du moindre acte de foi. "Laissez les petits enfants venir à moi, et ne les empêchez pas", dit Jésus fermement, "car c'est à leurs pareils qu'appartient le Règne des cieux". Les petits enfants sont donc nos modèles, non pas en tout, mais très précisément pour l'accueil du Règne de Dieu, de sa seigneurie sur le cœur des hommes, car ils trouvent spontanément la bonne attitude. Ce que Jésus admire chez l'enfant, ce n'est pas son ignorance et son incapacité de tout raisonnement, car, à plusieurs reprises, il réclame des disciples avisés, capables de creuser les paraboles, de se mettre à son école et de le suivre en portant leur croix ; mais par plusieurs traits l'enfant conteste nos lenteurs d'adultes, nos hésitations à croire et à nous engager. L'enfant se laisse amener à Jésus par d'autres, que le Maître a déjà attirés et fascinés. L'enfant ne s'appuie pas sur sa propre générosité ; il ne fait pas valoir son initiative et ne table pas sur des mérites antérieurs. La démarche de l'enfant est toute de simplicité et de fraîcheur. Il se laisse accueillir tel qu'il est, sans s'interroger sur sa dignité et sa valeur. Et surtout, l'enfant trouve tout naturel d'être aimé et de faire confiance. C'est pourquoi, ce jour-là, Jésus ne s'est pas pressé. Il a pris le temps de bénir ces petits qu'il n'allait plus revoir, puisque, aussitôt après, il a repris la route. Et la rencontre fortuite de ces enfants a été l'occasion d'une catéchèse, essentielle à ses yeux, sur l'œuvre mystérieuse de Dieu au fond des cœurs. |
| | | Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Dim 19 Aoû - 8:53 | |
| Bonjour, L'ÉVANGILE DU JOUR : « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » (Jn 6, 51-58) En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. » MÉDITER AVEC LES CARMES : Déjà les Sages d'Israël voyaient dans le pain et le vin des images de la nourriture spirituelle. Ainsi, dans la première lecture, tirée du livre des Proverbes, la Sagesse de Dieu, personnifiée comme une femme prophétesse, proclame à tout venant sur les hauteurs de la Cité sainte : "Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! Venez manger mon pain et boire le vin que j'ai préparé ! Quittez votre folie, et vous vivrez. Suivez le chemin de l'intelligence !" (Pr 9,5s) Cet appel de la Sagesse, les chrétiens l'ont transposé d'instinct depuis les premiers siècles : Dame Sagesse n'est qu'une image du Fils de Dieu, venu parmi nous sur terre pour nous donner le pain de l'intelligence, le pain de la foi, sa parole qui nous entrouvre le mystère de Dieu et de son plan d'amour. Les chrétiens se sont appuyés, pour cette transposition, sur les paroles prononcées par Jésus lui-même dans la synagogue de Capharnaüm : "Le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde. Moi, je suis le pain de la vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim." Déjà cette audace de Jésus revendiquant le rôle même de la Sagesse de Dieu avait suscité des murmures dans l'auditoire : "Cet homme-là n'est-il pas Jésus, le fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors, comment peut-il dire : "Je suis descendu du ciel ?" L'étonnement des gens, dans la synagogue, va friser le scandale quand Jésus abordera le second thème, clairement eucharistique, de son homélie : "Le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde." Dans la synagogue, le murmure a repris, amplifié : "Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ?" La vraie réponse, Jésus la donnera le soir du Jeudi Saint, quand, prenant le pain, puis la coupe, il dira : "Prenez et mangez ; ceci est mon corps livré pour vous. Buvez-en tous, ceci est mon sang" (Mt 26,26s). Mais dès ce jour-là, à Capharnaüm, au lendemain de la multiplication des pains, Jésus développe sa catéchèse eucharistique : "Ma chair est vraiment nourriture, insiste Jésus ; mon sang est vraiment boisson". Son Eucharistie est donc nécessaire pour nous, comme est indispensable la nourriture du corps humain, mais pour entretenir et développer une autre vie, que l'on commence à vivre ici-bas, et que Jésus appelle la vie éternelle. Mais en quoi consiste cette vie éternelle inaugurée dès maintenant dans le quotidien de notre existence ? C'est avant tout une relation intense, profonde, invisible, avec Jésus Fils de Dieu : "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui." Demeurer, c'est un verbe qui dit tant de choses à la fois qu'il faudrait, pour en épuiser la richesse, toute une litanie, la litanie de la réciprocité : Jésus vit en moi, et je vis en lui. Jésus attend mon amitié, et je m'appuie sur la sienne. Jésus compte sur moi, et je compte sur lui. Jésus parle en moi, et je lui parle. Jésus trouve sa joie en moi, et ma joie est en lui. Jésus prie en moi, et je prie en lui. Jésus m'aime, et j'essaie de l'aimer. Demeurer dans le Christ, c'est lui apporter, dans la prière, tout ce qui enthousiasme ou appesantit notre cœur ; c'est laisser résonner sa parole au plus profond de notre liberté, et nous imprégner de ses réflexes de miséricorde. C'est ce partage intégral et cette intimité que Jésus résume en disant : "Celui qui me mange vivra par moi". Toute communion à son Corps et à son Sang sera donc une communion à sa vie de Fils de Dieu, et même une communion à sa mission d'Envoyé du Père. L'Eucharistie est bien, pour nous, le pain du voyage, le pain des témoins, le pain des missionnaires, car en mangeant le Corps du Christ, nous venons nous ressourcer à sa vie, comme lui-même, voyageur parmi nous, se ressourçait constamment à l'amour de son Père : "De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé, et que moi, je vis par le Père, de même aussi celui qui me mange vivra par moi." "Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement. Moi, je le ressusciterai au dernier jour." |
| | | Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Lun 20 Aoû - 8:44 | |
| Bonjour, L'ÉVANGILE DU JOUR : « Viens, suis-moi. » (Mt 19, 16-22) En ce temps-là, voici que quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » Il lui dit : « Lesquels ? » Jésus reprit : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage. Honore ton père et ta mère. Et aussi : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » À ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. MÉDITER AVEC LES CARMES : "Viens, suis-moi", dit Jésus. Suivre Jésus, c'est tout le programme de l'Évangile. Ce qui nous est proposé, ce n'est pas seulement de suivre un enseignement, d'adopter un corps de doctrine, mais bien de suivre la personne du Fils de Dieu, Jésus de Nazareth, qui prend l'initiative de nous appeler et gardera l'initiative tout au long de la route. Or la route du Christ sera longue. On ne suit pas le Christ comme on suit un cours ou un maître humain, durant un semestre ou durant deux années. Suivre Jésus, c'est s'attacher une fois pour toutes à sa personne. C'est donc une décision qui engage toute la vie et qu'il faudra ratifier de nouveau à chaque étape ; c'est une écoute à reprendre chaque matin, avec courage et avec bonheur, car rien ne nous rend si heureux que de vivre authentiquement, dans le Fils, notre vie de fils de Dieu. Suivre le Christ, cela peut nous emmener très loin, car c'est partager son destin de voyageur, sa mission et sa solitude ; et cela exige de chacun/e qu'il se mette en état de disponibilité, qu'il se rende libre pour suivre Jésus. C'est tout le sens de la parole du Nazaréen : "Va vendre toutes tes richesses, donne-les aux pauvres, mets ton trésor dans les cieux (c'est-à-dire en Dieu), puis viens et suis-moi !" On dira peut-être : c'était bon pour le jeune homme, c'est bon pour une religieuse, mais cela ne nous concerne pas tous ! Ce n'est pas si sûr : nous sommes tous concernés, mais pas forcément de la même manière. La part de richesses que nous allons garder et gérer dépend de notre vocation, de notre condition, de nos responsabilités et de notre situation familiale ; mais tous nous avons à mettre notre trésor dans le ciel ; tous, d'une manière ou d'une autre, nous avons à nous libérer le cœur et les mains, pour suivre Jésus là où il nous a placés. Qui nous dira comment faire ? Qui nous dira jusqu'où aller ? - l'Esprit Saint, jour après jour. En réponse aux questions des Juifs, Jésus nous a laissé un programme de progrès. Le jeune homme a d'abord demandé :"Que dois-je faire de bon, pour obtenir la vie éternelle ?", et Jésus a répondu en nuançant : "Si tu veux entrer dans la vie, si tu veux commencer à vivre". Puis le jeune homme, déjà remarquablement fidèle à Dieu dans sa vie quotidienne, a posé une deuxième question : "Que me manque-t-il encore ?", et Jésus a répondu cette fois : "Si tu veux, si tu veux être "achevé" (teleios). " Deux niveaux de questionnement, deux niveaux d'engagement. D'abord se montrer fidèle aux préceptes du Seigneur, y compris l'amour fraternel ; puis une autre ambition, un autre signe d'amour : suivre le Christ où il va, et pour cela mettre dans le ciel (en Dieu) tout son trésor, tout son désir au niveau de l'avoir, toute son attente tout son projet ultime. Pour le jeune homme, que l'Évangile présente comme un être d'exception, le premier niveau semble déjà rejoint : il est fidèle, il va devenir "achevé", s'il y consent, s'il s'y engage. Pour nous, la fidélité probablement est encore programmée au quotidien, car nous portons l'appel de Jésus dans des vases de terre cuite ; et pourtant, sans attendre le moment si aléatoire de la réussite spirituelle, Jésus nous dit : "Si tu veux être achevé", et même : "Sois parfait comme ton Père est parfait". Dès aujourd'hui mets ton trésor dans le ciel. Dès aujourd'hui, suis-moi où je vais. |
| | | Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mar 21 Aoû - 6:21 | |
| Bonjour, L'ÉVANGILE DU JOUR : « Un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux » (Mt 19, 23-30) En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, je vous le dis : un riche entrera difficilement dans le royaume des Cieux. Je vous le répète : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » Entendant ces paroles, les disciples furent profondément déconcertés, et ils disaient : « Qui donc peut être sauvé ? » Jésus posa sur eux son regard et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. » Alors Pierre prit la parole et dit à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre : quelle sera donc notre part ? » Jésus leur déclara : « Amen, je vous le dis : lors du renouvellement du monde, lorsque le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m’avez suivi, vous siégerez vous aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël. Et celui qui aura quitté, à cause de mon nom, des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra le centuple, et il aura en héritage la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, beaucoup de derniers seront premiers. » MÉDITER AVEC LES CARMES : Les deux textes d'aujourd'hui sont cousus, ou pour le moins faufilés, par un double thème : les limites de l'homme et la puissance de Dieu qui sauve. Les limites de l'homme sont évidentes ; mais la présence active de Dieu bien souvent ne peut être perçue que par la foi. Ainsi de Gédéon, pressé de rentrer son grain pour le soustraire aux razzias des Madianites. Le Seigneur a une mission pour lui et l'insinue déjà dans la salutation de son envoyé : "Le Seigneur est avec toi, vaillant guerrier !" - Avec moi, peut-être, pense Gédéon ; avec nous, ce n'est pas évident..."Pardon, mon Seigneur, si le Seigneur est avec nous, d'où vient tout ce qui nous arrive ?... Le Seigneur nous a abandonnés, livrés au pouvoir de Madian !" La réponse de Dieu balaie d'un coup toutes les objections et tous les pièges. C'est la réponse d'un Dieu libre qui conforte l'homme dans sa liberté : "Va, avec cette force qui est tienne, et tu sauveras Israël c'est moi qui t'envoie !" "Va" : c'est un ordre, une mission. "Avec ta force, telle qu'elle est", car telle qu'elle est, je veux m'en servir ; "Tu sauveras Israël" : c'est bien toi qui vas combattre ; mais c'est moi qui donnerai la victoire : "C'est moi qui t'envoie". La moisson est disproportionnée, mais Dieu n'a que faire de nos calculs de probabilité. À chacun de nous il demande seulement : "Donne-moi ta force, telle qu'elle est !" Dans l'Évangile, Jésus ajoute même : abandonne-moi ce qui fait ta richesse, si tu veux entrer dans le règne de Dieu. Nous sommes toujours trop encombrés de nous-mêmes, de notre avoir ou de nos désirs, et par là inadaptés au style du Royaume. Entrer dans la mission de Jésus, c'est devenir un fil fin et souple pour l'aiguille de Dieu, car c'est Dieu qui coud et qui brode. Entendant les paroles de Jésus, les disciples furent extrêmement frappés, et ils disaient : "Qui peut être sauvé ?" Qui aura jamais cette finesse et cette légèreté que Jésus réclame ? Jésus les regarda, de ce regard qui ouvrait toujours l'espérance, et il leur dit : "Pour les hommes, c'est impossible ; mais pour Dieu, tout est possible. " La vraie force du disciple de Jésus, c'est la confiance. Allons donc avec cette force qui est nôtre. |
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mer 22 Aoû - 14:57 | |
| le 22 août 2018
« Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » (Mt 20, 1-16) | |
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Le royaume des Cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée : un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent, et il les envoya à sa vigne. Sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire. Et à ceux-là, il dit : “Allez à ma vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste.” Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même. Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : “Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?” Ils lui répondirent : “Parce que personne ne nous a embauchés.” Il leur dit : “Allez à ma vigne, vous aussi.” Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : “Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.” Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’un denier. Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier. En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine : “Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur !” Mais le maître répondit à l’un d’entre eux : “Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?” C’est ainsi que les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. » | |
|
Si nous nous étions trouvés dans la file des journaliers qui ce soir-là, attendaient leur salaire, nous aurions sûrement grogné – et moi tout le premier : "Regardez-moi ces resquilleurs ! Ils sont arrivés les derniers à la vigne, et ils sont payés les premiers !" Nous aurions probablement été blessés dans nos convictions égalitaires : "Ces derniers venus n'ont travaillé qu'une heure, et tu les traites comme nous, qui avons porté le poids du jour et la chaleur !"
Remarquons cependant que le maître de la vigne n'entend pas le moins du monde donner une prime à la paresse. Relisons la parabole : "Vers la onzième heure (cinq heures de l'après-midi) il sortit encore, en trouva d'autres qui se tenaient là, et leur dit : 'Pourquoi êtes-vous restés là tout le jour sans travailler' ?" Le ton est sévère, mais le maître de la vigne se radoucit aussitôt quand il entend la réponse de ces hommes : "C'est que personne ne nous a embauchés"…"Nous sommes des chômeurs"…Tout est là ; et dès lors on comprend le réflexe du maître de la vigne. Il s'est dit : "Dans une heure, ces hommes-là vont retourner chez eux. Comment feront-ils pour nourrir femme et enfants ? Ils sont chômeurs, et ce n'est pas de leur faute. Puisque je peux compenser leur malheur, je vais le faire !"
Voilà pourquoi les ouvriers de la onzième heure reçoivent un denier comme tous les autres. Là où l'on serait tenté de voir une injustice, il n'y a donc qu'une charité courageuse, qui brave les critiques et l'incompréhension.
À vrai dire, la parabole souligne exprès l'apparente injustice. Il est évident que beaucoup d'employeurs, dans les mêmes circonstances, auraient agi avec le maximum de discrétion, et qu'ils auraient payé les ouvriers de la onzième heure après avoir réglé tous les autres.
Si Jésus, volontairement, glisse dans sa parabole une pointe d'exagération, c'est parce qu'il veut ébranler nos habitudes de tout peser, de tout compter, de tout ramener à une question de quantité. C'est comme si Jésus, une fois de plus, venait nous dire : "Dieu n'est pas comme cela ! Dieu ne réagit pas comme vous l'imaginez !" Dieu est celui qui donne sans calcul, simplement parce qu'il est l'Amour.
Comme ce réflexe du cœur de Dieu pourrait assainir notre vie de foyer, notre vie familiale ou notre attitude en communauté ! Même dans les meilleures fraternités, il reste entre les sœurs du non-dit, du non-exprimé. On pardonne beaucoup de choses aux autres sœurs, beaucoup de jugements hâtifs ou de paroles trop vives ; mais on leur pardonne plus difficilement de ne pas porter "toute leur part" du poids du jour et de la chaleur, de ne pas être sur la brèche autant que les autres sœurs. C'est le réflexe de Marthe, accaparée par les soins du service, et qui en ajoute sans se rendre compte : "Seigneur, cela ne te fait vraiment rien que ma sœur me laisse travailler toute seule ?"
Jésus nous répond, dans sa parabole : "Ne compare pas, sinon tu seras paralysée dans ton effort. Ne regarde pas ce que fait ta sœur, mais l'amour que tu veux me donner. Dis-toi que c'est une chance et une grâce, et une joie déjà totale, que de pouvoir servir jusqu'au bout de tes forces et au-delà. Si tu es triste en songeant au peu que fait ta sœur, c'est que tu ne me sers pas encore en pure gratuité."
Dieu, le Maître, notre Père, qui parle dans la parabole, nous ramène devant nos propres limites : "Sais-tu vraiment ce que ta sœur doit porter ? Connais-tu son histoire ? ses richesses ? son désarroi ? Ou alors ton œil est-il mauvais parce que je suis bon ? parce que je veux lui assurer, à elle aussi, le denier de la vie éternelle ? Tu travailles pour moi, que veux-tu de plus ? Tant que tu en seras encore à compter, tu resteras frustrée, et souvent malheureuse. Du jour où tu ne compteras plus, tes mains seront toujours pleines, pleines de richesses à partager. » | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Jeu 23 Aoû - 18:39 | |
| le 23 août 2018 « Tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce » (Mt 22, 1-14) | |
En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à parler aux grands prêtres et aux anciens du peuple, et il leur dit en paraboles : « Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : “Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.” Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : “Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce.” Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce. Il lui dit : “Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?” L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : “Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.” Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. » | |
1ère lecture et psaume du jour | Le saint du jour | | |
Selon la tradition des rabbins, la Loi comprenait 613 commandements positifs, 365 interdictions et 248 autres prescriptions ; et les docteurs de la Loi avaient parfois tendance à situer tous ces préceptes sur le même plan : « Que le commandement léger te soit aussi cher que le commandement grave ». Cela pouvait être l'expression d'un amour de Dieu très attentif, mais cela pouvait tout aussi bien virer au légalisme pointilleux. Jésus va prouver en quelques mots que la Loi elle-même met au-dessus de tout l'amour de Dieu et l'amour fraternel. Nous sommes encore dans le cadre des conflits de Jésus avec ses adversaires. C'est un spécialiste qui interroge Jésus, un scribe (lettré) appartenant probablement au parti des pharisiens. La question porte, cette fois, non sur un détail comme l'impôt, mais sur le fond même de la volonté de Dieu. Jésus cite Deut. 6, 5, un texte que tous ont en mémoire. Il ne faut pas forcer la distinction entre cœur, âme, pensée. Pour l'occidental moderne, le cœur sert surtout à aimer ; pour un hébreu, il a sa part aussi dans l'activité intellectuelle Dieu donne un cœur pour comprendre (Dt 29, 3). Le cœur est à la fois conscience et mémoire, intuition et énergie. Dans le cœur résonnent toutes les affections ; c'est dans le cœur que les impressions et les idées se muent en décisions et en projets ; c'est dans le cœur aussi que s'enracinent l'attitude religieuse et la fidélité à Dieu. Le cœur, au sens biblique, est le tout de l'homme intérieur et le lieu privilégié du risque de la foi. C'est donc toute la personne qui est mobilisée dans l'amour et pour l'amour de Dieu. L'amour pour Dieu est le premier des commandements et le plus grand parce qu'il englobe tous les autres et leur donne leur pleine signification. L'autre commandement, l'amour pour autrui (cf. déjà Lev. 19, 18), est à la fois second et semblable, toujours inséparable du premier et pourtant toujours distinct. L'amour pour autrui n'est pas interchangeable avec l'amour de Dieu et ne le remplace pas, de même que le prochain ne peut remplacer Dieu. Mais les deux commandements sont semblables parce que l'un et l'autre nous font un devoir d'aimer, et que l'un et l'autre amours sont radicaux et indispensables. L'amour du prochain, comme l'amour pour Dieu, doit mobiliser toute la personne et toutes ses forces. Aimer le prochain comme soi-même, c'est vouloir concrètement pour lui tout ce qu'on veut pour soi : une vie joyeuse, donnée, efficace, la reconnaissance par les autres et l'amitié de Dieu. Pistes de réflexion… On entend parfois dire : « aimer quelqu'un pour Dieu, ce n'est plus l'aimer pour lui-même ! ». Est-ce si sûr ? Aimer quelqu'un vraiment, c'est désirer pour lui l'épanouissement total, donc désirer qu'il soit en marche vers Dieu par tout son être. Aimer quelqu'un pour lui-même, c'est vouloir que Dieu soit tout pour lui, là où Dieu l'a placé. Souvent on cherche une sécurité spirituelle dans les œuvres réalisées pour Dieu. Sont-elles toujours dictées par le double amour que réclame le Christ ? Saint Paul, en 1 Cor. 13, résume également dans la charité fraternelle tout le comportement moral du chrétien. La célébration eucharistique, qui réalise l'unité du Corps du Christ et nous fait tous ensemble rencontrer Dieu, n'est-elle pas un moment où nous pouvons vivre intensément le double commandement du Christ ? | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Ven 24 Aoû - 10:57 | |
| 24 août 2018
« Il n’y a pas de ruse en lui. » (Jn 1, 45-51) | |
En ce temps-là, Philippe trouve Nathanaël et lui dit : « Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. » Nathanaël répliqua : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et vois. » Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare à son sujet : « Voici vraiment un Israélite : il n’y a pas de ruse en lui. » Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe t’appelle, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. » Nathanaël lui dit : « Rabbi, c’est toi le Fils de Dieu ! C’est toi le roi d’Israël ! » Jésus reprend : « Je te dis que je t’ai vu sous le figuier, et c’est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. » Et il ajoute : « Amen, amen, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. » | |
|
Puissance de la parole de Dieu !
Dieu dit : "Je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle !", et en Jésus-Christ il jette les bases du monde nouveau. Jésus dit : " Va, ton fils vit !", et à l'heure même le miracle se réalise.
Mais même lorsque Dieu agit avec puissance, il laisse toujours un espace pour notre foi. Nous savons que Dieu déjà crée du nouveau dans l'aujourd'hui de l'Église qui est le Corps du Christ ; et pourtant l'Église de Jésus ne cesse de connaître l'épreuve.
De même, lorsque Jésus a dit au fonctionnaire royal : "Ton fils vit", non seulement cet homme n'avait pas l'évidence du miracle, mais il n'avait aucun moyen de le vérifier à distance.
"Ton fils vit", a dit Jésus ; et cela suffit pour ce père venu de loin : "L'homme crut à la parole que Jésus avait dite, et se mit en route". Et c'est seulement le lendemain, en redescendant vers Capharnaüm après une longue marche, qu'il a appris la bonne nouvelle : la fièvre avait quitté l'enfant à l'heure même où Jésus parlait !
Pour Dieu créateur, pour Jésus rédempteur, la parole suffit : la parole créée et recrée. Le Père comme le Fils aiment être crus sur parole, car c'est alors que notre foi leur rend gloire.
Relisons les promesses que Dieu adresse à son peuple par le prophète Isaïe :
- Dieu promet la nouveauté, une nouveauté telle, pour chaque famille et chaque communauté, "que le passé ne remontera plus au cœur", ni comme amertume, ni comme remords, ni comme menace.
- De plus Jérusalem et son peuple reçoivent deux noms nouveaux : "joie" et "allégresse", et c'est le programme d'un bonheur partagé par Dieu et par le peuple de l'Alliance. Car Dieu dit : "Je me réjouirai de Jérusalem ; je serai joyeux de mon peuple" ; mais il ajoute : "Que l'on se réjouisse de siècle en siècle de ce que je vais créer : on n'entendra plus désormais le bruit des larmes et des cris".
- Puis Dieu donne encore deux autres signes de sa bénédiction : la vie sera longue, et efficace de bout en bout. Chaque homme fera tout son temps sur terre et profitera de ce qu'il aura bâti ou planté : "La durée de mon peuple sera telle que la durée des arbres, et mes élus useront ce que leurs mains auront fabriqué ".
- Mais surtout Dieu mettra sa joie à devancer les désirs de tous les siens : "Avant même qu'ils appellent, je leur répondrai ; ils parleront encore qu'ils seront déjà exaucés".
Où en sont, direz-vous, les promesses de Dieu ?
Où est la nouveauté durable ?
Où est le renouvellement de la communauté ?
Où est le bonheur partagé avec Dieu ?
Où sont les perspectives de durée, les signes d'une existence dense et féconde pour l'Église ?
Tout cela, nous l'avons, nous le tenons, mais c'est de nuit, c'est enclos dans la parole de Dieu. Jésus, qui nous prend tous dans son pardon, le redit à chacun, à chacune, aujourd'hui : "Va! Ton fils vit ! Va ! Je fais vivre tous ceux que tu portes en ton cœur, tous ceux que je t'ai donnés à aimer".
À nous de croire à la parole de Jésus, et de nous mettre en route.
Mais croyons-nous à la puissance de Dieu ? Est-ce vraiment en Dieu que nous espérons ? On obtient de lui tout autant qu'on espère, et Dieu aime que notre confiance en lui soit humainement folle ; il aime remplir des mains vraiment vides, des mains qui ont tout lâché pour recevoir ses dons.
Dieu n'a pas besoin de nous pour accomplir ses merveilles, mais il nous veut "tout éveillés dans notre foi" pour appeler, recevoir et chanter les merveilles qu'il nous destine. La force qui manque à chacun/e, la joie partagée dont rêve la communauté, demandons-les à Dieu. Il est Père, il est proche. Nous parlerons encore que déjà nous serons exaucés. | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Sam 25 Aoû - 10:26 | |
| 25 août 2018
« Ils disent et ne font pas » (Mt 23, 1-12) | |
En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » | |
|
Tout le chapitre 23 de saint Matthieu rapporte une série de paroles de Jésus contre les scribes et les Pharisiens. Être scribe, c'était être un maître dans l'interprétation de la Loi, c'était donc une vraie spécialisation et une vraie fonction. Quant aux Pharisiens, ils constituaient, depuis deux siècles environ, une sorte de parti politico-religieux, souvent dans l'opposition aux grands prêtres politiciens, et très puissant dans les classes moyennes. On pouvait donc être scribe sans être pharisien. En fait, à l'époque du Christ, un grand nombre de spécialistes de la Loi appartenait au parti des Pharisiens.
Qu'est-ce qui a mérité la sévérité de Jésus ? Trois attitudes, qui nous guettent nous aussi, dès que, dans la communauté chrétienne, nous pensons être détenteurs d'une responsabilité ou témoins d'une fidélité particulière.
Tout d'abord, ils disent et ne font pas. Tout se passe au niveau du langage : en disant les choses, ils les vivent par procuration. Devenus, par héritage, propriétaires d'une tradition, ils la gèrent au niveau des formules, des schémas, des itinéraires proposés. Ils calibrent les fardeaux, mais s'exemptent eux-mêmes de les porter.
Ces conseillers-là, pense Jésus, se disqualifient par le mensonge de leur vie réelle. Ils peuvent faire illusion, ils peuvent se faire illusion, mais on ne peut les prendre comme référence puisqu'ils ne sont que théorie sans pratique.
Ils disent, et ne font pas ce qu'ils disent ; et même ce qu'ils font est faussé d'avance : c'est le deuxième reproche de Jésus.
Ainsi, non seulement ils se contentent de la théorie, mais ils en restent aux apparences, au spectacle, au théâtre. Il leur faut être vu, donc ils font du voyant, et ils allongent les franges de leur châle de prière. L'important pour eux est d'être classés parmi les vrais fidèles, d'être reconnus et salués comme des croyants de premier plan. Au fond, ces scribes et ses Pharisiens ont besoin du miroir des autres pour se sentir à l'aise. Et pourquoi sont-ils toujours en quête de l'approbation et de l'estime des autres ? Parce qu'ils se situent mal devant Dieu et devant le Messie Jésus. Là, Jésus quitte le ton des reproches et donne quelques consignes très nettes à sa communauté : "Ne vous faites pas appeler "Rabbi"', ou "maître", "guide", et n'appelez personne "père" sur la terre". "Père", c'est le titre que l'on donnait à certains rabbis particulièrement réputés ou vénérés. Tout cela n'a plus cours, nous dit Jésus : ces titres-là, il ne faut ni les rechercher pour soi, ni les donner à d'autres, car l'Envoyé est désormais pour tous le maître unique, l'interprète unique de la volonté de Dieu ; et tout ce qui est vécu dans l'Eglise sous le signe de la paternité doit être référé à l'unique paternité de Dieu. Dans l'Église de Jésus, il serait tout aussi vain de devenir un personnage que de s'abriter derrière le prestige d'un autre. Car la seule grandeur consiste à servir, et la qualité du service chrétien, personne, sinon Dieu, ne peut la mesurer.
Ce qui revient au disciple de Jésus, c'est de s'abaisser, non pas de se défiler devant les responsabilités, ni de se déprécier artificiellement, mais de s'abaisser, c'est-à-dire d'assumer sa vie devant Dieu comme un service, en rendant belles les choses simples, et en vivant simplement les choses grandes. | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Dim 26 Aoû - 10:00 | |
| 26 août 2018
« Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 60-69) | |
En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !... C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » | |
|
"Cette parole est rude ! Qui peut continuer à l'écouter ?"
Que disait Jésus, qui fût à ce point intolérable ? "Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle". Et Jésus insistait, présentant ces mêmes actions sous la forme d'une nécessité, d'une obligation : "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'Homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n'aurez pas en vous la vie !" Si les disciples avaient pu comprendre immédiatement, loin de se scandaliser, ils se seraient émerveillés devant cette initiative de Jésus.
Depuis des siècles, en Israël, tout sacrifice à Dieu passait par une destruction : ou bien le sang jaillissait d'un être vivant, ou bien des produits du sol partaient en fumée.
Or Jésus, sans aucune critique, met fin définitivement à ce régime provisoire. Son sang sera le dernier versé, son corps sera livré une fois pour toutes ; et désormais les croyants s'uniront à son sacrifice ultime dans le rite d'un repas fraternel, à travers des gestes de vie : manger et boire, et à travers une présence qui sera vraie, immédiate, intensément personnelle, mais qui ne pourra jamais être matérialisée.
Jésus, délibérément, tourne le dos aux sacrifices anciens, à feu et à sang, et il garde, comme uniques signes de son passage pascal et de sa présence, le pain et le vin, qui symbolisent pour tout homme le quotidien, l'indispensable, le vital : "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'Homme, vous n'aurez pas la vie en vous !"
Jésus nous laisse donc les signes que sont le pain et le vin. Mais ces signes ne parlent à l'homme que par les paroles de Jésus. Quand nous revivons chaque matin le sacrifice pascal du Seigneur, il n'y a pas à s'étonner que l'Eucharistie soit pour nous à la fois attirante et opaque, à la fois proximité et distance, à la fois certitude et mystère de la foi ; car, à chaque messe, c'est encore la parole de Jésus qui affirme, qui opère, qui garantit. "Ceci est mon sang" : nous n'avons pas d'autre entrée dans le mystère que ces paroles du Seigneur vivant, pas d'autre appui pour notre foi que ces courtes phrases qui sont pour nous esprit et vie.
Pour les sens de l'homme, pour ses yeux, ses mains, son palais, il n'y a jamais immédiateté entre les signes du pain et du vin et la réalité inouïe dont Dieu les charge. Nous le savons par expérience : à la messe, il y a toujours une distance à traverser par la foi, il y a parfois le moment de l'étonnement, de l'achoppement, surmonté à chaque fois par les mêmes paroles du Christ, dont l'Église est porteuse depuis deux mille ans : "Ceci est mon corps ; ceci est mon sang."
Seul l'Esprit de Jésus, l'Esprit Paraclet "transmis" au monde grâce à la passion glorifiante du Seigneur, seul l'Esprit de la vérité peut rendre vivantes en nous ces paroles de vie. Car c'est l'Esprit qui vivifie, qui nous branche sur les forces de la résurrection, qui nous remémore les paroles de Jésus et en fait la certitude d'aujourd'hui.
La chair, à elle seule, ne sert de rien. La "chair", au sens biblique, c'est-à-dire tout l'homme, corps, intelligence et cœur, l'homme avec ses richesses, mais avec son indice de fragilité, son besoin d'évidences et ses impatiences devant les choix de Dieu.
Aujourd'hui encore, dans quelques instants, nous allons revivre, en notre nom et au nom de toute l'humanité qui attend le salut, le scandale et le mystère de la première Eucharistie. Que l'Esprit Paraclet, appelé solennellement sur les dons de l'Église, nous donne la joie de faire fond sur la seule parole de Jésus : "Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle. Et nous, nous avons cru, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu." | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Lun 27 Aoû - 11:10 | |
| 27août 2018
« Malheureux êtes-vous, guides aveugles » (Mt 23, 13-22) | |
En ce temps-là, Jésus disait : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez à clé le royaume des Cieux devant les hommes ; vous-mêmes, en effet, n’y entrez pas, et vous ne laissez pas entrer ceux qui veulent entrer ! Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous parcourez la mer et la terre pour faire un seul converti, et quand c’est arrivé, vous faites de lui un homme voué à la géhenne, deux fois pire que vous ! Malheureux êtes-vous, guides aveugles, vous qui dites : “Si l’on fait un serment par le Sanctuaire, il est nul ; mais si l’on fait un serment par l’or du Sanctuaire, on doit s’en acquitter.” Insensés et aveugles ! Qu’est-ce qui est le plus important : l’or ? ou bien le Sanctuaire qui consacre cet or ? Vous dites encore : “Si l’on fait un serment par l’autel, il est nul ; mais si l’on fait un serment par l’offrande posée sur l’autel, on doit s’en acquitter.” Aveugles ! Qu’est-ce qui est le plus important : l’offrande ? ou bien l’autel qui consacre cette offrande ? Celui donc qui fait un serment par l’autel fait un serment par l’autel et par tout ce qui est posé dessus ; celui qui fait un serment par le Sanctuaire fait un serment par le Sanctuaire et par Celui qui l’habite ; et celui qui fait un serment par le ciel fait un serment par le trône de Dieu et par Celui qui siège sur ce trône. » | |
|
Ces trois mises en garde de Jésus rendent un son inhabituel. C'est que l'enjeu est grave et que Jésus, dans ces controverses de Matthieu 23, est confronté à des hommes qui se posent en guides de leurs frères sur la route du salut.
Le premier avertissement vise l'hypocrisie des scribes et des Pharisiens, c'est-à-dire des intellectuels et de ceux qui agissent sur l'opinion de la classe moyenne. Une hypocrisie qui se double d'un abus de pouvoir ; en effet, tout en tournant le dos, pour eux-mêmes, à l'aventure de la foi, ils la rendent impossible pour les autres qui, loyalement, cherchent Dieu. Ils s'interposent de toute leur masse entre Dieu et les hommes ; ils barrent la porte du Royaume ou la route de la conversion communautaire. Ils n'en finissent de se donner à Dieu, mais ne cessent de donner des leçons aux hommes, et si on les laissait faire, leur échec deviendrait l'échec de tous, le naufrage de leur foi engloutirait la foi des autres. Après le drame et parfois le mensonge de ceux qui ont stérilisé toute leur espérance, voici maintenant une autre hypocrisie, une autre comédie que dénonce Jésus : le zèle mal orienté, l'apostolat au seul bénéfice de l'apôtre : "Vous parcourez mers et continents pour gagner un seul prosélyte, et quand il l'est devenu, vous le rendez digne de la géhenne, deux fois plus que vous !"
Un homme se convertit, il est gagné !... Mais gagné pour qui ? Pour le Christ sauveur, libérateur, pacificateur ? ou pour le propagandiste qui l'a pris en main, et qui va exercer sur lui sa volonté de puissance ? L'homme s'est converti au Christ, mais que lui propose-t-on comme modèle ? Le Christ, vraiment le Christ, l'Homme-Dieu, Sauveur de tous les hommes, ou bien le Christ déjà récupéré par une idéologie, déjà minimisé par le doute ou l'ironie ? L'homme s'est mis en route vers le Christ, mais qui sera son héros, le Christ, Jésus de Nazareth, où le témoin du Christ qui se taille lui-même son salaire, et qui prend dans la vie ou dans le cœur du converti ou de son compagnon une place qui n'appartient qu'à Jésus ? Pour sa troisième mise en garde, Jésus se fait nettement plus sévère : "Guides aveugles … insensés et aveugles"... Et sa pensée est pour nous un peu plus difficile à saisir, parce que Jésus dénonce des serments qui ne sont plus guère en usage dans notre monde. De son temps on jurait volontiers par le sanctuaire, par l'autel, par le ciel, etc.... Toutes choses qui, de près ou de loin, avaient trait à Dieu et à son culte. On jurait ainsi pour donner du poids à une affirmation, mais aussi et surtout pour donner force juridique à un témoignage et donc pour emporter la décision du juge en matière importante.
Regardons bien ce que critique Jésus : dans d'autres contextes, il dénonce l'abus des serments ; ici il reproche aux Pharisiens de fausser la hiérarchie des valeurs, d'inverser les véritables priorités, de faire plus de cas des dorures que du sanctuaire, des offrandes que de l'autel, mais surtout de prendre pour critères des choses matérielles, des détails secondaires, alors que la référence ultime devrait être Dieu qui habite les choses, qui les valorise, ou qui les agrée.
Voilà bien des dangers qui nous guettent, personnellement et communautairement : tourner le dos aux véritables priorités spirituelles, s'enliser dans les choses en négligeant Celui qui leur donne du prix, "ne jurer" que par son propre senti sans plus se référer à l'œuvre commune, à la gloire de Dieu et au salut du monde.
Que Jésus nous garde de toutes ces dérives de l'intelligence et du cœur, par la force et la douceur de son Esprit ; et qu'il nous retrouve chaque matin les mains ouvertes, à l'écoute de ses Béatitudes. | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mar 28 Aoû - 10:41 | |
| 28 août 2018
« Vous filtrez le moucheron, et vous avalez le chameau !» (Mt 23, 23-26) | |
En ce temps-là, Jésus disait : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme sur la menthe, le fenouil et le cumin, mais vous avez négligé ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu’il fallait pratiquer sans négliger le reste. Guides aveugles ! Vous filtrez le moucheron, et vous avalez le chameau ! Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous purifiez l’extérieur de la coupe et de l’assiette, mais l’intérieur est rempli de cupidité et d’intempérance ! Pharisien aveugle, purifie d’abord l’intérieur de la coupe, afin que l’extérieur aussi devienne pur. » | |
|
Le contraste entre le dehors et le dedans, le divorce entre l'apparence et la réalité, Jésus n'aurait pas de mal à les déceler dans notre vie comme autrefois dans celle des Pharisiens ; et il nous arrive parfois d'éprouver l'impression désolante d'une inauthenticité qui colle à notre vie, personnelle ou communautaire. Nous connaissons donc bien les souffrances d'un cœur partagé : elles risqueraient même, à certains jours de nous paralyser. Tant de grâces reçues du Seigneur, tant de lumières qui ont guidé notre route vers lui, tant d'années déjà vécues à son service, et au bout du compte une perception plus vive que jamais de notre misère et de notre impuissance !
Le Seigneur n'a même pas besoin de nous dire, comme aux scribes et aux pharisiens : "Malheureux êtes-vous !" ; c'est nous qui arrivons à lui, pas fiers du tout, pour lui redire, comme le Psalmiste : "Je suis trop malheureux !"
Je voulais une vie toute consacrée à ton règne, et me voilà encombré de restes inutiles, ceux de mes projets trop humains. Je me voulais léger sur la route, sans sac ni bâton, et me voilà retenu par tant de liens !
Tu voulais, Seigneur, faire de notre maison fraternelle une maison de prière, et la voilà, à certaines heures, bruyante et affairée. Nous décorons des basiliques, nous fêtons nos prophètes, nous célébrons leur centenaire, et en même temps il nous arrive, dans le quotidien, de tourner le dos à l'aventure spirituelle.
Mais vient un jour, et c'est un jour de grâce, où nous comprenons qu'il ne servirait à rien de sauver les apparences et de recrépir les façades, car il est impossible de faire illusion à Dieu. Devant lui nous sommes à découvert, pris dans une lumière de bonheur qui ne laisse aucune ombre. Devant lui rien ne servirait de vouloir embellir ou protéger l'image de nous-mêmes, car il ne se réfère qu'à une seule Image, celle de son Fils bien-aimé, et c'est cette Icône-là que patiemment il reproduit dans notre cœur. Devant lui nos choix prennent leur valeur éternelle ; nos possessions, nos désirs et nos œuvres pèsent leur vrai poids, celui de l'amour.
Dieu nous est plus intime que l'intime de nous-mêmes, comme disait Augustin ; son regard voit dans le secret et son Esprit scrute nos profondeurs. Dès lors ce qui nous rendra authentiques, c'est de nous vouloir transparents à ce regard de Dieu, pour qui il n'y a ni dedans ni dehors. Ce qui écartera, de notre vie personnelle comme de notre témoignage communautaire, toutes les distorsions entre l'être et le paraître, c'est de redire comme Augustin dans la confiance et l'humilité : "Tu nous as faits pour toi, Seigneur", chacune et toutes ensemble. Ce qui effacera de notre cœur les déformations de l'image de Dieu, c'est de regarder longuement le Fils unique recevant du Père toute sa vie et toute sa mission.
Quand nous entendons le Christ appeler si vigoureusement ses contemporains à la vérité intérieure, loin d'écarter son message comme sévère et pour nous hors de saison, nous pouvons y lire sa volonté de réussir l'homme et de lui conférer toute sa dignité. Un désir monte alors en nous, frais comme notre enfance, celui d'être vrais jusqu'au bout dans notre amour, dans notre prière, dans notre service ; et la prière qui nous vient au cœur est la demande du psalmiste à son Dieu : "Unifie mon cœur pour qu'il révère ton Nom !" Unifie en moi l'homme qui veut paraître et "l'homme caché du cœur".
Nous jetons alors tout notre espoir d'authenticité en Celui que Marie elle-même appelait "mon Sauveur". Nous cessons de regarder avec tristesse nos calculs et nos compromis pour prêter l'oreille aux promesses de Dieu. Le malheur aussitôt se change en Béatitude, et nous entendons Jésus nous redire, comme aux foules du Lac : "Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice".
Bienheureux ceux qui mettent leur joie à s'ajuster au vouloir du Père. | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mer 29 Aoû - 10:50 | |
| 29 août 2018
« Je veux la tête de Jean le Baptiste sur un plat » (Mc 6, 17, 29) | |
En ce temps-là, Hérode avait donné l’ordre d’arrêter Jean le Baptiste et de l’enchaîner dans la prison, à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, que lui-même avait prise pour épouse. En effet, Jean lui disait : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère. » Hérodiade en voulait donc à Jean, et elle cherchait à le faire mourir. Mais elle n’y arrivait pas parce que Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir. Or, une occasion favorable se présenta quand, le jour de son anniversaire, Hérode fit un dîner pour ses dignitaires, pour les chefs de l’armée et pour les notables de la Galilée. La fille d’Hérodiade fit son entrée et dansa. Elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu veux, et je te le donnerai. » Et il lui fit ce serment : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. » Elle sortit alors pour dire à sa mère : « Qu’est-ce que je vais demander ? » Hérodiade répondit : « La tête de Jean, celui qui baptise. » Aussitôt la jeune fille s’empressa de retourner auprès du roi, et lui fit cette demande : « Je veux que, tout de suite, tu me donnes sur un plat la tête de Jean le Baptiste. » Le roi fut vivement contrarié; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus. Aussitôt il envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde s’en alla décapiter Jean dans la prison. Il apporta la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère. Ayant appris cela, les disciples de Jean vinrent prendre son corps et le déposèrent dans un tombeau. | |
|
L'Évangile, aujourd'hui, ne nous parle pas directement de Jésus, mais nous plonge dans ce monde décadent du premier siècle auquel se sont heurtés successivement le message du Baptiste et celui du Seigneur. Et nous revivons avec le récit de saint Marc un véritable drame à quatre personnages, deux femmes et deux hommes, qui campent chacun une attitude humaine devant la vérité.
Le premier semble insignifiant : c'est la fille d'Hérodiade, la jeune danseuse. Toute son ambition se résume en un mot : plaire. Elle danse, elle plaît à tous, et cela lui suffit. L'image qu'elle a d'elle-même, c'est celle qu'elle voit dans les yeux des convives. Pour elle, vivre, c'est exister dans le désir des autres. Tout le reste, pour elle, est du vide, et quand Hérode veut la récompenser, elle se trouve sans idée, sans souhait, sans projet, totalement identifiée à la passion de sa mère à qui elle s'en remet : "Que vais-je demander ?" Hérodiade, elle, est une femme de tête. Sa force, c'est la haine, et la haine froide. Elle a un compte à régler avec le Baptiste, avec celui qui a le courage de la mettre devant sa vérité. Des mois ont passé sans qu'elle puisse assouvir sa vengeance, et voilà pour elle une occasion inespérée : enfin elle va pouvoir forcer Hérode à sévir ! Et elle ne se contentera pas de promesses : elle veut, tout de suite, sur un plat, la tête de son ennemi. Sa haine est si farouche qu'autour d'elle tout devient bas et ignoble : la générosité d'Hérode se mue en un acte de barbarie, le banquet d'anniversaire en un festin éclaboussé de sang. Hérode, auprès d'elle, paraît plus complexe et un peu moins sordide. À l'égard du Baptiste, ses réflexes présentent une ambivalence curieuse : d'une part il l'a fait arrêter et le tient enchaîné dans la forteresse de Machéronte ; mais en même temps il l'estime, il le craint, et il le protège.
Ainsi faisons-nous bien souvent avec la vérité qui pourrait nous convertir : nous ne la tuons pas, pas tout de suite, mais nous jouons avec elle. Nous aimons l'entendre et elle nous rend perplexes, mais nous nous contentons de ce frisson d'inquiétude, et nous laissons la vérité enchaînée quelque part dans la forteresse de notre moi, afin qu'elle ne parle que sur demande. Mais on ne fait pas attendre impunément la vérité ; et le roi Hérode ne tarde pas à payer son indécision. Un vent de folie passe dans sa vie, et lui, qui se montre si avare et soupçonneux face à la vérité, promet la moitié de son royaume à cause du charme d'une danseuse.
Il a beau se ressaisir et mesurer son erreur ; déjà il est trop tard : c'est la passion qui lui a fait promettre, et c'est l'orgueil qui l'empêche de se dédire. Le chantage d'Hérodiade réussira, comme deux ans plus tard réussira le chantage des chefs juifs devant un Pilate indécis, qui aura trop longtemps louvoyé avec la vérité. Le quatrième acteur du drame est muet. Jean a parlé avant, et c'est pour avoir parlé qu'il meurt au fond d'un cachot, en martyr de la vérité, victime à la fois des trois forces qui travaillent le cœur des autres : "la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie" (1 Jn 2,16).
Mais la mort ne le surprend pas ; il l'attendait depuis longtemps comme couronnement de son message. Il peut partir maintenant, il peut s'effacer, puisque déjà Jésus a pris le relais, pour baptiser dans l'Esprit Saint ceux que lui, Jean, avait seulement plongés dans l'eau.
Rien ne pouvait mieux parachever son destin de précurseur, son destin d'humilité, que cette mort dans l'ombre au moment où Jésus commençait à se manifester comme lumière des hommes : "Il faut qu'il croisse et que je diminue. Celui qui a l'épouse est l'Époux, et l'ami de l'Époux est là pour se réjouir. Telle est ma joie ; elle est parfaite !" | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Jeu 30 Aoû - 10:24 | |
| 30 août 2018
« Tenez-vous prêts » (Mt 24, 42-51) | |
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Veillez, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. Que dire du serviteur fidèle et sensé à qui le maître a confié la charge des gens de sa maison, pour leur donner la nourriture en temps voulu ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Amen, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si ce mauvais serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde”, et s’il se met à frapper ses compagnons, s’il mange et boit avec les ivrognes, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des hypocrites ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. » | |
|
Deux paraboles sur la vigilance : la première s'adresse à tous, la seconde vise davantage les chrétiens en situation de responsabilité, mais d'une certaine manière, nous le sommes tous.
Dans la première parabole, le raisonnement de Jésus est une sorte de surenchère qui souligne l'urgence de veiller : Si le maître de maison connaissait l'heure de la nuit à laquelle le voleur va venir, il veillerait ... Comprenons : il veillerait quelques heures, pour surprendre l'intrus. Or le voleur ne prévient jamais d'avance ; le propriétaire ne sait pas, et il ne veille pas, car il lui faudrait veiller toutes les nuits ! Eh bien vous, nous dit Jésus, vous ne savez pas, mais il vous faut veiller toujours, comme quelqu'un qui serait toujours sur le qui-vive et qui ne dormirait jamais que d'un œil.
Parce que nous ignorons l'heure où le Fils de l'Homme va venir, il faut nous tenir prêts avec toute l'Église. Parce que nous ignorons l'heure où Dieu nous rappellera à lui, il nous faut rester éveillés, "tout éveillés dans notre foi", et ne pas laisser le voleur percer notre maison. Un trou dans le mur, et toutes les richesses s'en vont en une seule nuit ; un trou béant dans notre fidélité à l'oraison, et notre vie cachée perd son sens ; une brèche dans le mur de la confiance communautaire, et les richesses des cœurs ne sont plus en sécurité.
Dans la seconde parabole, c'est un serviteur qui est mis en scène, mais un serviteur de confiance sur qui son maître croit pouvoir s'appuyer, au point qu'il lui remet une part importante de son autorité et de sa gérance : aux frais de son patron, ce serviteur devra assurer la subsistance de tout le personnel.
Responsabilité de tous les jours, qui se fait lourde à mesure que le temps passe, que l'absence du Maître s'éternise et que son contrôle s'éloigne. "Mon maître tarde", pense l'homme, qui faiblit dans la solitude. Il ne devient pas malhonnête ; non, il ne renie pas totalement ses engagements premiers ; mais il devient agressif avec ses compagnons, ne supportant plus rien ; puis il perd le sens de l'effort et enfin toute dignité personnelle, ne vivant plus désormais que pour manger et boire avec les ivrognes.
C'est la déchéance, puis le châtiment de celui qui n'a pas su veiller, ou plutôt : qui n'a pas su attendre activement le retour du maître. Mais, à l'opposé, Jésus proclame la Béatitude des serviteurs que l'attente n'entame pas dans leur fidélité et qui vivent avec le même sérieux et le même dévouement paisible la présence et l'absence du Maître : "Bienheureux ce serviteur que son maître en arrivant trouvera en train de faire son travail", c'est-à-dire, en train de pourvoir au bonheur des autres. En vérité, il l'établira sur tous ses biens ... Bienheureux ce serviteur sur qui le temps n'a pas de prise : il ne sait pas quand reviendra le Maître, mais il vit chaque journée comme sous le regard de l'absent.
Bienheureux ceux qui ne se lassent pas de servir dans l'ombre où Jésus les a laissés ; le Seigneur leur donnera un cœur universel. | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Ven 31 Aoû - 10:42 | |
| 31 août 2018
« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (Mt 25, 1-13) | |
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.” Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe. Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.” Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.” Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !” Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.” Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » | |
|
L'époux vient chercher sa promise pour la conduire chez lui : c'est l'image du Christ, Époux-Messie et Juge des derniers temps, qui viendra chercher sa communauté pour l'introduire dans sa propre gloire. Les demoiselles d'honneur qui doivent accueillir puis escorter l'époux symbolisent la communauté de Jésus, tous ses fidèles qui attendent la Parousie.
Mais attendre ne suffit pas : il faut se préparer, pour être à tout moment en état d'accompagner le Christ. Vigilance d'autant plus urgente que l'heure de son retour n'est pas prévisible. Aucun signe annonciateur ne permettra de trouver des expédients de dernière heure : au moment du cri : "Voici l'époux ! ", il sera déjà trop tard.
Cette nécessité de la vigilance nous aide à comprendre le refus de partager l'huile au moment où l'époux arrive. Au premier abord, on serait tenté d'y voir un manque d'entraide ou un signe d'égoïsme ; en réalité Jésus, dans sa parabole, souligne qu'un devoir plus pressant doit mobiliser à ce moment toutes les énergies : il faut, en priorité, que l'époux soit éclairé et fêté sur tout son parcours jusqu'à l'entrée dans la salle des noces. Les insouciantes ne peuvent s'en prendre qu'à elles-mêmes.
D'où la réponse sévère de l'époux derrière la porte close : il fallait être là au bon moment, et donc prévoir des réserves suffisantes pour durer ! La rencontre décisive avec le Seigneur ne s'improvise pas. Pour être prêt à l'heure, il faut se préparer à toute heure, et maintenir éveillée la flamme de la foi au Christ. C'est le sens de la réserve d'huile : dans le judaïsme, l'huile symbolisait les bonnes œuvres, mais aussi la joie de l'accueil ; ici, dans la parabole, l'huile gardée en réserve mesure la qualité de l'amour de celles qui acceptent de veiller.
De cette parabole lumineuse de Jésus, emportons simplement quatre thèmes, qui pourront nourrir notre méditation durant cette semaine.
Inlassablement, le Christ tourne nos regards vers le terme, mais toujours d'une manière tonique et dynamisante ; car ce terme, terme de l'existence ou terme de l'histoire, sera le début d'une communion décisive avec la vie de Dieu. Bien plus, il nous est donné d'anticiper cette communion dans la prière et le service du Maître. C'est le sens de notre fidélité ; c'est tout l'enjeu de notre vigilance : une lampe à moitié vide ne tiendra pas la soirée, une vie à moitié donnée tiendra-t-elle jusqu'à la venue du Seigneur ? Personne ne peut veiller à notre place, car il y va de la qualité du cœur. On aime ou l'on ne sait pas aimer. On attend ou l'on ne sait plus attendre ; mais l'amour ne s'achète pas chez le marchand.
Autre enseignement de notre Évangile : le Christ des Béatitudes n'a pas craint de se présenter avec insistance comme le Seigneur qui jugera ; et l'on ne peut éliminer cette dimension du jugement sans tronquer le message de Jésus. Pour lui, comme pour les prophètes, toute allusion au jugement, donc tout appel à un usage authentique de notre liberté, fait partie d'une pédagogie d'amour et de salut. Notre foi est ramenée par là au réalisme de l'Evangile : ni crainte obsessionnelle devant Dieu, ni désinvolture devant l'urgence du Royaume, mais vigilance active. La mise en œuvre fidèle des talents reçus du Seigneur, et le souci des plus petits parmi les frères du Christ, voilà la réserve d'huile qui permettra à la flamme de repartir, même après une somnolence.
En troisième lieu, Jésus nous présente la vie à sa suite comme une vigilance qui prépare la fête. Il n'y aura pas de fête s'il n'y a pas de veille, mais veiller pour le Christ est déjà une fête. Enfin la parabole de Jésus nous rappelle une dimension essentielle de l'Eucharistie. Si en effet l'Eucharistie est bien mémorial des œuvres de Dieu en Jésus-Christ, si elle est accueil de la vie de Dieu dans l'aujourd'hui des hommes, chaque messe est aussi une annonce prophétique du retour du Seigneur : "nous attendons ta venue dans la gloire." Chaque messe vient réveiller l'espérance du peuple de Dieu ; et pour nous qui aimons le Seigneur, c'est un moment béni de vigilance. | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Sam 1 Sep - 11:01 | |
| 1er septembre
« Entre dans la joie de ton seigneur » (Mt 25, 14-30) | |
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître. Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” » | |
|
Après l'infidélité par imprévoyance (parabole des dix jeunes filles), voici l'infidélité par paresse, illustrée par la parabole des talents.
L'initiative, là encore, vient du maître. Il ne passe pas un contrat avec ses serviteurs, mais leur laisse une mission. Mission personnalisée, d'ailleurs : « à chacun selon ses capacités ». Le maître connaît ses employés et demande à chacun une efficacité à sa mesure ; après quoi il s'absente : les serviteurs seront donc vraiment et pleinement responsables.
Le talent valait environ 6.000 francs or. Les serviteurs, même le moins bien loti, se retrouvent donc à la tête de sommes importantes. La parabole ne dit pas comment les deux premiers ont fait fructifier leur dépôt, mais insiste sur leur empressement. Que représentent les talents ? Probablement ce que chaque homme trouve en lui-même pour servir Dieu dans ses frères.
La récompense consistera à servir davantage encore, à entrer encore plus activement dans l'œuvre de Dieu, et à trouver dans ce service une joie qui anticipe la joie définitive.
La passivité du troisième serviteur a une racine profonde : la peur. La mission reçue lui apparaît non pas comme une invitation à la créativité, mais comme une contrainte, comme un fardeau imposé. Les affaires du maître ne l'intéressent pas ; elles ne seront qu'une parenthèse dans son activité. Il préfère la sécurité à l'initiative, parce qu'il n'aime pas le maître qu'il sert. Le dépôt ? il le rendra tel quel. Il s'en tient à l'obligation stricte, et, par peur de risquer, il se ferme à la joie de servir. Lors du retour du Seigneur, celui qui « n'aura pas », c'est-à-dire : qui n'aura pas œuvré pour le Royaume selon ses forces et dans le cadre de sa mission personnelle, n'entrera pas dans la joie du Maître.
Quels que soient ses dons et ses moyens d'action, le croyant n'est jamais que le gérant des intérêts de Dieu, « intendant des mystères de Dieu », c'est-à-dire de son plan de salut (1 Cor 4, 1).
La peur de Dieu peut être une épreuve passagère, une sorte de calvaire de l'espérance ; parfois elle s'installe comme une maladie spirituelle, qui embrume toute la vie du croyant sans lui ôter sa volonté de servir. Mais quand la peur de Dieu sert d'alibi à la paresse, c'est alors qu'elle stérilise l'existence.
Le bon moyen de garder les richesses du Royaume est de ne pas les garder pour soi. On ne les acquiert vraiment qu'en les risquant sans cesse pour les faire fructifier.
L'Eucharistie n'est-elle pas, pour nous, l'entrée dans la joie du Maître, le moment où, en Eglise, nous apportons au Père tous les fruits de notre activité à son service ? | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Dim 2 Sep - 10:15 | |
| 2 septembre 2018
« Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? » (Mc 7, 1-8.14-15.21-23) | |
En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats. Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. » Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. » | |
|
Ce qui nous empêche d'être heureux, et d'être totalement donnés, c'est que nous vivons dans le mensonge.
Non pas le mensonge banal et infantile de celui qui se disculpe à bon marché, mais le mensonge profond, le porte-à-faux d'un homme, d'une femme dans sa propre existence.
C'est ce mensonge-là que le Christ Jésus veut chasser de notre vie, en opposant avec insistance l'extérieur et l'intérieur de l'homme.
L'extérieur, c'est la zone du paraître, c'est tout ce qu'il y a en nous de conventionnel et de superficiel, ce sont tous nos masques, et spécialement notre masque préféré, cette image idéale de nous-mêmes que nous poursuivons plus ou moins consciemment, que nous projetons sur tout ce que nous faisons ou disons.
L'intérieur, c'est la zone du vrai et de l'authentique, c'est ce que nous sommes devant Dieu, lorsque nous lui donnons droit de regard sur nous-mêmes, lorsque "nous accueillons humblement la parole semée en nous et qui est capable de nous sauver" (Ja). C'est le lieu des choix décisifs, de la fidélité quotidienne.
Mais c'est aussi en cet intérieur de nous-mêmes que bouillonnent l'agressivité et la rancœur, que se glissent le mépris et l'égoïsme, que naît le désir d'utiliser les autres à notre profit.
"Ce qui sort du cœur, dit Jésus, voilà ce qui rend l'homme impur". Car c'est du dedans, du cœur de l'homme, que sortent la méchanceté, l'envie, l'orgueil et la démesure.
Ce porte-à-faux que Jésus nous reproche, nous le connaissons bien, il fait même le fond de notre souffrance quotidienne.
Nous connaissons ce divorce intime entre l'intérieur et l'extérieur, entre l'être et le paraître, entre l'homme que nous voulons être et l'homme que nous laissons vivre en nous.
C'est, par exemple, la souffrance d'un homme envahi par les soucis du métier et qui ne parvient plus à retrouver des réflexes d'époux et de père.
C'est la souffrance des fiancés, qui doivent traverser, pour se rejoindre en vérité, toute une épaisseur d'habitudes égoïstes, d'attachement au passé ou de réflexes captatifs.
C'est la souffrance d'une épouse, qui se sent aimée dans ce qu'elle offre de plus extérieur, et délaissée dans ce qui fait sa vie profonde et sa véritable richesse.
C'est la souffrance des adolescents qui se sentent contraints de durcir leur personnage pour être enfin reconnus comme êtres humains à part entière.
Même notre démarche vers Dieu est marquée de cette ambiguïté, voire de ce mensonge, et c'est là surtout que le Christ aujourd'hui nous interpelle : "Ce peuple m'honore en paroles, mais son cœur est loin de moi. Il est inutile, le culte qu'ils me rendent ! "
Appelant la foule, Jésus disait : "Ecoutez-moi bien tous, et comprenez : tout le mauvais vient du dedans". Il ne suffit pas, pour nous, gens du Christ, de saupoudrer notre existence de quelques moments de prière, comme les Pharisiens s'aspergeaient d'eau en revenant de la place publique. Ce qui intéresse Dieu, c'est le dedans, le cœur ; le partenaire de Dieu, c'est "l'homme caché du cœur" (Pierre). Dieu ne se contente pas des restes, il veut tout l'homme, pour sauver tout l'homme et mener l'homme à la gloire ; il veut surtout en nous ce creux le plus secret d'où partent toute compréhension, tout amour, tout choix et toute décision.
Car il n'y a pas de vérité totale, tant que l'homme n'est pas à l'écoute du Dieu vivant et vrai ; il n'y a pas d'amour vrai, tant que cet amour n'est pas noué en Dieu lui-même ; il n'y a pas pour nous de vie authentiquement libre, tant que nous ne laissons pas à Dieu les mains libres pour agir et conduire notre destin.
Rappelons-nous ce que dit le vieux sage de l'Imitation de Jésus Christ :"Tu n'es pas meilleur quand tu es loué, tu n'es pas pire quand tu es blâmé. Tu es ce que tu es "Deo teste" (Dieu étant témoin)".
"Si le Fils nous libère, nous serons vraiment libres". Lui seul peut réconcilier en nous l'être et le paraître, lui seul est capable de nous ôter nos masques sans nous laisser découragés, lui seul peut nous guérir de l'illusion et faire de nous des créatures nouvelles enfin capables d'aimer ; mais cette route vers la liberté - ne nous leurrons pas - c'est le sentier étroit des Béatitudes. | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Lun 3 Sep - 10:19 | |
| le 3 septembre 2018
« Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 16-30) | |
En ce temps-là, Jésus vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. | |
|
Après l'enthousiasme, la haine : en un seul épisode de l'Évangile nous avons ici un résumé de toute la vie de Jésus.
L'office, à la synagogue, comportait au moins deux lectures, parfois trois. La première était le seder, tiré de la Torah (Pentateuque) ; la deuxième, la haftarah, était toujours empruntée à un livre prophétique, et c'est celle-là qui fut confiée à Jésus. En général le passage à lire était prévu à l'avance ; il suffisait de dérouler le parchemin jusqu'au signet.
Ce n'était sans doute pas la première fois que Jésus assurait une des lectures dans cette synagogue de Nazareth ; mais c'était la première fois qu'il allait y prendre la parole. D'où la curiosité de tout l'auditoire. Marie, de sa place parmi les femmes, ne perdait pas un mot ; et tous avaient les yeux fixés sur son fils.
D'habitude l'homélie consistait à éclairer un texte par l'autre, la première lecture par la deuxième ; mais ce jour-là, semble-t-il, Jésus part directement du texte d'Isaïe (61) qu'il vient de proclamer. On attendait une exégèse ; on entend une annonce, inattendue, étrange, inouïe : "Aujourd'hui cette écriture est accomplie pour vous qui entendez !"
En un instant, venues du fond des âges, les paroles des prophètes se concentrent sur cet artisan, assis dans la chaire, et qui explique calmement ce texte qu'il a médité tant de fois, spécialement depuis son baptême :
"L'Esprit du Seigneur est sur moi qui vous parle. C'est moi qui ai reçu son onction pour annoncer aux pauvres la bonne nouvelle. C'est moi qui suis envoyé proclamer de la part du Seigneur une "année d'accueil".
À ce message d'espérance, à ces "paroles de grâce", les gens de Nazareth, dont beaucoup sont des compagnons d'enfance de Jésus, se montrent d'abord accueillants ; mais tout de suite le doute, l'affreux doute, s'insinue : "N'est-ce pas là le fils de Joseph ? Sur quoi appuie-t-il ses prétentions ? On raconte beaucoup de choses à Capharnaüm ; mais nous, ici, nous n'avons vu aucun signe !"
Et Jésus répond, en substance : "Si vous ne voulez pas croire, vous qui me connaissez, d'autres croiront à votre place, car Dieu, comme au temps des prophètes, va faire grâce même à des étrangers, et sa miséricorde ignore les frontières".
Face au doute, Jésus proclame l'universalité de sa mission et l'extension à tous les peuples du plan de salut de Dieu. La discussion se prolonge et s'envenime, si bien que la foule s'apprête à lyncher l'enfant du pays.
Pour nous, qui entendons ce récit après vingt siècles de christianisme, l'Écriture s'accomplit de nouveau : le Fils de Dieu nous appelle à notre propre liberté, mais son message suscite en nous la contradiction. Depuis trop longtemps, sans doute, nous sommes ses compagnons, et parce qu'il s'est voulu tout proche de nous, nous laissons s'estomper dans notre intelligence et notre cœur le mystère de sa personne. Le drame de la foi se poursuit en chacune de nos vies : Jésus prophète ne trouve pas accueil dans sa patrie, et "les siens" continuent à ne pas le recevoir, ou du moins à ne rien attendre de lui.
Les gens de Nazareth croyaient tout savoir à propos de Jésus parce qu'ils connaissaient l'échoppe de Joseph ; mais ils ignoraient qu'en Jésus "Dieu était à l'œuvre, se réconciliant le monde" (2 Co 5,19). La même tentation nous guette lorsque nous jugeons nos frères : à force de voir en chacun le simple fils d'Untel, nous ne voyons plus en lui le fils que Dieu aime ; à force de jauger la vie d'un homme en fonction de son efficacité ou de ses limites, nous ne savons plus voir l'œuvre que Dieu fait en lui ou pourrait faire par lui. | |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mar 4 Sep - 11:20 | |
| 4 septembre 2018 « Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu » (Lc 4, 31-37) | |
En ce temps-là, Jésus descendit à Capharnaüm, ville de Galilée, et il y enseignait, le jour du sabbat. On était frappé par son enseignement car sa parole était pleine d’autorité. Or, il y avait dans la synagogue un homme possédé par l’esprit d’un démon impur, qui se mit à crier d’une voix forte : « Ah ! que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus le menaça : « Silence ! Sors de cet homme. » Alors le démon projeta l’homme en plein milieu et sortit de lui sans lui faire aucun mal. Tous furent saisis d’effroi et ils se disaient entre eux : « Quelle est cette parole ? Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs, et ils sortent ! » Et la réputation de Jésus se propageait dans toute la région.
|
De nouveau l'Évangile de Luc nous replace devant le mystère de la parole de Jésus qui subjugue l'intelligence des croyants et qui chasse les esprits mauvais.
Au temps de Jésus les commentateurs de la Loi aimaient à se retrancher derrière l'autorité des rabbis célèbres du temps passé, quitte à souligner leurs divergences : "Rabbi Untel a dit ceci ... mais Rabbi Tel autre a dit cela". Jésus, lui, ne se réfère qu'à lui-même : "Moi, je vous dis..." Cela rendait un son assez neuf dans les synagogues où Jésus prêchait. Avec lui on se sentait sur un terrain sol ide, et l'Écriture redevenait vivante et actuelle. Aujourd'hui encore cette puissance de la parole de Jésus surprend toute communauté qui décide de l'écouter et de se laisser mesurer par elle. Quand Jésus parle dans la liturgie ou dans le secret de l'oraison, sa parole pénètre d'emblée plus profond que toutes nos théories, tous nos systèmes et toutes nos dissensions. On peut contester une théologie, on peut opposer deux penseurs et les renvoyer dos à dos, rabbi contre rabbi ; mais les paroles de Jésus sont celles qu'il a entendues auprès du Père, et elles sont solides comme l'éternité.
Beaucoup de problèmes et de situations peuvent être abordés sous des angles différents, et jugés diversement, sans que la loyauté ni l'amitié ne soient en cause. C'est le cas bien souvent en communauté : Rabbi Une telle dit ceci, Rabbi Telle autre dit cela ; allez savoir qui a raison ! Mais quand Jésus a parlé, quand Jésus surgit au milieu de nous et reprend, d'eucharistie en eucharistie, d'office en office, les mêmes paroles exigeantes et douces, il n'y a plus qu'à répondre, ou à se taire pour écouter.
Cette même parole du Christ garde, aujourd'hui encore, le pouvoir d'écarter les forces du mal. Elles sont parfois, de nos jours, difficiles à discerner, mais l'Evangile, ce matin, peut nous y aider, en nous fournissant au moins un critère assez sûr.
On pourrait le formuler comme un paradoxe : Les forces du mal poussent l'homme à la fois à la lucidité et au refus.
Lucidité effrayante du possédé, dans la synagogue de Capharnaüm, quand, avant tout le monde, il nomme le Messie : "Je sais qui tu es : le Saint de Dieu !". Mais cette lumière est mise au service d'un non définitif : "Ah ! de quoi te mêles-tu, Jésus de Nazareth ! Tu es venu pour nous perdre !"
Ce sont bien ces forces du mal qui travaillent notre cœur, sournoisement, lorsque, ayant rencontré la lumière de l'Évangile de Jésus et percevant en nous l'appel du Saint de Dieu à un nouvel héroïsme, à une nouvelle force, à une nouvelle douceur, nous détournons les yeux ou nous retardons indéfiniment le moment de la soumission, du sourire, du pardon, ou simplement l'entrée dans un vrai silence contemplatif.
"Ah ! de quoi viens-tu te mêler, Jésus de Nazareth ? Pourquoi viens-tu décaper mes illusions, pourquoi viens-tu secouer mon inertie, ma vie inauthentique, mon attachement aux choses, ou aux choix que je pose ? Je sais que tu as raison ; je sais que ta lumière sera toujours victorieuse, mais laisse-moi ! Laisse-moi stagner dans ma tristesse, dans ma solitude ; laisse-moi dans mon refus !"
Mais Jésus ne nous laisse pas, et c'est sa patience qui nous sauve, en nous donnant le temps de retrouver pour lui le meilleur de nous-mêmes.
Heureuse ténacité du Pasteur, heureuse vigueur du Maître qui commande avec autorité et qui délivre d'un seul mot, d'un seul regard. | |
| |
|
| | | Espérance
Nombre de messages : 3945 Age : 77 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 09/05/2011
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Mer 5 Sep - 10:48 | |
| le 5septembre 2018 « Il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle » (Lc 4, 38-44) | |
En ce temps-là, Jésus quitta la synagogue de Capharnaüm et entra dans la maison de Simon. Or, la belle-mère de Simon était oppressée par une forte fièvre, et on demanda à Jésus de faire quelque chose pour elle. Il se pencha sur elle, menaça la fièvre, et la fièvre la quitta. À l’instant même, la femme se leva et elle les servait. Au coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades atteints de diverses infirmités les lui amenèrent. Et Jésus, imposant les mains à chacun d’eux, les guérissait. Et même des démons sortaient de beaucoup d’entre eux en criant : « C’est toi le Fils de Dieu ! » Mais Jésus les menaçait et leur interdisait de parler parce qu’ils savaient, eux, que le Christ, c’était lui. Quand il fit jour, Jésus sortit et s’en alla dans un endroit désert. Les foules le cherchaient ; elles arrivèrent jusqu’à lui, et elles le retenaient pour l’empêcher de les quitter. Mais il leur dit : « Aux autres villes aussi, il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle du règne de Dieu, car c’est pour cela que j’ai été envoyé. » Et il proclamait l’Évangile dans les synagogues du pays des Juifs.
|
Trois petites scènes, très courtes, très simples, mais qui nous font entrer dans l'intimité de Jésus.
Après l'office de la synagogue, Jésus se rend chez Simon, pour y passer la journée. Mais la maison est désorganisée, comme toute maison de malade. La belle-mère de Simon, couchée, ne peut pas le recevoir. Elle n'a même plus la force de demander quoi que ce soit : ce sont les autres qui implorent Jésus en sa faveur.
Et voilà que Jésus, d'un mot, commande à la fièvre, comme il chasse, aujourd'hui encore, toute fièvre de nos vies, fièvre aiguë de l'action désordonnée, fièvre lente de ceux qui ont perdu la fraîcheur du premier don. Jésus guérit d'un mot cette femme, à cause de la foi de ses proches ; et aussitôt, sans un mot, elle se remet à servir. C'est sa réponse à la prévenance du Seigneur : assumer de nouveau par amour son existence quotidienne.
Au coucher du soleil, quand la chaleur est retombée et qu'on peut transporter les malades, Jésus guérit tous ceux qu'on lui amène, les malades physiques et les malades mentaux, des hommes, des femmes, des vieillards, des jeunes, lassés de souffrir ou en proie à leurs démons quotidiens. Autour de Jésus, des centaines de personnes appellent, réclament, s'impatientent ; et lui, dans la foule, trouve le temps d'aimer chacun, de regarder chacun, d'imposer les mains à chacun comme s'il était l'unique.
Enfin, dernière scène et dernière leçon : très tôt le matin, Jésus cherche la solitude. Il n'a pas boudé l'action ; il s'est dévoué tout au long de la journée, il a guéri jusqu'à la tombée de la nuit, mais il a besoin de la prière, et il s'en donne les moyens.
La foule le rejoint et voudrait le retenir, et c'est bien là aussi notre réflexe, quand nous avons rencontré le Seigneur. Nous voudrions prolonger à volonté ces moments de paix, ces instants où enfin nous avons été vrais devant Dieu, ces heures où vraiment le Christ a été en nous le grand vivant.
Or le Christ nous renvoie à notre mission, à sa propre mission qui est universelle : "Aux autres villes aussi il me faut annoncer la bonne nouvelle du Règne de Dieu, car c'est pour cela que j'ai été envoyé."
Le seul moyen de ne pas perdre le contact avec le Maître, c'est de repartir sans cesse avec lui. | |
| |
|
| | | Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Jeu 6 Sep - 8:42 | |
| Bonjour, L'ÉVANGILE DU JOUR : « Sois sans crainte » (Lc 5, 1-11) En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. à cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. MÉDITER AVEC LES CARMES : La rencontre commence, ce matin-là, d'une manière presque banale. Jésus demande à Simon un tout petit service : l'éloigner un peu du rivage pour que sa voix porte mieux et que tout le monde entende. Cela ne coûte pas grand-chose, et Simon accepte de bonne grâce. Mais notons un détail qui sans doute ne lui a pas échappé, pas plus qu'aux autres pêcheurs : Jésus se met au travail au moment où eux viennent de terminer, au moment où ils ont renoncé et rangent leur matériel, pensant qu'il est maintenant trop tard pour prendre quoi que ce soit, et que l'échec est définitif ce jour-là. Même quand il est trop tard pour les réussites humaines, il n'est jamais trop tard pour Dieu, et Dieu nous demande souvent, aux moments de fatigue ou de découragement, ce petit geste qui n'a l'air de rien, mais qui déjà nous met en marche vers lui. Cependant Simon n'est encore qu'au début de ses surprises. Quand Jésus a fini de parler, il l'envoie pêcher, loin du rivage, en eau profonde. Simon est persuadé que c'est inutile, après une longue nuit infructueuse, mais il y a la parole de Jésus, plus forte que toutes ses évidences, plus sûre que ses doutes, plus impérieuse que son découragement. Et parce que, par la foi, ou du moins par sa confiance au "rabbi", il a su dépasser les limites de son bon sens trop humain, la pêche va dépasser ses espérances, et la disproportion même de la prise soulignera que c'est l'œuvre de Dieu. Quand Dieu agit dans une vie, tout devient royal ; mais le plus difficile est de lui laisser les mains libres. Première réaction de Simon et de ses compagnons : la stupeur et la crainte : "Éloigne-toi de moi, Seigneur !" Tout à l'heure, après avoir entendu Jésus parler aux foules, Simon lui disait : rabbi". Maintenant, après avoir vu sa puissance, il l'appelle Seigneur. Il a bien perçu la majesté de Dieu en Jésus, mais c'est encore, pour lui, une majesté qui éloigne ; elle éveille l'adoration, mais pas encore l'amour : "Éloigne-toi de moi car je suis un pécheur !" Simon imagine qu'il faut mettre une distance entre l'homme indigne et Dieu qui fait merveille. Mais Dieu qui est le tout autre veut être aussi le tout proche. Non seulement il est le tout-puissant, mais il veut être le tout aimé. C'est pourquoi Jésus écarte la peur : "Rassure-toi !". Et comment rassure-t-il le disciple ? En lui confiant une mission et en l'appelant à collaborer avec lui : "désormais ce sont des hommes que tu prendras." Simon prendra des hommes dans son filet comme il a pris ce jour-là des poissons : à l'heure où il s'y attendra le moins, et uniquement sur la parole de Jésus. Souvent ce qui freine notre amour, c'est la peur. Peur de ce que le Christ peut faire pour nous, en nous, par nous ; peur de gagner le large une fois pour toutes ; peur de rencontrer un Dieu qui nous dépasse ; peur de jeter le filet dans notre vie sur la seule parole de Jésus. Or "l'amour parfait bannit la peur", et c'est à la fois pour nous guérir de la peur et pour réveiller notre amour que le Christ nous fait entendre de nouveau son appel, son ordre, sa promesse : "tu pêcheras des hommes, tu entreras avec moi dans l'œuvre du salut". L'essentiel est de laisser le Christ nous conduire en haute mer jusqu'où il veut, nous aimer autant qu'il veut nous aimer. La pêche suivra, à l'heure de Dieu. |
| | | Serviteur44
Nombre de messages : 4627 Age : 46 Localisation : France Date d'inscription : 16/06/2012
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire Ven 7 Sep - 8:28 | |
| Bonjour, L'ÉVANGILE DU JOUR : « Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce, pendant que l’Époux est avec eux ? » (Lc 5, 33-39) En ce temps-là, les pharisiens et les scribes dirent à Jésus : « Les disciples de Jean le Baptiste jeûnent souvent et font des prières ; de même ceux des pharisiens. Au contraire, les tiens mangent et boivent ! » Jésus leur dit : « Pouvez-vous faire jeûner les invités de la noce, pendant que l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors, en ces jours-là, ils jeûneront. » Il leur dit aussi en parabole : « Personne ne déchire un morceau à un vêtement neuf pour le coudre sur un vieux vêtement. Autrement, on aura déchiré le neuf, et le morceau qui vient du neuf ne s’accordera pas avec le vieux. Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le vin nouveau fera éclater les outres, il se répandra et les outres seront perdues. Mais on doit mettre le vin nouveau dans des outres neuves. Jamais celui qui a bu du vin vieux ne désire du nouveau. Car il dit : “C’est le vieux qui est bon.” » MÉDITER AVEC LES CARMES : Les choses vieillissent plus ou moins bien, et la sagesse, souvent, consiste à s'en accommoder. C'est cette sagesse que Jésus ressaisit et transpose, dans ses deux paraboles, pour ouvrir le cœur des disciples à la nouveauté de son Evangile. Les vêtements vieillissent mal. Même si l'on en prend soin, vient le moment où ils se lustrent, se trouent, puis s'effilochent. On ne peut que les repriser plusieurs fois, puis, quand on les a usés raisonnablement, on en change, veste pour veste, pull pour pull, sans faire de détail. Il serait désastreux de tailler des pièces dans un vêtement neuf pour les recoudre sur un vieux : à la première lessive, les déchirures seraient irrémédiables. C'est pourquoi ni Jésus ni sa communauté n'ont tenté de découper des morceaux d'évangile pour rajeunir et sauver des interprétations de la Loi totalement incompatibles avec l'alliance nouvelle. De même il ne peut être question, dans les communautés chrétiennes, de sacrifier des forces de renouveau pour prolonger artificiellement des expériences qui ont fait leur temps ou des formules d'action que la vie a désertées ; sinon les communautés iront de tensions en déchirures, et l'on aura hypothéqué gravement l'avenir de la mission. La même sagesse spirituelle doit prévaloir dans la vie spirituelle de chacun. Il faut savoir jeter, éliminer, remplacer des réflexes qui nous sclérosent, des options qui nous fixent sur la médiocrité, des structures mentales qui nous détournent de l'Évangile, car dans ces domaines les compromis arrachent toujours le tissu de la fidélité. Le vin lui, vieillit bien, s'il est de qualité. Plus il est vieux, meilleur il est. On sait toujours quoi faire du vin vieux, et le conserver n'est pas un problème. Les problèmes apparaissent, au contraire, tous les ans, avec le vin nouveau. Les vieilles outres ne résisteraient pas à la pression : si l'on veut garder du vin nouveau, il faut investir dans des outres nouvelles. Et quand on a à la fois vin nouveau et outres neuves, on n'a encore qu'une espérance de bon vin, car c'est le vin vieux qui est bon, et il y faut du temps, de la patience et de l'amour. Une double sagesse est donc requise du vigneron : ne pas minimiser la force du vin nouveau ; savoir attendre qu'il tienne ses promesses. Quant à nous, qui recueillons directement de Jésus le vin nouveau de l'Evangile, un discernement plus délicat encore nous est demandé. Quelles outres allons-nous présenter au Seigneur ? Si les outres de nos vendanges passées ont pris de l'âge, n'est-ce pas lui seul qui pourra nous fournir des outres nouvelles, dignes de son vin ? Et maintenant que le Christ nous donne à la fois son Evangile et un cœur nouveau, rajeuni par sa miséricorde, saurons-nous, comme Dieu, travailler avec le temps ? Certes l'Évangile, depuis le premier jour, est "force de salut pour tout croyant" (Rm 1,16) ; mais le bon vin, au goût de Dieu, c'est l'Évangile qui a vieilli dans un cœur. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire | |
| |
| | | | Jésus aujourd'hui : évangile et commentaire | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |